Je sens qu'on me tire, qu'on m'emporte en arrière. Ma raison est en mode pause. Je ne contrôle plus rien. Je ne ressens ni peur ni joie. Je suis juste un peu fatiguée et il me propose son lit. Il est adorable. Quelqu'un crie à mes côtés, lui hurle dessus.
— Tu ne voies pas qu'elle est bourrée, Ducon !
Pas très gentille ce gros mot mais à bien le regarder, c'est vrai qu'il a un peu la tête d'un con mon chevalier servant. Et ça me fait tellement rire que j'en ai mal au ventre.
D'autres mains plus petites m'agrippent. Cette personne sent bon. Sa peau est douce. Ses deux yeux de biche se fraient un chemin dans mon obscurité.
— Laisse ta copine ! C'est une grande fille. Si elle a envie de s'amuser ... répond un peu énervé Ducon.
Je plaide coupable. Je ne me souviens plus de son nom alors ce soir, ce sera ce surnom bien trouvé qu'il va porter. Oh ! Ça bouge beaucoup autour de moi. On dirait une vague de corps entremélés avec des écumes de cris. Est-ce une baston générale ? Non, juste les gars de la promo qui font barrage au mec qui voulait me pécho. Et bah, ce n'est pas ce soir que tu vas tirer ton coup. Cette idée m'éclate et je pouffe de rire.
— Elle est complètement déchirée.
Ça, c'est Alexis qui vient de parler, le beau brun de mon master. Enfin, beau brun ! Le seul beau brun que je connaisse. Pardon ! Le seul VRAI beau brun qui existe sur Terre mais aussi dans tout l'univers, c'est Owen. Mais, impossible à pécho celui-là ! Quelle idée d'être gay ! Est ce que moi, je suis lesbienne. Ca devrait être interdit de ne pas aimer les femmes quand on est une bombe atomique. La France devrait proclamer une journée de deuil national pour tous les beaux spécimens qui nous ont tourné le dos à nous les femmes. Et encore une journée, c'est trop peu. Une semaine, c'est un minimum. Un autre idée me vient et je me retourne vers Léonie pour lui faire part de mon nouveau projet de loi: "Seul les moches seront autorisés à être homo". Mais je suis coupée dans mon élan.
Un instant, papillon ! Pourquoi Alexis entoure le corps de ma copine avec son bras ? Elle n'a pas déjà un mec ? Je les fixe et avec mon index et mon majeur, je leur fais signe que je les ai à l'œil tous les deux mais mon regard vitreux les fait plus marrer qu'autre chose. Ils ne me prennent pas au sérieux. Façon, personne ne me prend au sérieux. Je reste pour tout le monde la petite sœur mignonne.
— Viens ! Je te ramène.
— La fête fait que commencer, rétorqué-je à la Pin up à mes côtés.
— Il va bientôt faire jour.
Je regarde le ciel. Il est où son putain de levé de soleil. Moi, je m'amuse bien. J'ai pas envie de rentrer. Rien à faire, elle me traîne jusqu'à chez moi. A chaque palier, nous croisons des voisins. Mais pourquoi sont-ils tous debout ?
— Si t'arrêtais de chanter ! On pourrait peut-être passer incognito, madame La Castafiore.
C'est vrai que maintenant que je les regarde, ils n'ont pas l'air ravi de m'entendre. Ma douce voix les indisposerait elle ? Je ricane, heureuse de les emmerder un peu tous ces gens bien pensant.
Bon sang ! J'ai l'impression de grimper l'Everest mais pourquoi j'habite aussi haut dans Paris.
— Y a pas d'ascenseur dans cet immeuble ? ronchonné-je.
Léonie stoppe son ascension et réfléchit.
— Merde ! C'est vrai. Pourquoi a-t-on pris les escaliers ?
Elle me lâche brutalement et je me retrouve les fesses par terre. Aie, ça fait mal ! Heureusement, nous sommes au bon étage. Il n'y a plus qu'à ouvrir la porte. La serrure nous fait de la résistance mais après avoir compris que nous sommes chez le voisin, la clé tourne comme par magie dès qu'elle reconnaît son « chez elle ». Bonne petite fille !
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Emprises
RomanceEnfant, Barbara a vécu difficilement le divorce de ses parents. Dans cette tempête émotionnelle, elle fait la rencontre de son demi-frère Owen. Si devant leurs parents, il est froid, hautain et n'hésite pas à l'humilier. A l'ombre des regards, il de...