19. the other woman will never have his love to keep

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Chloé Leclerc - 7 mai 2023

La semaine a été chaotique. Elle a commencé par une dispute avec Charles, dont je n'arrive pas à me remettre. Nous n'avons pas pu parler depuis. Il est parti pour Miami le lendemain, sans un seul mot. Sans un seul regard. Je commence à croire qu'il me demandera de quitter son appartement quand il rentrera. J'angoisse de savoir que je me suis mise mon frère à dos. J'ai essayé d'en parler à Arthur, mais mon jumeau est en Italie où il est pris par son écurie et sa monoplace. Il a tenté de me rassurer en me rappelant que Charles ne me mettrait jamais à la rue, mais ça n'a pas suffi. Je me sens affreusement démunie. J'ai l'impression que ma vie est en train de m'échapper. Comme si je courais au désastre.

Max n'aide pas. Je lui ai écrit hier soir après les qualifications. Il m'a à peine répondu. J'ai la vague impression qu'il a pris ses distances. Reste à savoir pourquoi. Peut-être est-il absorbé par la compétition? Ça ne serait pas étonnant. Il a fini neuvième des qualifications et connaissant Max, il doit être imbuvable. J'imagine aussi que la situation avec Kelly le préoccupe. Je suis partagée. Dois-je lui montrer mon soutien ou le laisser régler ses problèmes seul? Je me pose énormément de questions qui m'empêchent de vivre normalement.

Si je sors de mon lit aujourd'hui, c'est seulement parce que la sonnette de l'appartement ne cesse de retentir. Je grogne en repoussant le duvet qui recouvre mon corps. Je remarque alors qu'il est vingt heures. J'ai passé la journée entière à traînasser en pensant à Max. Je n'ai pas mangé et je ne me suis pas douchée. Je suis une épave. Je me glisse hors de mon lit en pestant. J'enfile un training qui traîne sur le sol et un pull suspendu à une chaise. Je me recoiffe à la hâte en quittant ma chambre. Le soleil finit de se coucher, alors que j'émerge tout juste.

La sonnette est stridente. Elle retentit encore et encore. J'accélère le pas, prête à remettre à sa place celui ou celle qui ose me déranger. Quand j'ouvre la porte, le visage agacé, je comprends pourquoi il est important de prendre soin de son apparence en tout temps. Je me retrouve face à Kelly. Féminine. Gracieuse. Splendide. Elle porte un pantalon beige et une veste en daim. Ses yeux sont fardés, ses joues rehaussées par un discret maquillage. Ses cheveux brillants sont enroulés dans un élégant chignon. À chaque fois que je la vois, je comprends mieux pourquoi Max est tombé amoureux d'elle. Elle est parfaite.

Mon admiration cède place à la gêne. Je me rends compte de mon apparence. Je suis habillée comme une clocharde. Mes vêtements épais et informes engloutissent ma silhouette. Je suis à peu près certaine de dégoûter Kelly. Elle m'examine de haut en bas. Rien sur son visage ne trahit son embarras. Elle se râcle poliment la gorge pour me ramener à la réalité. Je bafouille:

- Kelly... je... qu'est-ce que tu fais là?

- J'ai pensé qu'on pourrait regarder le Grand Prix ensemble.

Kelly continue de sourire comme si sa visite n'avait rien de surprenant. Je suis complètement figée. Il faut que je trouve une excuse. Et vite. Je me gratte le sommet du crâne en faisant mine de bailler. J'improvise:

- J'ai passé la journée au lit. Je suis malade.

- Oh! Ma pauvre!

Kelly s'invite dans l'appartement sans attendre. Je tiens encore la poignée de la porte d'entrée dans ma main quand elle commence à retirer sa veste et ses chaussures. Et merde. Je la regarde un instant avant de la suivre dans la cuisine. Aussi naturellement que si elle était ma colocataire, elle se met à préparer du thé. Elle ne s'interrompt que pour me demander où sont rangées les tasses et les sachets. Je pointe du doigt un tiroir. J'ai l'impression de rêver. Ou plutôt de faire un cauchemar. Elle m'ordonne de l'attendre sur le canapé. Elle insiste en répétant que je dois me reposer. Je m'exécute sans poser de questions.

bad girls do it well // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant