Chapitre 10

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Deux jours plus tard, je me rends à la maison Gauthier, je dois rencontrer Koop pour une future collaboration. Je suis en salle d'attente depuis une vingtaine de minutes, je commence à m'impatienter quand je vois Koop se diriger vers moi, tout sourire. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver magnifique, une beauté surnaturelle, ses traits sont sans imperfections, ses yeux verts me coupent le souffle. Avec Cole qui est tout aussi beau, c'est une alchimie qui me pousse vers lui, Koop sa beauté m'intrigue.
Je le suis vers son bureau, qui est gigantesque , on reconnaît là la limite de ma petite structure familiale. Mon atelier est ridiculement petit, mais mes marges pour le moment ne me permettent pas de changer de structure.

— Lilly, je suis ravi de te revoir.
— De même.
— Bien, j'aimerais que nous travaillions sur une collection automne-hiver.
— D'accord.
— Je veux que ce soit vous qui la pensiez, aucune aide extérieure.
— Quelle aide?
— Votre époux.

Je suis vexée qu'on pense que je me sers de mon mari pour réussir. Je me décompose, ce n'est vraiment pas la tournure qu'un tel entretien prendrait. Je me ressaisis assez vite.

— Soyez rassuré, ça n'arrivera pas!
— Bien. Je vous envoie le contrat à lire et signer avant fin de semaine prochaine.
— D'accord, merci de me laisser ma chance.

Je me lève et me dirige vers la porte quand il m'arrête avant que je ne franchisse le seuil. Je suis troublée, je ne comprends pas comment a-t-il pu arriver aussi vite?

— Nous allons déjeuner ensemble. J'ai bloqué mon créneau horaire.
— Ne vous donnez pas cette peine.
— Nous allons sceller notre future collaboration.
— Bien.

On se dirige vers un restaurant gastronomique, je n'y avais jamais mis les pieds. Je suis mal à l'aise, les regards de ce Koop ne trompent pas, je lui plais. Je détourne le regard, mais je sens son regard insistant. Je pose mes yeux sur lui et quelque chose d'étrange se passe, je sens mon esprit quitter mon corps et être projeté dans celui de Koop. J'ouvre les yeux, je vois des souvenirs de lui enfant , son image est brouillée . Puis d'un coup, je réintègre mon corps. Mon coeur bat la chamade, je renverse un verre, mes mains tremblent. Je ne comprends pas bien ce qui vient de se passer.

— Je dois m'en aller.
— Nos plats ne sont pas encore arrivés.
— Désolée Koop, mais j'avais oublié un rendez-vous important.

Je rejoins la porte en courant. Mes mains tremblent toujours, je suis effrayée. Comment ai-je fait pour me retrouver dans sa tête et ce souvenir est-il réel? Si c'est le cas, ce Koop est intriguant. Je suis quelqu'un de cartésien, mais cet événement dépasse l'entendement.

Je reste dans cet état des heures à essayer de dédramatiser ce que j'ai vu, mais rien ne peut l'expliquer. C'est à ce moment que ma mère et George entrent dans la pièce, il me voit recroqueviller sur moi-même. Et tente de savoir ce qui m'a mise dans cet état.

— Qu'est-ce que vous me cachez sur Cole?

Il se montre peu surpris par ma question. Ils en savent plus que ce qui m'a été dit ces cinq dernièrs mois. Ils ne parlent pas, j'ai l'impression qu'ils communiquent par les regards. Je les fixe avec curiosité.

— Dites-moi bon sang!
— Chérie, je ne sais, on est aussi perdu avec tout ça!
— Je crois que je peux m'octroyer ce trouble après ce que j'ai vécu au déjeuner.
— Qu'est-ce qui s'est passé?
— J'ai comme eu des visions.

Elle tourne sa tête vers George, et échange des regards troublés, mais aucun son ne sort de leur bouche.Je me redresse et les fixe l'un et l'autre. Leur trait change en inquiétude.

— Chérie , il se peut qu'on ait vu certaines choses chez toi.
— C'est-à-dire?
— Depuis petite, tu sembles avoir des facultés.

Je la regarde en écarquillant les yeux, elle me fait sûrement une mauvaise plaisanterie.
Je commence à afficher un sourire, qui se transforme en rire. Pourtant, eux ne rient pas, ils me regardent sérieusement, mon rire s'efface. Mon cœur se met à accélérer le rythme, mes mains sont moites. Des frissons commencent à irradier mon corps.

— Je suis quoi?
— On suppose que tu es une médium.

J'éclate de rire à nouveau, je dois évacuer les informations qui me sont transposées trop rapidement, sans prendre de pincette.

— Une médium?
— Oui. C'est difficile à croire. Mais tes dons vont probablement se développer . D'après ce qu'on sait sur ces facultés.
— Tu te moques de moi? C'est une blague.

Ils semblent dépasser par ce que je suis.
Je m'en vais en claquant la porte, je marche de longues minutes, bouscule un passant, une prémonition me coupe la respiration. Il va se faire écraser par une voiture . Je me retourne et le vois traverser. Je cours vers lui, une voiture arrive à très grande vitesse, je saisis le passant et le ramène vers le trottoir. L'accident est évité de peu. Le passant ne cesse de me remercier. Je suis chamboulée par tout ça. Je n'arrive pas à réaliser ce qui se produit en moi.

Je rentre à la maison dans cet état second. Je m'assois sur le canapé, incapable de bouger ou de faire quoi que ce soit d'autre.
Cole entre dans la pièce et me trouve dans cet état, il essaye d'attirer mon attention, mais je suis incapable de réfléchir ou de lui porter de l'attention. Il me porte jusqu'à la salle de bain, me déshabille, je me laisse faire. Mon corps ne réagit pas, il allume le jet d'eau et me plonge sous une eau froide, mes poumons se gonflent d'air et je me reconnecte à la réalité.

INDECISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant