19- Echecs

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" J'avais l'impression d'avoir deux personnes en moi.

L'une savait que ce qu'il faisait était malhonnête, que ses actions ne servaient qu'une personne : lui.

L'autre était suspendue à ses lèvres, avait besoin de sa dose, avait besoin d'être aimée par lui. Même un peu, même imperceptiblement mais être aimée."

Barbara

XXX

A mon réveil, son côté de lit est froid et la chambre est baignée de lumière . Ce qui peut être un bon signe pour un début de journée se transforme en plein mois de novembre en cauchemar, preuve irréfutable que je suis plus qu'en retard pour mes cours. Mon téléphone confirme ma thèse. Il est déjà onze heures. Moi qui ai toujours eu à cœur de ne jamais sécher. La honte m'étreint le ventre.

Mais pourquoi le réveil n'a pas sonné ? Je vérifie toujours avant de me coucher. La réponse est écrite sur un post-it déposé sur l'îlot central de la cuisine.

Désolé pour ces derniers jours et surtout cette nuit! Reposes-toi ! - Owen.

Bon sang, de quoi se mêle-t-il ? Je n'y comprends rien. Il râle quand je ne pense pas H24 à mes études et il me laisse faire une grasse mat en pleine semaine. Il va me faire tourner en bourrique avec ses messages contradictoires.

Cela ne sert plus à rien de me dépêcher. Le cours a commencé depuis bien longtemps. Profitons-en pour ranger et se préparer ! Après un état des lieux rapide, j'aperçois mon sac de sport abandonné à l'entrée de l'appartement. Je le jette dans ma chambre ainsi que toutes mes affaires. Je suis un peu bordélique, un peu beaucoup. Je sais qu'Owen déteste ça. Il fronce les sourcils à chaque objet qu'il retrouve à même le sol ou sur la pile de vêtements que je laisse dans la salle de bain après ma douche. Mes efforts n'y changent rien. Ce défaut me suit partout où je vais. Pour moi, l'important est  de s'y retrouver. Mon bazar est un bazar organisé.

Soudain, je me rends compte que mon ex beau frère passait son temps à astiquer, ranger. Je vais devoir m'adapter si je ne veux pas énerver plus mon demi-frère qu'il ne l'est déjà. Cependant, je ne suis pas une fée du logis mais une fée des fourneaux. Un sourire se dessine sur mon visage et je m'approche de mon endroit préféré: la cuisine.

Après un lunch de reine, un œuf sur le plat accompagné de pancakes maison arrosés de miel à la lavande et de tranches de fromage, tasse de café à la main, mes pensées errent un instant sur cette nuit particulière.

Je ne m'étais pas aperçue du côté bipolaire de mon frère. Est-ce temporaire ou juste le temps de digérer sa rupture ? Je mentirai si j'affirme que sa bouche sur mon ventre m'a déplu. Avec l'arrivée dans ma vie d'Amaury, je pensais que mon obsession vis-à -vis d'Owen avait pris fin.

Mais mon corps a bien répondu à l'appel de son baiser. J'aurai dû l'arrêter et ne pas profiter de son état. Ce n'est jamais simple de se faire larguer. Malheureusement, je l'ai expérimenté plus d'une fois. Je suis de nature à m'attacher très vite alors je vis les ruptures très intensément. Je n'y peux rien.

Coquin, mon esprit vagabond se demande si Amaury aurait eu le même effet sur moi, si ses mains auraient été aussi chaudes et sa langue autant experte.

Ce serait quand même plus sain avec lui, s'énerve ma morale.

Plus sain ? Quelle drôle d'idée ! Owen avait bu et c'est tout. Il ne faut rien y voir d'autre. Un bisou sur un nombril, il n'y a pas mort d'homme. Un jour, nous en rirons même comme pour mon strip-tease.

A mon retour de fac, Owen est encore aux abonnés absents et il le restera toute la semaine. Partant au travail avant moi et revenant après mon coucher, j'avoue que cela me donne l'impression de vivre seule. Tard dans la nuit, je l'entends rentrer dans ma chambre et se glisser sous mes draps. A chaque fois, il me prend dans ses bras, hume l'odeur de mes cheveux, me dépose un baiser dans le cou puis s'endort. Il ne tente plus rien même s'il sent toujours autant l'alcool et que son corps se love contre le mien.

EmprisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant