112. Bonne chance sergent.

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Les journées se suivaient dans une routine bien huilée pour Éli. Trop consciente du temps, qui rallongeait durant ses heures de cours, elle étudiait avec acharnement pour sa troisième année en ostéopathie. Elle aimait aider les gens. Du haut de ses vingt et un ans tout mouillé, Éli ne se sentit jamais vraiment à sa place au sein des groupes, son caractère bien trop mature et responsable pour les gens de son âge lui donnaient l'air plus âgée. Ses goûts mêmes la reflétaient ainsi. Au fond qui s'en souciait ? Certainement pas elle, pour la première fois depuis des années, elle avait trouvé un groupe d'ami qui ne parlait pas ouvertement dans son dos et ne la montrait pas du doigt pour sa bienveillance. Noélia, Max et Mélodie étaient de belle personne, un peu trop bruyant par moment et réduisant à néant sa batterie social bien souvent, mais ils étaient les seuls qu'elle puisse supporter toute une journée sans exploser.

Exploser. Cela nous ramène au présent. Tournée vers la fenêtre, les pensées folles voltigeant un peu partout dans l'atmosphère, Éli observait le monde d'un œil curieux. Que pouvait bien acheter ce vieil homme dans la pâtisserie ? Et cette jeune fille pourquoi courrait-elle si vite ? Deux questions parmi tant d'autre. Bien sûr la jeune femme n'aurait pas de réponse, jamais, mais elle aimait imaginer la vie des autres à l'extérieur. Un homme bougea alors. Anodin n'est-ce pas ? Or cet homme, caché par une casquette lui mangeant la moitié du visage et abrité sous une passerelle, n'avaient pas esquissé un geste depuis une heure. Une heure qu'Éli lançait des regards intrigués sur sa personne. Qui était-il ? Pourquoi n'avançait-il pas ? Allait-il bien ? Non certainement pas.

— C'est finis pour aujourd'hui, annonça leur intervenant à exactement 14h50 soit quarante minute avant la fin initial du cours.

Diable ce n'était pas commun, cette femme avait-elle un rendez-vous médical pour les lâcher si tôt ? Éli ne le sût jamais, une tornade de cheveux blonds apparut devant ses yeux et leur lança (à elle et sa voisine de table) un sourire immense.

— Les filles ça vous dis d'aller au salon de thé ? demanda Mélodie.

— Je suis pas une fille, maugréa Max derrière elles, dépité.

Seul homme dans un groupe de femme, Max mettait toujours un point d'honneur à rappeler son statut masculin, mais il fallait avouer qu'il s'y connaissait bien mieux en lingerie qu'Éli, en vérité le bougre apprenait un tas de petit tuyau avec ses amies d'école. Il ne l'avouerait pas cependant.

— Yep ! On décolle ! s'enthousiasma Noélia.

Silencieuse Éli rangea rapidement son ordinateur et referma son sac. Discutant des dernières leçons, ou potins, Éli resserra son écharpe autour de son cou : il neigeait dehors. Cela la laissa se demander encore pourquoi l'homme immobile restait-il si... immobile. Le froid hivernal fit frémir la jeune femme, ses mèches bouclées recouvraient ses oreilles sans véritable réconfort face à l'agression.

— Je suis certaine que tout se passera bien Max, si tu as confiance en ta petite amie, elle reviendra vers toi, nota-t-elle. Mais ne l'attend pas trop longtemps, si elle a vraiment la tête coincée au fond de son cul, tu devras la chercher toi-même.

— Tant de sagesse dans un si grand corps, ça me dépasse. Comment t'arrives à dire un truc sérieux pendant une seconde et ramener ça au fessier d'un tiers la suivante ? rit Noélia.

— Le talent, pouffa Éli alors qu'ils sortaient tous de la cours de l'immeuble.

Au loin elle l'aperçut toujours, l'homme immobile, et alors que la conversation découla aussi fluide qu'une rivière, la brune retourna dans ses pensées. Ils avanceraient droit sur lui, le contourneraient et avanceraient des rues plus loin, et cet homme ne bougerait pas d'un millimètre, était-il même encore en vie ?

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 23, 2024 ⏰

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Os en folie... ou non.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant