Chapitre 66

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Mes yeux s'ouvrent, je suis dans ma chambre. Je me réveille, j'attends qu'Annabelle m'aide à me préparer. Après de longues minutes d'attente, il ne se passa rien. Je me redresse, j'enfile la première robe que je vois, et je me dirige vers son aile. Je suis devant sa porte, je frappe, mais elle n'ouvre pas. J'appelle son prénom, une domestique s'avance vers moi avec tristesse.

— Princesse, Annabelle n'est plus. Elle a succombé à une attaque dans le royaume des Damnés en vous protégeant de sa vie.

J'ai ces fourmillements qui sont une indication d'une vision, je vois des images de sa mort, rien avoir avec une attaque, les baies empoisonnées. Mon cœur tambourine, je suis envahie par des sueurs froides. Des bribes de souvenirs commencent à jaillir, je m'écroule au sol. J'entends la domestique appeler le médecin royal.

Plus tard dans la journée, mon père entre dans ma chambre, le visage inquiet, je fais bonne figure pour ne pas le préoccuper plus.

— Mon enfant, cette disparition est lourde de conséquences à vos yeux.
— Je l'aimais telle une mère.

Cette remarque semble le perturber, j'ai à peine connu ma mère, elle prend du sens à mes yeux.

— Vous venez d'avoir 18 ans, et le bal du printemps est dans quelques jours. J'ai pensé que vous  pourriez représenter notre royaume.
— Dix-huit ans ? J'en ai 21, père, le temps passe plus vite que vous  ne le croyez.
Son visage se décompose.

— Ma chère fille, la chute de la veille vous a endommagé vos souvenirs. Vous avez fêté vos 18 ans, il y a à peine une semaine.
Cette fois, c'est ma tête qui se décompose.

— Où est Koop?
— Le Roi Adam est dans son royaume, il gère les affaires que ses défunts parents lui ont laissé en charge.
— Ils sont vraiment morts ?
— Ma fille, je m'inquiète pour vous, nous avons participé à leur veillée funéraire.

Ces fourmillements me parcourent de nouveau, je vois l'enterrement de ses parents et son visage qui me fond le cœur. Il est tellement meurtri, cette vision me détruit.

— Est-ce qu'il sera là au bal ?
— Certainement, mais dois-je vous rappeler que vous avez annulé vos fiançailles.

Encore quelques choses que j'ignorais.

— Non, bien sûr, mais j'aimerais lui apporter un soutien supplémentaire.
— Soit.

Il me laisse me reposer avant de commencer les préparatifs. J'ai seulement dix-huit ans, j'ai l'impression que mon esprit est embrouillé, tout est si confus. Mais une seule personne est un repère, Adam, mon Koop. Je ne comprends pas comment j'ai pu annuler les fiançailles.

Les jours suivants, je prépare mes robes pour ce bal prestigieux. J'ai tant rêvé d'y participer, me voilà contenté. Je mets le paquet sur la garde-robe, je représente le royaume magique, je ne serais pas la seule, des filles de personnalités publiques feront leur entrée dans la société à mes côtés.

C'est le jour du départ, mon père m'a allié une escorte, mais je suis seule, Annabelle n'est plus. Le voyage passe lentement, je n'ai plus à qui parler. Mon père a bien tenté de me trouver une nouvelle dame de compagnie, mais j'ai refusé.

Après deux jours de voyage fastidieux, me voilà arrivée au Bal du printemps. Nous sommes logés dans des maisons d'hôtes, la réception se fait dans un palais inaccessible aux invités en dehors de cet évènement, un moyen de préserver ce lieu. Mon carrosse s'arrête devant un manoir enchanté. Je pose le pied au sol, une atmosphère chaleureuse s'en découle, une force invisible me pousse à parcourir les quelques mètres menant à la porte. En passant devant les rosiers, une odeur exquise s'en diffuse. Mes pieds s'arrêtent devant la porte, je frappe, la porte disparaît, mais un champ magique empêche d'apercevoir l'intérieur, je franchis le champ. Je suis dans un hall, il ne se passe rien. J'entends une voix, mais je n'arrive pas à déterminer d'où provient-elle.

— Princesse, regardez plus haut.
Je lève mes yeux vers un tableau, un visage est en mouvement, c'est fascinant.

— Soyez la bienvenue, vous logerez à l'étage. Je vous laisse vous reposer.
— Merci.

Je rejoins les escaliers, les escaliers se mettent en mouvement et m'arrêtent en haut, mais il n'y a qu'une porte, encore un enchantement. Je m'avance vers cette porte, elle s'ouvre sur une cascade d'eau.

— Princesse, vous vous trompez de pièce.
— Mais il n'y avait qu'une porte.
— Avez-vous bien regardé ?

Je ressors de la pièce et des dizaines de portes apparaissent, dont une seule est entre-ouverte, je souris. Je m'avance vers mes appartements, cette fois, c'est la bonne, mes affaires sont déjà dans les placards, et il y a un bain qui fume dans la salle d'eau, c'est fantastique.

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