INDECISE

Chapitre 52

C'est le jour j, je suis réveillée au petit matin, Annabelle est sur les nerfs. Je la fixe médusée, on finit par exploser de rire.

— Ne te moque pas chérie. C'est un jour si spécial.
— Pas tant que ça. C'est mon deuxième.
Elle hoche la tête en désapprobation.

Les couturières font les derniers arrangements, j'ai pris un peu de poids depuis les derniers essayages. Les coiffeurs et maquilleuses font de moi la reine de cette journée. Je ne me reconnais pas. Annabelle éclate en sanglots cette fois.

— Tu ressembles tant à ta mère.

— Merci.
J'ai des nœuds à l'estomac.

On se dirige vers la chapelle royale, les domestiques se placent de chaque côté du couloir et me gratifient d'un sourire . Il n'y a qu'amour dans leur regard. Ce royaume est chaleureux et leurs habitants amplient d'amour et de bonté. Mon père est devant la chapelle, il m'attend,  attendri par mon apparence.
Il me tend la main, j'ai une pensée pour mon père adoptif , ils sont similaires sur différents points.
La musique retentit par enchantement, tout est si grandiose. Les décorateurs ont fait un excellent travail, c'est magnifique. Je parcours la chapelle des yeux, pour apprécier le travail accompli.
Mon père me dépose jusqu'à l'autel et se place sur le côté. Je n'ose pas regarder mon futur époux, trop gênée  par la situation. C'est encore plus déstabilisant que  le mariage avec Cole. Les circonstances sont différentes . Ça doit être quelqu'un de bienveillant . L'enchanteur commence la cérémonie, mes yeux sont toujours posés sur mes pieds. Il commence les échanges  de  voeux.

— Adam prince du royaume vampire . Souhaitez-vous prendre pour épouse la princesse Lilly du royaume des êtres magiques?

Je relève la tête et pose les yeux sur lui, il est là à mes côtés, paré des plus beaux vêtements princiers. Ses yeux verts que j'ai tant imaginés me fixent intensément. La douleur à la poitrine qui ne me quitte plus depuis des semaines s'envole comme par enchantement. Il semble tout aussi gêné que moi. Je souris timidement. L'enchanteur se racle la gorge. On se concentre sur la cérémonie .

Adam se penche vers mes oreilles, son souffle chaud me chatouille le cou.

— Je prendrais soin de lui comme si c'était le mien.
En posant sur mon ventre bien arrondi.
Mes larmes coulent.

— Oui, je le veux.
Des effusions de joie retentissent dans la salle.

— Princesse Lilly.
Je ne le laisse pas finir sa phrase.
— Oui.

Les invités pouffent dans la salle, Adam sourit.

L'enchanteur prononce le mariage, on échange nos alliances, on se présente officiellement au peuple .
Les félicitations  fusent dans toute la chapelle. Un carrosse nous attend devant la chapelle, nous parcourons les quelques mètres  jusqu'à la réception en calèche. Aucun de nous n'ose parler, trop submergé par l' émotion. Il est revenu, il ne m'a pas abandonné malgré la grossesse.

— Tu es magnifique Lilly.
— Toi aussi Koop.

On rejoint la soirée, sous les acclamations des invités, nous remercions les invités de faire acte de présence. Des vampires félicitent leur prince, et me tendent des cadeaux de mariage. Tout paraît si irréel.
Le soir, nous regagnons la chambre royale en attendant de nous installer au manoir d'Adam. L'ambiance est pesante, aucun de nous n'ose rompre ce silence étouffant.

— Je t'ai cru mort.
— Je n'étais pas loin, on m'a laissé pour mort dans le temple. Des aventuriers en manque  de frissons m'ont retrouvé inconscient.
— Je suis contente de l'apprendre.

Notre première nuit  en tant  que mari et femme était gênante et emplie de  blanc. Nous devons réapprendre à vivre ensemble. Des mois  et des traumatismes plus tard, il y a une sorte de fossé qui s'est creusé entre nous. Ça m'affecte, j'imaginais nos retrouvailles autrement. Aucune vision m'est apparue allant dans un sens ou un autre.

Quelques semaines plus tard, les douleurs au ventre m'ont réveillé en pleine nuit, sous la panique d'Adam. Il a ameuté tout son manoir. Le médecin me prend en charge rapidement, les douleurs me broient de l'intérieur et me coupent la respiration. Adam ne sait plus comment gérer ces souffrances.

C'est le moment de la poussée, Il est à mes côtés,   sa main enroulée à la mienne, il garde son sourire, qui me détend instantanément. Le médecin me fait pousser, les premières minutes, je tiens bien le rythme et ma respiration est régulière. Mais plus les minutes s'écoulent, plus ma force me quitte, et mes  poussées inefficaces. Je n'ai quasiment plus d'énergie, le médecin semble inquiet. Il exerce une pression sur le ventre pour aider le bébé à s'engager.

— Tu vas y arriver princesse.

Les poussées reprennent, les douleurs sont insupportables, mais je donne mes dernières forces, on entend le cri du bébé et le médecin le prend dans ses bras. L'émotion est immense. Il pose le bébé sur moi et c'est le soulagement. Il est  blond aux yeux verts. Adam pleure, et m'embrasse le front. J'entends le docteur interpeller Adam.

— Non, non, faites votre putain de travail.
— Elle a perdu trop de sang. Je suis désolé.

Adam pose les yeux sur moi, mon corps se vide des dernières forces qu'il me reste, ma respiration est plus lourde, mes lèvres sont sèches. Mon cœur ralentit, mes yeux se ferment...