INDECISE

Chapitre 39

Je regagne la chambre énervée. Adam me suit, je lui claque la porte au nez. Il frappe, je l'ignore. Il ouvre la porte, énervé.

— Tu joues à quoi avec moi Koop?
— Je ne joue pas!
— Pourquoi es-tu mon fiancé?
— C'est un accord conclu il y a des années avec ton père!
— Donc je suis une chose qu'on achète et s'approprie au gré des alliances?
— Non dans nos royaumes, c'est courant. Tu sais quoi? Je ne t'épouserai pas,  c'est ridicule!

Je reçois un coup de poignard en plein cœur, mais je ne laisse rien paraître, je bloque mes pensées.

— C'est parfait! On est d'accord!

Quelqu'un frappe à la porte, Adam ouvre  et passe devant Hadrien, mon père biologique. Il entre et me regarde avec tendresse, je suis touchée. Je regrette de ne pas pouvoir me souvenir de lui.

— Moi aussi ma chérie. Je crois qu'il est temps qu'on parle de ta vraie nature.
Je hoche positivement la tête.

— Tu es une enchanteresse, tu as de multiples capacités, qu'un magicien a bridé jusqu'à tes vingt ans.
— D'accord.
— Tu peux lire dans l'avenir, lire dans les pensées, voyager à travers tes songes, tu peux aussi créer des illusions, d'autres te sont propres, je maîtrise le feu et ta mère.
Il s'arrête envahis par le chagrin.

— Qui est-elle? L'ai-je connu? Je n'ai pas pensé une seconde à elle, je n'ai vu que mon père et l'absence d'une mère n'a pas éveillé des soupçons en moi.

— Elle nous a quittés, quelques années après ton départ. Les médecins royaux ont diagnostiqué une maladie incurable. Je pense que t'avoir loin d'elle l'a anéantie. Elle maîtrisait le vent.
Mes larmes coulent.

— Je ne me souviens pas d'elle. Et pour mes parents humains?
— Un enchantement aussi.
— Bien. Mais comment se fait-il qu'il sache pour mes dons?
— Des dons de médium bien maigre par rapport à tes facultés. Sûrement une excentricité du magicien qui était chargé de l'enchantement.
— Je n'ai aucun souvenir de cet endroit.
— On fera en sorte que tu recouvres ta mémoire. J'ai entendu...
Il est gêné.

— Oui?
— Adam et toi. Je ne te force pas. Tu choisiras le mari que tu désires. On fera une déclaration dès que tu le souhaiteras.
— Merci.

Il me laisse me reposer face à toutes ces révélations. Des dizaines de questions sont sans réponse. J'espère en apprendre plus sur moi au fil des jours. Ma quête va-t-elle s'arrêter? Etant donné que je suis de retour dans ma vraie maison. Ce Zion semble intervenir un peu trop dans ma destinée. Je dois le retrouver pour avoir des réponses. Ma vie aurait pris une autre direction...

Le matin, je me réveille avec plusieurs domestiques prêts à s'occuper de moi. Je n'aime pas cette attention portée sur moi. Je suis capable de faire les choses par moi-même. Je l'ai fait ces vingt dernières années. Je rejoins la salle à manger, elle est gigantesque, tout est grandiose. Mon père Adrien est assis au bout de la table. Je repense à mon père adoptif, il n'était peut-être que le fruit d'un enchantement, mais je l'aimais sincèrement.  Je me dirige et m'assois en face d'Adam. Il pose fugacement ses yeux sur moi et se concentre sur son café. Il semble en forme, il a dû se nourrir auprès de la cour.
Je prends mon petit déjeuner, le goût des plats est exquis, ce royaume semble amplifier les saveurs.

— Adam m'a parlé de ta quête.
— Oui votre majesté.

J'entends des bruits de choc de la part des convives. Mon père biologique se racle la gorge, pour faire taire les bruits de stupéfaction. Je regarde Adam qui sourit de malice, je plisse mes yeux en désapprobation.

— Ma chérie, « père »  est plus approprié.
— Je suis désolé « père », je ne connais pas les usages et coutumes de ton royaume.
— Je comprends mon enfant. Concernant la quête, je suis mitigé. Nous venons à peine de te récupérer auprès de ton vrai foyer. La menace rôde toujours.
— Pourquoi penses-tu que Cole souhaite me voir morte? Alors que tu as missionné Adam pour me récupérer?

Ces mêmes bruits de stupéfaction reprennent autour de la table. Mon père pose sa tasse sur la table, et tape dans les mains. Les convives quittent la table. Il ne reste que nous trois autour. Je les vois déguerpir à  une vitesse folle.

— Il a conclu un accord, il est d'une valeur inestimable ma chérie.
— Tout accord  peut être frappé de nullité.
— Non, pas dans notre monde.

Adam semble de plus en plus énervé par mes remarques, mais ça m'importe peu, j'ai besoin de comprendre certaines choses.

— Je veillerai sur elle.
Je pose mes yeux sur Adam, qui semble avoir mis sa rancune de côté.

— Laissez-moi réfléchir.

Mon père se lève et quitte la table, en direction de son bureau.

— Tu penses vraiment  ce que tu dis?
— Bien sûr « Koop »!
Je me lève pour quitter la salle à manger, il utilise sa vitesse vampirique pour se poster devant moi.

— Tu triches Koop!
— Finalement, je retire ce que j'ai dit. Je ne veillerai pas sur toi.

Je le contourne plus énervée que la veille.