Emprises

12- Troublants aveux

Cette soirée a été formidable. Aucun regret d'avoir désobéi à Owen.

Amaury Delalandes est ...Bah, je ne sais pas moi, ce qu'il est. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme lui.

Je ne cesse de sourire bêtement en pensant à lui. Le monde est plus léger, plus coloré. Et Amaury, quel prénom ! Un prénom unique pour une personne unique. Comment ai-je pu l'oublier la première fois que je l'ai vu ? Raison de plus pour arrêter de boire.

Nous nous étions donné rendez-vous dans un petit restaurant simple mais excellent. Il est déjà là à mon arrivée. Une boule au ventre, les mains moites, le souffle court, je me suis approchée de notre table. Ses yeux ont été la première chose qui m'ont accueillie. De véritables saphirs, si magnifique que je me suis demandée s'il ne portait pas des lentilles.

Nerveuse, je me suis assise sans un mot. Comment un mec comme lui pouvait inviter une fille comme moi ? Ses vêtements Hugo boss, sa montre Rolex, j'étais ridicule avec ma petite robe noire. Je commençais à mieux comprendre les avertissements de mon frère et puis, là, Amaury a souri.

Tout s'est effacé: mes doutes, mes peurs. Le poids que je portais sur mes épaules s'est envolé. Mes craintes sont toutes parties en fumée. Sa tenue décontractée mais élégante mettait en valeur sa peau halée. Une légère barbe de trois jours parfaitement taillée soulignait tout en adoucissant sa mâchoire carrée. Son mi-long faussement désordonné où aucune mèche n'échappait me donnait envie de le décoiffer.

Après un dîner dans un petit restaurant simple mais succulent qui a titillé, il a évité tous les clichés : le cinéma, le dernier verre dans un club ou pire chez lui.

Non,rien de tout cela. Il m'a emmené découvrir un bar à jeu dans le douzième : "La Revanche ».

Lui comme moi ne connaissions personne et pourtant, j'étais parfaitement à ma place. Le patron nous a d'abord proposé une partie d'échec. Un fiasco complet pour moi qui n'y avait plus joué depuis des années et Amaury qui tendait de tricher pour me faire gagner. Dans ma famille, le spécialiste de ce jeu, c'est Owen.

Alors que j'aurai pu penser à mon demi-frère en tentant de mater Amaury sur l'échiquier, je n'ai été troublé que par les fabuleux yeux bleus de mon adversaire. Fait étrange, moi qui suis plutôt timide, je n'ai pas cessé de plonger dans son formidable regard et rêve de m'y noyer. Et ses iris, ce n'est pas son seul atout. Quand il sourit, il émane de lui une telle chaleur apaisante que naturellement, il attire la bienveillance des gens qui l'entourent.

Prenant pitié de moi, nous avons rapidement arrêté la partie. Le combat était inégal.

Puis, nous avons intégré la table la plus bruyante du bar où des personnes jouaient au jeu du loup. Je n'ai jamais autant ri. J'en avais mal aux ventres. Je lâchai par mégarde,des informations importantes pour ma survie causant ma perte et celle de mes compagnons. Je ne sais pas mentir. J'étais la pire alliée du jeu.

Vers une heure du matin, Amaury m'a raccompagnée jusqu'en bas de mon immeuble. En parfait gentleman, il m'avait embrassée sur la joue en me remerciant pour cette agréable soirée. Pour être honnête, il aurait pu m'embrasser tout court et je l'aurai laissé faire.

Mais a priori, je ne suis pas une fille qu'on embrasse. Vivre avec Owen me l'a bien appris

Et me voilà, dans mon lit, incapable de dormir, à me remémorer notre rendez-vous en espérant qu'il y en ait un second.

J'avais peur que tout se passe trop vite, qu'il ne sorte avec moi que pour me mettre sur son tableau de chasse comme me l'avait dit Owen. Mais, Amaury a vraiment cherché à me connaître et je crois qu'avoir joué ensemble nous a permis de mieux nous découvrir sans pour autant énormément parler. Ses réactions, sa façon de s'allier, de se défendre m'ont plu. Notre complicité quand le hasard faisait que nous étions ensemble était jouissive.