« L'amitié est un fil d'or qui ne se brise qu'à la mort. »
Anonyme
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A croire que Théo surveille Owen puisque dès son départ, il frappe à la porte.
— Dépêche-toi de récupérer tes affaires ! Je suis pressée, l'informé-je un peu énervée.
A l'origine, il devait passer hier et me voilà à devoir sécher les cours pour l'accueillir, Owen ne pouvant déposer aussi rapidement une journée au travail.
— Bonjour, Barbara. Je suis moi aussi ravie de te voir. Tu es resplendissante. Tu voies. C'est comme ça qu'on accueille les gens, dit-t-il ironiquement sans que son trait d'humour n'atteigne ses yeux.
Bras croisés sur ma poitrine, je ne m'abaisse pas à lui répondre. Les cours que je rate sont importants et je n'ai pas le cœur à plaisanter. Face à mon mutisme, il hausse ses épaules et se dirige vers son ancienne chambre. La porte ne cède pas.
Étrange, elle est fermée à clé. Cette pièce est toujours ouverte depuis que je vis ici. J'essaie d'ouvrir à sa place mais sans succès. Je me sens un peu stupide car si Théo n'y arrive pas, moi, petite fille fragile, c'est évident que ca ne fonctionnera pas mieux.
Sans un mot, visage fermé, il va dans la salle de bain. Il se met à grogner, puis à râler. Toutes ses affaires ont disparu.
— Tu ne peux pas lui reprocher de les avoir déplacées, déclaré-je. Il a dû les mettre ailleurs pour ne plus les voir. Ça devait être trop dur pour lui.
— Arrête ! Il les a foutus à la poubelle, s'énerve-t-il.
— N'importe quoi, m'offusqué-je.
Mes paroles se veulent plein d'assurance mais ce matin, inhabituellement, Owen a descendu la poubelle en partant au travail alors que depuis le début de notre cohabitaion, il me délègue cette tâche.
— Heureusement qu'en partant, j'ai eu le temps de jeter quelques affaires dans un sac. Je savais qu'il ne le prendrait pas bien mais pas à ce point, dit-il en se victimisant.
Mais comprenant que je ne m'apitoierai pas sur son sort, que mon allégeance reste à Owen quoiqu'il dise, il se déleste de ses clés sur la console de l'entrée. Finalement, il quitte l'appartement sans rien récupérer et je me sens bizarrement mal pour lui.
Evidemment avec tout ça, j'arrive en retard. Le professeur ne me permet pas de m'installer discrètement et rouge de honte, je dois m'excuser devant toute la classe encore endormie de son week-end. Léonie silencieuse m'ignore. Elle n'a pas digéré mon revirement d'hier mais si c'était à refaire, je prendrai la même décision. Owen avait besoin de moi.
Et c'est en écoutant à peine le cours d'analyse financière que je repense à la chambre fermée à clé de mon frère. Pourquoi a-t-il eu besoin de le faire ? Il savait que Théo aurait besoin de récupérer ses affaires et même si c'est fini entre eux, pourquoi lui interdire l'accès tout en lui disant de passer ? C'est incompréhensif.
Devant son ex, j'ai donné l'impression de trouver cela normal mais en vérité, je trouve ce geste mesquin. A noter pour plus tard : ne jamais contrarier Owen !
En fin d'après-midi, Léonie a déposé les armes et clôt sa guerre du silence. Alex nous a rejoint à la cafétéria. J'apprends qu'elle loge toujours chez lui. En me souvenant de l'appartement et de ce lit douillet, je repense au texto d'Amaury m'invitant à le rejoindre en salle de sport ce soir.
— La terre appelle Barbara, s'amuse Alex.
Je lui lance un faible sourire et m'excuse de ne pas l'avoir écouté.

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Emprises
RomansaEnfant, Barbara a vécu difficilement le divorce de ses parents. Dans cette tempête émotionnelle, elle fait la rencontre de son demi-frère Owen. Si devant leurs parents, il est froid, hautain et n'hésite pas à l'humilier. A l'ombre des regards, il de...