8.2 Contrôle parentale

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— Tu fais quoi ? crié-je.

— Chut, tu vas réveiller l'ours et j'ai eu ma dose de Théo aujourd'hui, murmure-t-il.

J'avoue que moi-aussi. Il me dépose dans son lit et s'allonge à côté de moi.

— Ce ne sera pas la première fois qu'on dort ensemble, dit-il. Il est cinq heures du mat et je n'ai plus envie de me battre contre qui que ce soit cette nuit. Tu es d'accord, Bébé.

— Sale soirée ?

Sur le dos, un bras cachant ses yeux, il soupire.

— J'aimerai avoir encore ton âge. Tu as la vie devant toi et tu ne t'es pas encore enfermée à cause de certaines décisions, bonnes ou mauvaises.

— Tu n'es pas beaucoup plus vieux que moi, me moqué je.

— Quatre années, c'est à la fois long et court.

Son visage se tourne vers moi et le reflet de la lampe de chevet dans ses pupilles le rend hypnotique. Je mordille ma lèvre inférieure pour maîtriser mon envie de l'embrasser. Il va mal. Je ne devrais pas avoir ce genre d'idée. Pourtant, je ne peux cesser de penser à son corps à quelques centimètres de moi. Je suis la pire des sœurs affublée de la pire des amies. Égoïste jusqu'au bout de mes ongles, ongles qui brûlent de lui laisser un sillon sur sa peau parfaite, de tatouer son épiderme. Il pose la pulpe de son pouce sur mes lèvres pour libérer en douceur ma lippe.

— Et ne t'inquiète pas pour moi ! murmure-t-il. Je suis désolé de te faire subir ça mais tu es la seule avec qui je suis aussi à l'aise pour parler. Je veux dire vraiment parler. Tu ne me juges pas. J'ai toujours cette impression que tu fais partie de moi, que tu es une évidence. Théo aimerait que je me confie plus à lui. Tu provoques sa jalousie alors que tu n'es qu'innoncence. Comment lui en vouloir ? Tu es si belle et tellement solaire. Il a peur pour notre couple. Il se trompe de combat et tu en paies souvent le prix. Pardon pour tout ça !

Ses doigts longent ma joue et il remet une mèche derrière mon oreille. Il me regarde avec fierté comme si j'étais son enfant prodige. Je repousse sa main. Un père, même si ce n'est pas le meilleur, j'en ai déjà un. Pas besoin d'en avoir deux et surtout si ce dernier a les plus beaux yeux émeraude du monde.

— Je suis fatiguée, déclaré-je en lui tournant le dos.

Ma phrase clôt ses confidences. Je ne veux pas savoir où en est sa vie sentimentale. La mienne me suffit. Théo m'a déjà dit que je prenais trop de place entre eux. Owen vient juste de me le confirmer.

J'approche des vingt-trois sans réellement avoir eu d'histoires sérieuses et ce parce que conne que je suis, je l'attendais. Je suis amoureuse d'un mirage, d'une utopie. Quand, j'arrive enfin à contrôler ma colère mêlée à un douloureux désir de lui, ses deux bras m'entourent et me plaquent contre lui. Son baiser dans le cou me coupe le souffle. Sous le contact de ses pectoraux, je reste figée. Je voudrais à la fois retourner contre le sol dur du salon pour y dormir et l'oublier et à la fois qu'il glisse ses mains sous le fin tissu de mes vêtements au lieu de caresser le satin de ma nuisette.

— Bonne nuit, bébé !

Sa respiration ralentit et le silence m'assourdit. Comment puis-je me contrôler, me faire une raison, l'oublier quand nous dormons ainsi ? Quoi qu'il en pense, je ne suis qu'une femme et cette position est un peu trop pour mon cœur de romantique. Je dois trouver un moyen de penser à autre chose. Si je lui demande de me libérer, comprendrait-il tout ce que je tente de lui cacher, de le fuir ?

— Barbara, je t'aime, souffle-t-il entre deux mondes.

Oh ! Non pas ça ! Une déclaration en plein milieu de la nuit, une déclaration très fraternelle pour lui car il m'a déjà dit plus d'une fois qu'il m'aimait. Peut-être autant que les fois où il disait me haïr. Nous avons vécu comme frère et sœur alors les beaux jours et les jours d'orage, ce sont côtoyés. A quel moment ai-je cessé de le voir comme un demi-frère chanceux d'avoir un papa comme Charly ? A quel moment ma jalousie s'est transformée en amour ? Ces mots dans l'obscurité me troublent et mon cœur s'emballe.

— Je t'aime aussi, lui confessé-je.

Ma parole s'est libérée avant que mon cerveau n'ait pu la bloquer. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Cet adage n'a jamais été aussi vrai. Il aime les hommes, pas les femmes. Je ne suis définitivement, irrémédiablement pas assez virile pour lui. Son mec beau comme un dieu, dixit ma copine Léonie, dort de l'autre côté du mur. La cloison est fine. Il peut tout entendre et se ruer sur nous pour me dégager voir me tuer vu son côté sanguin.

Et même si Owen aimait les femmes, je n'aurai toujours aucune chance avec lui puisque je suis entièrement, sans l'ombre d'un doute...son bébé, sa petite sœur chérie, son enfant par procuration. Sacré coup de cafard pour ma féminité !

A mes mots incompris, il ressert son étreinte et s'endort me laissant à mes démons. Ma nuit sera longue et blanche bien loin de mes fantasmes où je nous imaginai dormir ensemble comme un jeune couple amoureux.

Théo, rassure-toi ! Tu n'as rien à craindre. Owen me voit toujours comme une petite fille de dix ans. Dans son imaginaire, je suis toujours à l'école primaire. Je n'ai même pas atteint le stade de pré-ado. Youpie !!!!

XXX

Trouves-tu la jalousie de Théo compréhensive ?

Est-ce que l'attitude d'Owen est clair avec Babara ? A-t-elle raison de nerien espérer de lui et de se contrôler ?

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