INDECISE

Chapitre 37

La charrette traverse un bois, je me sens épiée. Je fixe les alentours, tentant de trouver la cause de sentiments.Je vois des petits êtres se cacher derrière les arbres, ils sourient quand je croise leur regard.

— C'est trop mignon.
Adam pose ses yeux sur moi avec tendresse.

— C'est un leurre, ils tuent leur victime en les dévorant vivant.

J'ai un haut le cœur. Je me colle à Adam, il sourit.
La charrette s'arrête à la moitié du chemin, il descend et m'aide à descendre.

— Le reste, on le finit à pied. Le royaume refuse tout objet non autorisé.
— Mais Licorne et Rainbow?
— Ce sont des êtres magiques, ils sauront se défendre.

Je les laisse à contre-coeur. Je me retourne plusieurs fois avant de me concentrer sur le chemin.On entend des bruits effrayants, cette forêt regorge de créatures dangereuses. Je ne suis pas sereine, je suis anxieuse.
On finit devant un chemin de terre, étonnant vu le reste du domaine. Adam s'arrête juste au bout du chemin, mais il n'y a rien aux alentours, juste du vide. Nous sommes sur une falaise.
Il s'avance et je le retiens, il se tourne vers moi amusé.

— Tu es complètement cinglé! Je ne te suivrais pas.
— Lilly fais-moi confiance!
— Comme pour l'histoire du prince des vampires.
— J'ai eu un contre-temps.
Il me bascule et me porte.

— Lâche-moi!

Il pose ses lèvres sur les miennes, me voilà transportée par sa tendresse, mon cœur tambourine, mes yeux se ferment, pour apprécier le contacte de sa bouche sur la mienne. Quand j'ouvre les yeux, nous sommes de l'autre côté de la falaise et se dresse devant nous un magnifique château.
Il me pose au sol, j'ai les jambes flageolantes, je ne sais pas si la cause est Adam ou le tour de magie déconcertant.
Il me tend son bras, je le saisis pour prendre appui sur lui. Il frappe au portail, il s'ouvre sur une cour, fleurie et vide. Il n'y a personne. On s'introduit à l'intérieur, Adam s'arrête devant la porte et frappe trois fois. La porte s'ouvre sur une pièce grandiose, majestueuse, digne des contes pour enfants. J'entends du bruit derrière moi, la cour est bondée de monde qui vaque à leur occupation. On avance vers l'intérieur de la pièce principale, mais il n'y a personne.

— Patience princesse.

Une trompette retentit, et annonce le Roi Hadrien. Un homme bourru, habillé majestueusement avec une cape et une couronne s'introduit dans la salle accompagné de sa cour. Il pose les yeux sur moi, et émet un râle de soulagement. Je me tourne vers Adam.

— Mon ami, bienvenu dans mon humble demeure.
— Roi Hadrien! Plaisir partagé.
— Elle est enfin chez elle...
— Oui.

Je passe de l'un à l'autre, ne comprenant pas bien la situation, qui suis-je? Pourquoi ce roi me regarde comme une vieille connaissance perdue de vue?
Une femme entre dans la pièce, elle est de toute beauté, elle s'avance vers moi et me prend dans ses bras. Cette odeur, je la connais, elle est gravée dans ma tête, dans mon cœur.

— Ma nourice.
Elle sourit tendrement.

Je me vois tomber et le trou noir.

J'ouvre mes yeux dans un lit douillet, qui m'est familier. Adam est assis sur une chaise à mes côtés, inquiet. Je me redresse, mais les souvenirs avant ma perte de connaissance, me reviennent en tête. Mon cœur s'accélère, ma respiration est entrecoupée. J'ai comme des bribes de mémoire qui veulent se révéler à moi. Un jardin secret dont je ne possédais pas la clef.

— Adam, qu'est-ce que ça signifie?

Mes larmes coulent, je ne suis plus maîtresse de moi-même. Je suis en état de choc.

— Je suis désolé Lilly.
— Désolé? Mais pourquoi bon sang?
— Je t'ai ramené chez toi.
— Chez moi? Non, non tu te trompes.
Il souffle fort.

Je ferme les yeux en tentant de reprendre contenance. Ma respiration est saccadée, mon cœur palpite. Je n'y arrive pas. Il pose ses yeux sur moi, mes yeux brûlent. J'entends dans ma tête ces mots.

— Calme -toi princesse.

Ce mot prend tout son sens, ce roi est mon vrai père. Tout s'effondre autour de moi. Je me sens trahie par le monde qui m'entoure. Je me tourne pour ne pas le voir en face de moi.
Je reste des heures dans cet état de léthargie, les mots d'Adam ne servent à rien. Je suis comme vidée de mon essence. Il ne me laisse pas, il reste allongé à mes côtés.

La porte s'ouvre sur ma nourrice, ses cheveux blancs sont magnifiques, je comprends mieux cette mèche qui est apparue au contact de ce royaume. Adam sort de la chambre, elle s'assoit sur le lit.

— Dis à Annabelle ce qui te ferait plaisir.
Cette phrase éveille en moi une douce chaleur dans mon cœur.

— Une histoire.