7. Un jour sans lui

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« Le chagrin d'amour est l'une des plus épouvantables blessures que nous ayons à combattre car il doit être vaincu seul, et surtout dans le plus grand des silences. »

Yves Simon

XXX

La salle de sport s'est apparentée à une salle des tortures. A notre retour, Owen n'était toujours pas là. Il avait envoyé un SMS à Théo disant de ne pas l'attendre. Selon mon beau-frère, son retard du matin avait été très mal perçu auprès de ses boss. Ils l'avaient interprété comme une baisse de motivation.

Déjà que je me sentais fautive d'avoir mis leur couple en danger, le poids de la culpabilité s'alourdissait sur mes épaules. Par ma faute, il risque de faire un trait sur ses rêves new-yorkais. C'était d'un pas traînant que je regagnai ma chambre mais toutes ses émotions et le manque de sommeil avaient finalement eu raison de moi et je m'endormis sans même dîner.

L'odeur de sa peau s'immisce dans mes narines, remplie mes poumons et je m'éveille à sa fragrance masculine, si familière et tellement sensuelle. Un souffle chaud et réconfortant frôle mes lèvres grisant mes sens. Mon âme n'est plus seule. Elle a retrouvé sa moitié.

Est-ce que je rêve ou suis-je encore dans les bras de Morphée ? Ma main vient à la rencontre d'une épaule dénudée et musclée. Une ombre me surplombe mais je ne la crains pas. Pourquoi devrais-je être effrayée puisque tous mes sens le reconnaissent ? Mais quelque chose ou plutôt quelqu'un m'a dit de ne plus accepter ces moments, que je dois me montrer plus forte pour nous deux.

Dans la vie, rien n'est gratuit et je vais le payer cher. J'en ai le pressentiment.

Mais à cet instant, peu important le prix de mes choix ! Dans une semi-inconsciente, je l'attire à moi. Son corps me couvre de toute sa bienveillance. Il se fait léger. Pourtant, j'ai tant besoin de sentir son poids. A son contact, je ronronne de plaisir gardant les yeux fermés de peur qu'il disparaisse si je les ouvre. Mes bras entourent sa nuque, mes jambes l'emprisonnent. Je veux qu'il reste encore une minute, encore une heure, toute la nuit.

Mais avant, il faut que je lui parle, que je lui dise ses mots qui m'ont égratignée la gorge toute la journée, m'ont mise au supplice. Je veux qu'il sache.

— Pardonne-moi !

Quand il me répond après un long silence, son souffle se mélange au mien. La distance qui nous sépare est infime. Jamais, nous n'avons été aussi loin dans cette promiscuité, cette intimité. Encore plus dangereux que nos corps qui se lient, s'épousent, il y a dans cette position un lâcher prise de notre raison.

Que les rêves façonnés par mes désirs sont délicieux ! Comme j'aimerai que ma réalité ressemble à cet instant : moi lovée dans les bras d'Owen à l'abri des préjugés, du regard des autres sans la crainte que mes sentiments ne soient démasqués ou pire non réciproque.

— De quoi veux-tu que je te pardonne ? murmure-t-il.

— Pour ton job, pour Théo. Pour être parfois si gamine avec toi, excusé-je.

Ses lèvres se détournent et se déposent sur ma joue. Un ronronnement s'échappe de mes lèvres. Les siennes glissent dans mon cou et je penche légèrement la nuque les accueillant sans retenue. Sa langue me goutte. Je frémis à ce contact enivrant. Mes hanches se soulèvent, happée par son magnétisme. Je le sens dure, trop dure. Voilà bien la preuve irréfutable que je dors ! Théo me l'a bien dit. Owen ne bandera jamais pour moi. Je suis tiraillée entre mettre un terme à ce doux supplice ou profiter de l'instant. Personne ne le saura. Je garderai mon rêve érotique pour moi. La nuit m'appartient.

—Arrête-moi, Barbara ! m'implore-t-il.

Ses mains deviennent plus pressantes, se posent sur mes fesses, les agrippent. Maintenant, c'est lui qui danse pour nous deux. Enhardie, je glisse ma main dans son boxer. Je veux le sentir sous mes doigts, savoir qu'il ressent vraiment du désir, qu'il peut m'aimer. Au lieu de l'exciter, il grogne de mécontentement.

EmprisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant