bad girls do it well // Max Verstappen

16. nobody warns you before the fall

Max Verstappen - 30 avril 2023

Je n'aime pas courir à Bakou. C'est la pure vérité. Dans cette ville aussi désuète que charmante, j'ai l'impression que l'univers conspire contre moi. Il y a quelque chose dans l'air. C'est ici que l'un de mes meilleurs amis et alors coéquipier, Daniel Ricciardo m'a percuté. C'est ici aussi que l'une de mes roues a explosé alors que la victoire m'était promise. Je ne sais pas ce que le circuit aussi traître que sinueux me réserve cette année, mais je n'ai aucune envie de le découvrir.

J'ai passé l'entier du week-end à essayer d'être le plus rapide, mais Sergio Perez et Charles Leclerc sont meilleurs. Plus confiants aussi. Pas de pôle position, ni de victoire lors du sprint pour celui qui pilote la peur au ventre. J'ai l'occasion de me racheter aujourd'hui lors de la course.

Je suis nerveux en arrivant dans le paddock. Mon visage est fermé, même quand je m'arrête pour être photographié avec des enfants. Ensuite, le briefing avec mes ingénieurs de course s'éternise. Je crois que je leur ai transmis ma nervosité. Ils ont tous l'air tendu. Il faut que je respire et que je reste concentré. Je ressors des locaux Red Bull en évitant les demandes des journalistes présents. Il faudra qu'ils attendent la fin de la journée.

Et alors que je me dirige au pas de charge vers mon garage, je la vois enfin. Chloé se tient devant moi. Quelques mètres nous séparent. Elle semble attendre quelqu'un. Sûrement son frère. Elle est vêtue d'une longue robe moulante. Le tissu blanc est parsemé de petites fleurs. Ses cheveux bouclés tombent sur ses épaules dénudées. Trois mots pour la décrire: fraîche, printanière et surtout somptueuse. Je me rapproche. J'ai conscience des caméras qui peuvent se braquer sur moi à tout moment, alors je fais comme si nous n'étions que des amis. Je pose nonchalamment ma main sur son bras. Elle se retourne. En me découvrant, un sourire sincère se forme sur ses lèvres. Elle murmure:

- Comment tu vas?

- Ça irait mieux si tu m'accordais cinq minutes.

Chloé a l'air embarrassée. Elle croise ses bras devant son corps en demandant:

- Il y a beaucoup de monde autour de nous...

- Alors viens.

J'aimerais la prendre par la main, mais je ne peux pas. Je lui fais donc signe de me suivre. Chloé hésite un instant avant de m'emboîter le pas. Il y a un endroit où personne ne nous dérangera. Je l'emmène à l'écart du paddock, là où les écuries laissent leurs énormes conteneurs. Nous nous frayons un chemin entre les carcasses métalliques jusqu'à trouver un coin tranquille. Je m'assure de ne pas être suivi en jetant quelques coups d'œil derrière moi. Une fois certain d'être à l'abri des regards, j'attrape fermement le bras de Chloé. Je la ramène à moi. Elle se fond dans mes bras. Je la serre contre mon corps en soupirant:

- Je déteste cette putain de ville...

- C'est vrai que tu as l'air tendu.

- Je le suis.

Je pose mon front contre celui de Chloé pour inspirer profondément. Mes yeux se ferment. Elle est devenue ma paix. Sa présence me rassure. Je noue mes mains dans son dos. Elle embrasse lentement mon cou, puis ma joue.

- Max... tu n'as pas à avoir peur. Tu es le meilleur pilote du monde.

- Ça ne sert à rien d'être le meilleur, si tu n'as pas de chance. Demande à Charles...