Je stoppe sa course quand elle se dirige vers ma poitrine.
— Que fais-tu Owen ?
Son visage se tend vers moi et j'y lis de l'incompréhension. Je ressens un malaise. Pour la première fois de ma vie, je donne des limites à mon demi-frère et cela le déstabilise, lui déplaît et me rend mal à l'aise. Comprenant que je ne céderai pas à ses envies, à son désir, il se redresse, libérant mon corps de sa chaude emprise. J'ai un peu froid et pourtant, je respire mieux.
— Je pensai que nous reprendrions là où on s'était arrêté ...
Je me lève brusquement et je le toise. Il se moque de moi. Son aveu ne change rien à notre histoire avortée. Elle concerne nos âmes d'enfant mais pas ses mots prononcés à son pote. Enervée, épuisée, je souhaiterai ne plus me battre. Pourtant, je ne me laisserai pas faire. Je me suis sentie salie, trahie. Il ne m'a mieux respecté qu'un coup d'un soir. Je ne l'oublie pas.
— Tout ça, c'est fini, tranché-je étonnée moi-même de lui tenir tête sans que ma voix ne tremble. C'était une mauvaise idée, un fiasco, un fantasme de gamins.
— Que racontes-tu ? dit-il paniqué, ses yeux cherchant à percer ma cuirasse.
Sans Léonie, sans Théo, je sais que j'aurai cédé mais je ne suis plus seule. Il tente de me prendre la main et ne rencontre que le vide. Il soupire, se passe la main dans les cheveux.
— Tu vas encore tout gâcher, se plaint-il, épaules baissées. Nous avons une chance de recommencer, d'effacer le passé et tu t'obstines. Imagine toutes ces gens qui rêveraient d'être à notre place !
Je me souviens encore de mes larmes, de mes nuits d'insomnies par sa faute. Je ne suis pas prête à pardonner. Evidemment, je souffre car je déteste le voir triste, malheureux.
— Il n'y a plus personne entre nous, plus personne, bébé. Nous pouvons enfin nous aimer sans nous cacher.
Oui, je vais certainement le regretter mais à l'intérieur de moi, je sens un frein, une petite voix qui me conseille de faire attention, de prendre mon temps, de laisser sa chance à Amaury car avec lui, tout est plus doux, plus simple. Il ne me brusque pas. Est-ce que je l'aime ? Je n'en sais rien. Les sentiments que j'ai envers Owen sont si forts parfois qu'ils anéantissent tout, détruisent tout ce qui m'entourent, le mauvais comme le bon. Quand il plonge son regard empli d'espoir dans le mien, j'ai envie de le prendre dans les bras, de le rassurer, de lui dire que je serai toujours là. Alors pourquoi j'écoute cette petite voix ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mon cœur est fatiguée.
Le son de Sia " Courage to change" retentit m'apportant un répit et je me précipite sur mon portable. Léonie vient de me sauver, encore une fois. La voix enjouée de ma copine tranche avec l'ambiance des lieux. Elle souhaite être rassurée sur les retrouvailles avec mon frère. Elle ne me le dit pas mais je la connais assez pour lire entre les lignes. Derrière elle, j'entends Théo râler. Ils devaient se voir pour organiser son déménagement. J'ai du mal à les imaginer vivre ensemble. Il va y avoir des étincelles. Mon petit côté sadique s'en réjouit. Oui, parce qu'il faut bien le dire, le fait qu'il m'est aussi facilement éjecté quand Léonie lui a proposé d'être sa colocataire, m'a un peu blessé. J'aurais aimé que nous nous en discutions sans la présence de mon encombrante et si attachante copine Pin up. Je tente de m'éloigner d'Owen pour qu'il ne puisse entendre la conversation. Je n'oublie pas que tout ce qui se rapprochait de son ex était un sujet épineux. Pourtant, mon demi-frère semble très intéressé par cet appel quand il m'entend saluer Théo. Il ne cesse de me fixer et même quand j'ai le dos tourné, je sens son regard qui ne me quitte pas. Je décide donc de m'éclipser sur le balcon. J'ai besoin de respirer. L'air frais me saisit autant qu'il me fait du bien. Et me sentant plus libre, je me mets à charrier ma copine et mon pote sur leur future vie commune, sur leur ménage peu probable. Quand je raccroche, je suis frigorifiée mais les entendre m'ont fait un bien fou. A mon retour, le repas a disparu et la cuisine brille. Encore une surprise. Mon demi-frère n'a pas tendance à s'occuper de la vaisselle. Je l'aperçois dans le canapé à regarder une série Netflix. Connaissant ses habitudes, je suis complètement consciente qu'il a surtout trouvé le meilleur endroit pour m'épier.
— Léonie va bien ?
Ma réponse s'apparente plus à un grognement qu'à un oui. N'ayant pas obtenu ce qu'il souhaitait, il continue.
— Et Théo ? J'ai l'impression que vous êtes devenus amis.
— On l'était déjà avant son départ.
Maintenant, c'est à son tour de grogner. Mon rapprochement avec son ex continue à l'agacer et je ne comprends pas vraiment le problème. Eux-deux, c'est de l'histoire ancienne.
— Tu veux qu'on regarde quelque chose ce soir ? me demande-t-il gentiment .
Je fixe sa nuque à défaut de pouvoir voir son visage. Il y a à peine une demi-heure, il me faisait une déclaration enflammée et il me propose maintenant de regarder une série comme deux gentils co-locataires. Il m'épuise déjà.
— J'ai du travail, lui répondis-je après un silence un peu trop long.
— Tu es un bourreau de travail. Il faut savoir se détendre parfois, me conseille-t-il en étalant ses jambes sur la table basse et croisant ses bras derrière sa tête dans une fausse nonchalance.
— La dernière fois que je me suis détendue avec toi, a été une très mauvaise expérience pour moi.
— Je n'en ai pas eu l'impression. Je pense avoir plutôt assuré vu des cris. Tout l'immeuble t'a entendu jouir, éclate-t-il de rire toujours en me tournant le dos.
— Petit con !
D'un pas vif, je rejoins ma chambre et claque la porte. Je n'aurais jamais dû revenir. Casque sur les oreilles, musique à fond, j'ouvre mon ordinateur et me mets aussi sec à chercher des studios. C'est essentiel pour ma survie mentale. Le calme ne me vient que quand un petit bip m'indique un nouveau SMS.
BB (beau brun) : « Réserve ton week-end ! »
Moi (joueuse) : « Quelle autorité ! »
BB : « Pas vraiment mais si c'est ton truc, je peux m'adapter. »
Quoi ? Comment ? Mais dans quel univers parallèle suis-je ? Mon Amaury, le plus courtois et gentlemen de tous les mecs que j'ai eu et même connu, vient de me proposer un plan SM. Je lui réponds quoi ?
BB : « Tu es toujours là ? »
Moi (timide) : Oui (version petit, très petit oui).
BB : « Tu me manques. »
Un sourire idiot apparait sur mes lèvres. Tout est si simple avec Amaury. Hormis le sexe me rétorque la nymphomane en moi. Cette part de moi que je n'assume pas du tout, est sacrément frustrée.
BB : « Dis-moi oui pour ce week-end ! »
BB : « Promis ! Je ne ferai rien sans que tu m'implores d'abord. »
Moi : « Je n'implore jamais Monsieur. »
BB : « Tu veux qu'on parie, princesse ? »
Moi : « Ça va te couter cher. Ok, je viens. On va où ? »
Et là, le silence me répond et ce n'est pas un problème de téléphone. Il a le dernier IPhone, ce cher avocat. Non, Amaury refuse de me répondre et je deviens nerveuse.
Je déteste l'inconnu et regrette aussitôt d'avoir dit oui sans demander plus d'info.
XXX
Barbara vit des émotions intenses. Amaury n'est pas dans sa zone de confort et elle redoute de rentrer dans son univers. Owen n'est pas bon pour elle mais ils se connaissent depuis toujours.
Elle a eu beaucoup de relations désastreuses et a peur de faire confiance. Son enfant intérieur n'ose pas quitté sa maison alors que cette maison se fissure de partout. La comprends-tu ?
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Emprises
RomanceEnfant, Barbara a vécu difficilement le divorce de ses parents. Dans cette tempête émotionnelle, elle fait la rencontre de son demi-frère Owen. Si devant leurs parents, il est froid, hautain et n'hésite pas à l'humilier. A l'ombre des regards, il de...