15- Qui de vous deux !

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« L'amitié est une vertu. »

Albert Camus

Le portable sonne et interrompt la musique des écouteurs. 

Une Léonie surexcitée au bout du téléphone m'interpelle. J'en oublierai presque qu'elle est malade.

— Alors comme ça, on me quitte sans attendre mon réveil. Tu croyais quoi ? Que j'allais laisser passer ? Non, non, petite coquine. Je veux tout savoir, réclame-t-elle en appuyant bien sur chaque syllabe.

— A propos de quoi ? lui demandai-je d'une voix sans entrain à l'opposé de la sienne.

— Que se passe-t-il ? Ta voix est bizarre, s'inquiète-t-elle. Owen t'a-t-il fait du mal ? Et attention, je te défends de le couvrir ! Qu'a-t-il encore dit pour te pourrir la vie ?

Ebahie, je me relève et sors ma tête de sous la couette. Pour qui prend-t-elle mon frère ? Et d'où lui vient cette idée qu'Owen puisse me faire souffrir ? Il n'y a pas plus gentil que lui. Il m'héberge, s'intéresse à moi, me fait visiter Paris.

— C'est quoi ce délire !

— Ah ...mais...je...enfin, disons qu'il est un peu homme de croc-magnon, bafouille-t-elle.

— Pourquoi dis-tu ça ? Owen n'est pas du tout ce genre de type, le défendé-je.

— Si tu le dis, tu le connais mieux que moi. C'est juste une impression qu'il m'a donné quand je l'ai rencontré. Bref, dit-elle d'un air penaud, oublie ça. Mais si c'est pas lui, pourquoi tu donnes l'impression d'avoir reçu une météorite alors que tu devrais être en mode Licorne et paillettes?

—Owen et Théo, c'est fini, déclaré je.

Léo me répond par un silence ce qui chez elle, n'est pas une réaction normale. Enfin, elle le brise.

— Théo en a eu marre et s'est barré. Il fallait sans douter, dit-elle d'une voix sèche.

Maintenant, c'est moi qui répond par le silence. Je n'aime pas l'image qu'elle a de mon demi-frère. J'ai l'impression qu'elle me trahit en le dévalorisant.

— Ma chérie, tu es toujours là ?

— C'est Owen qui a rompu.

Un flot d'injures sort du combiné. C'est sûr. Léo est team Théo. Elle ne comprend pas. C'est un mec génial, beau comme un dieu et drôle. Elle le connaît réellement que depuis huit jours. Elle est incroyable.

— Je ne sais pas Léo...La dispute de trop ... expliqué-je peu sûre de moi.

— Parfois c'est juste une étape. Ce n'est pas nécessairement la fin. Ça arrive dans tous les couples. On a juste besoin d'un peu de recul pour mieux comprendre nos sentiments, s'auto persuade-t-elle.

De qui me parle-t-elle ? De Théo et d'Owen ou, de son mec et d'elle ? Les choses ne vont pas mieux dans son couple. Est-ce que toutes les histoires d'amour sont vouées à se fracasser ? Le combat est-il perdu d'avance ? Doit-on tenter si on sait d'avance que le naufrage est annoncé ?

— Tu veux me rassurer, me moqué-je.

— Te rassurer ? Honnêtement, je ne te comprends pas toujours mais je suis ton amie. Et en tant que telle je veux ce que toi, tu veux. Parfois, tu me fais juste peur. Tu es tellement empathique. Tu vas te brûler les ailes avec un mec comme Owen. Vous êtes à l'opposé l'un de l'autre.

— Tu ne le connais pas comme moi. Il peut paraître dur de l'extérieur mais il ne me fera jamais de mal.

— Ma poule, il vient de t'en faire, grogne-t-elle. Aujourd'hui, tu devrais vivre sur un petit nuage et ne penser qu'au sexy Amaury Delalande, grand avocat d'affaires mais tu as passé l'après-midi à pleurer sur son couple au lieu de te réjouir du tien de couple. Y a pas un malaise ?

EmprisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant