Chapitre 6

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Au réveil, j'entends une dispute, je me redresse et je rejoins la pièce d'où proviennent les cris.
Sofia est chez moi, ils se disputent comme un couple,  dans ce qui est censé être mon salon. Elle braque ses yeux  sur moi, remplie de haine.

— Ça devrait être chez moi! Tu m'as volé mon fiancé.
— Prends-en-toi à Cole, je n'ai fait que subir tout comme toi!
— Menteuse, tu n'es qu'une gamine en chaleur! Tu sais quoi?  Mon ombre planera à chaque instant dans ton pseudo-mariage.

Elle réussit à m'atteindre, et cette fois je sais qu'elle a raison, je me dirige vers la sortie,  enfile mon manteau et mes talons, je sors en nuisettes, je veux être loin d'eux.

— Où vas-tu Lilly? Elle va s'en aller.
— Tu n'as donc aucun respect pour moi? Pour la faire venir chez nous?
— Attends!
— Ne me touche pas! Tu me dégoûtes.

Je saisis mon sac et je rejoins le hall. Bill m'ouvre la porte et je ne peux plus retenir mes sanglots. Toutes les larmes de ces  semaines se déversent sur mes joues.

— Melle Lilly, tout va bien?
— Pas trop Bill.
— Tenez bon Melle. Ne baissez pas les bras.
— Il les a déjà baissés pour nous.
— Ne la laissez pas gagner.
— Elle était là avant moi.

Je rejoins l'axe principal et siffle un taxi new-yorkais. Un indien s'arrête, je monte. Il me demande où je souhaite aller.

— Je ne sais pas. Peu importe.

Il démarre, on roule une vingtaine de minutes, il finit par s'arrêter devant un car. Je ne comprends pas notre présence.

— On va prendre le petit déjeuner.

On monte dans le bus, qui est un restaurant. Il commande deux brunchs, il me fait parler. Je lui raconte ma situation dans les détails . Il me dit qu'en Inde c'est courant les mariages arrangés, qu'il faut se laisser porter par la relation. Je me remplis le ventre, je le remercie pour ces précieux conseils. Il me dépose devant ma maison de couture. Personne n'est là, c'est un jour de repos. J'enlève mon manteau et m'affaire à avancer sur mon travail. Le défilé est dans moins d'une semaine.

Je me masse le cou, cinq heures que je travaille sur un modèle. Je me relève et fais une pause-café. Je bois ma boisson en repensant à la scène de ce matin, à peine quelques jours mariés que Sofia vient perturber le peu qu'on a réussi à établir. Mon téléphone n'arrête pas de sonner, c'est lui, mais je ne décroche pas. Je souhaite prendre du recul, par peur de dire encore des mots qui risquent de dépasser ma pensée.

Fin de journée, je me rends au second atelier d'Isabella. Lucas est encore là, je l'ignore et rejoins ma place, il est vexé. Elle nous dévoile plusieurs techniques pour faire succomber notre prétendant. Pour les femmes, miser une garde-robe qui laisse entrevoir un sexe appeal. Utiliser ses atouts physiques ou psychiques. On passe à la pratique, je me retrouve avec Lucas. On doit se regarder et user de nos charmes naturels, pour faire comprendre à l'autre qu'on lui plaît. Je le fixe, j'essaye de lui montrer qu'il m'intéresse, il fixe mes lèvres, j'ai visiblement réussi. Il s'approche de moi, je recule. Je comprends assez vite ce qu'il envisage de faire. Quand Cole déboule de nulle part et le suspend en l'air. Je le regarde, intriguée, ses yeux sont dorés.

— Pose encore un doigt sur ma femme, je te les explose une à une.
— Cole relâche-le!

Il pose les yeux sur moi et mon corps, il se rembrunit.

— On y va.

Il projette Lucas au sol. Je récupère mon manteau et mon sac et je le suis jusqu'à sa voiture en étouffant plusieurs jurons. On regagne le domicile en silence. Je fonce dans la chambre et claque la porte de la salle de bain. Il frappe à la porte, je refuse de lui ouvrir, il souhaite discuter de ce qui s'est passé le matin même, je ne suis pas disposée à le faire.

— Laisse-moi!
— Ouvre la porte ou je la défonce.

Je prends sa menace au sérieux, je lui ouvre en soufflant lourdement. Je suis épuisée par cette journée, je ne souhaite qu'une chose, m'en dormir et oublier ce cauchemar éveillé. Mais il en a décidé autrement.

— C'est un mariage de complaisance Lilly!
— Tu ne tentes pas de le sauver!
— J'en aime une autre, la seule raison pour laquelle je t'ai choisie, c'est à cause de ce foutu lien!
— Lien?
— Oubli ça!

Je reçois un deuxième coup de poignard. Je n'ai rien à répondre à ça, il m'humilie encore en évoquant une autre femme.

— Tu sais quoi? Va la rejoindre. Je te libère de ton obligation de fidélité.
— Tu sais quoi? Finalement, retourne dans la salle de bain!

Il quitte la chambre en claquant la porte, je sursaute. Je me jette sur le lit, c'est de pire en pire. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi. Il aime Sofia, mais se comporte comme un mari jaloux à mon encontre. Je ne sais pas comment me comporter face à ses contradictions.  Je ne prends pas la peine de me changer, je m'allonge, je retire ma robe et reste en sous-vêtement. Il entre dans la pièce et pose ses yeux sur moi.

INDECISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant