𝟹𝟷. 𝚃𝚘𝚞𝚝 𝚕𝚎 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚜.

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(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)





"Ce qui est passé n'est que prologue."
William Shakespeare





𝙰 𝙲 𝚃 𝟺.

🎠 𝙳 𝚎́ 𝚌 𝚎 𝚖 𝚋 𝚛 𝚎.






𝟥𝟣. 𝖳𝗈𝗎𝗍 𝗅𝖾 𝗍𝖾𝗆𝗉𝗌.





Ghost.






Les yeux rivés sur la fenêtre entrouverte, le monde est blanc de neige.

La pièce baigne dans une lumière douce et matinale, filtrée à travers les rideaux légers qui dansent lentement à cause de la brise légère.

Pendant une seconde je perds la notion du temps et de l'espace.

Mes yeux voyagent sur le bureau : des livres soigneusement alignés, le cactus sur la table, les murs peints en marron. Ça sent l'encens.

Le bout de mes doigts s'enfonce dans le cuir du fauteuil sur lequel je suis assis. Mon dos est raide, j'ai une sensation d'urgence qui me rend alerte à chaque bruit, chaque détail. Je me sens prêt à bondir au premier signal.

J'ai horreur de cette sensation.

Mais elle ne me quitte jamais.

— Callahan ?

À l'entente de mon nom entre les lèvres de Baron, mon psychologue, Je suis violemment ramené à la réalité.

Il me faut quelques secondes supplémentaires pour revenir à Londres.

Mon regard était rivé sur l'extérieur, sans tourner la tête, je déplace mes yeux pour le regarder.

Le silence dans la pièce est perturbé par toutes ces pensées qui assaillent sans cesse mon cerveau.

Tout aurait pu se passer différemment...

T'as pas assuré.

T'as échoué, Callahan. 

Assis en face de lui, Baron, remonte ses petites lunettes rectangulaires sur son nez par réflexe — Il réitère ce geste toutes les cinq à dix minutes. — Lui aussi affiche une posture assez rigide. Son regard gris est plongé dans le mien et ne me lâche pas.

Parfois je me demande vraiment ce que je fous là, chaque samedis...

— Callahan, répète-t-il. Vous m'aviez parlé de vos moments de déréalisation.

Je m'éclaircis la voix en me réajustant sur ce fauteuil en cuir.

— Ouais...

— Pouvez-vous m'en dire un peu plus ? Que voyez-vous pendant ces moments ?

Je serre les dents en sentant mes doigts s'enfoncer encore un peu plus dans le cuir.

Je ne veux pas « en dire plus. » Je ne veux pas en parler. Je veux juste que ça sorte de ma tête.

Je veux que ça cesse de me hanter.

Et que ça ne me fasse plus mal à la tête.

Les mots restent bloqués dans ma gorge tandis que mes yeux divaguent de nouveau vers l'extérieur. Je regarde la rue derrière la grande fenêtre. Un chat errant se glisse sous une berline noire garée.

GHOSTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant