Chapitre 65

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Nous avons repris la route en silence, mes yeux sont rouges et gonflés. On ne s'adresse plus la parole. Il est sur les nerfs et moi, je suis meurtrie. J'ai tellement de questions qui me passent par la tête.

— Pourquoi te souviens-tu de tout et pas moi ?
— Tu as des bribes de souvenirs.
— Alors celle ou je suis morte en accouchant était réelle?
— Oui.
— Merde. Je ne comprends plus rien. Et cette vie qui va me l'enlever ? Pourquoi tu ne me laisses pas mourir?
— Nos âmes sont condamnées à mourir et ressuscitées jusqu'à ce qu'elle se lie à jamais.
— C'est glauque.
— Non, c'est beau, princesse.

Il y a de nouveau ce silence pesant, nous traversons cette forêt sans s'arrêter cette fois. Adam fixe les alentours, il sent quelque chose.
Je commence à paniquer, mon cœur bat à tout rompre, quand je sens la main de Koop sur ma cuisse et des caresses, c'est si apaisant. Je n'aurais jamais pensé qu'une seule de ses caresses pouvait dissiper toutes mes craintes comme une magie de ces royaumes. Une silhouette apparaît devant nous, un mage noir, nos chevaux s'arrêtent.

— Adam, princesse Lilly.
Il fait une légère révérence.

— Mage.
— Vous n'allez pas nous quitter de si tôt, sans même séjourner chez vos hôtes ?
— Nous sommes pressés par le temps.
— Vous accepterez bien mon invitation?
— Bien.

Je regarde Koop perturbée, il nous emmène dans la gueule de loup. Je tente d'attirer son attention, mais sa main se resserre sur ma cuisse. Nos chevaux bifurquent et se mettent en marche comme guidés par une force extérieure, la silhouette disparaît.

— On aurait dû fuir.
— Ils sont des centaines, on n'aurait rien pu faire.
— Ils vont nous exécuter.
Il répond par le silence.

C'est ce qu'il cherche, encore cette spirale infernale, je suis enragée, je n'en peux plus.
Le carrosse s'arrête devant une demeure aussi sombre que ce royaume. Adam m'aide à descendre, on s'avance vers la demeure. J'ai l'impression de mettre un pied en enfer. On s'avance dans un couloir éclairé par des torches qui s'allument au gré de nos pas. On atteint une salle commune, où des dizaines de silhouettes tournent leur tête vers nous, je ne vois que leurs yeux rouges. Une parmi elles se démarque, elle s'avance en silence, ses pas sont sourds, il semble flotter dans les airs.

— Alors Adam, comment mourra-t-elle cette fois ?
— Espèce de fumier, je vais te renvoyer d'où tu viens.

Toutes les silhouettes se mettent à rire.

— Mourra-t-elle par nos mains ? Ou celle d'un autre ? Ou peut-être toi ?
— Va te faire foutre !
— Charmant Roi Adam, tes parents ne seraient pas fiers de toi, enfin s'il avait survécu à leur deuxième vie.

Je fixe Adam, il a perdu ses parents, et je ne le savais pas. Le visage de Koop s'assombrit, j'enlace sa main à la mienne, il pose brièvement ses yeux sur moi.

— Que c'est mignon !

Les silhouettes hochent la tête.

— Cette fois, je te permets de choisir comment sa vie finira.
— Je vais te faire la peau, sale enfoiré.

Je suis spectatrice de ce drame, je suis le personnage central, mais je n'ai aucun pouvoir d'y mettre fin. Adam s'avance vers la silhouette pour en découdre, les autres nous entourent. Mais nous ne ferons pas le poids, ils le savent et s'en amusent.

— Tu veux la tuer de cette façon ?? Quelle cruauté, mon cher roi.

Mais Adam est dans une rage folle, il attrape la silhouette et l'expédie contre ses congénères. Il se relève et apparaît derrière moi, me saisit par les bras, je ressens des décharges qui amplifient de seconde en seconde. Koop revient à la charge, mais cette fois les autres silhouettes le maintiennent, il se débat, sa force double. Je vois cette scène au ralenti, je sens mon sang bouillir, la douleur est irradiante, mes jambes m'abandonnent. Seuls les cris d'Adam retentissent dans cette salle. Ma respiration faiblit, mes poumons se vident de leur air, mes yeux se ferment peu à peu.
Une seule phrase me parvient aux oreilles.

— Remercie-nous, princesse. Rendez-vous dans une autre vie.

INDECISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant