Chapitre 6

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Point de vue d'Alexander

Le souffle court, les mains tremblantes, je me suis retenu toute la journée après avoir vu son visage dans cet état. 

Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, un rythme effréné qui résonnait dans mes tempes.

Je voulais lui demander tout ce qui s'était passé dans les moindres détails, mais les mots semblaient se coincer dans ma gorge.

Son visage, d'habitude éclatant d'insolence et d'une lueur de défi, était désormais marqué par la douleur.

Les bleus et les ecchymoses peignaient son visage de toutes les teintes de la souffrance.

Ses yeux, d'habitude pétillants de malice, étaient ternis par la tristesse et la fatigue et je me rappelle très vite de notre appel d'hier. 

J'avais envie de prendre ma voiture et le voir immédiatement, je ne supportais pas de l'entendre pleurer tout seul dans sa chambre. 

Tu le connais depuis quelques jours seulement et t'es déjà énervé que quelqu'un lui fasse du mal... à ce rythme je parie que dans quelques mois vous allez finir mariés avec des gosses.

Une partie de moi aurait sûrement pu être heureuse qu'il se confie à moi et qu'il me fasse confiance au point de me montrer ce côté de lui. 

Mais je n'arrivais pas à me réjouir de ça, et les grimaces qu'il faisait à chacun de ses mouvements n'ont pas vraiment aidé. 

Mon cœur se serrait douloureusement en le voyant ainsi, j'aurais aimé effacer sa douleur et lui faire oublier tout ça.

Kieran est devenu plus qu'un simple jouet pour moi, c'est celui qui arrive à m'arrache un rire dans les situations les plus bizarres, celui avec qui je ne vois pas le temps passé. 

Alors le voir dans cet état m'a vraiment demandé toute ma force pour ne pas le prendre dans mes bras, le serrer contre moi et lui promettre que tout irait bien. 

Je ne sais même pas pourquoi j'en ai envie, après tout ce n'est qu'un divertissement que j'ai rencontré il y a quelques jours. 

Mais le peu de temps passé avec lui me suffit à vouloir le protéger et détester le voir souffrir ainsi. 

Et puis, je ne sais même pas comment je pourrais lui offrir un réconfort que je n'arrive même pas à me donner à moi-même.. 

Quand je l'ai vu essayer de me rassurer tant bien que mal, me jurant qu'il n'avait été frappé qu'au visage alors que je voyais son visage se tordre de douleur à chaque mouvement, je me suis senti impuissant pour la première fois depuis longtemps.

Pourtant, malgré sa souffrance, il avait quelque chose dans son regard qui me défiait de l'abandonner.

Une lueur d'amusement qui me rassurait, au moins il restait le même malgré la douleur. 

Alors même si je ne pouvais pas effacer sa douleur d'un simple battement de cils, je pouvais être là pour lui et lui faire oublier le temps d'un instant ce que son grand-père lui avait dit et fait. 

Et c'est exactement ce que j'ai fait pendant toute la journée même s'il n'a pas arrêté de se plaindre dès que je lui payais le moindre truc. 

Malheureusement, la journée est encore passé trop vite et j'ai fini par le raccompagner jusqu'à son bus depuis lequel il me faisait un petit signe de la main avec son sourire à la fois adorable et énervant. 

Avec un soupir résolu, je finis par démarrer à mon tour pour rejoindre ma famille qui m'attendait sûrement pour dîner. 

Kieran : merci pour la journée, même si t'es énervant ça m'a fait du bien de sortir 

Je souris bêtement en voyant son message, je suis sûr qu'il doit avoir réfléchi une bonne dizaine de minutes pour trouver une formulation adaptée. 

Après tout, Kieran n'avouera jamais qu'il aime passer du temps avec moi même si je vois bien que c'est le cas. 

Je retiens un rire en l'imaginant écrire et effacer son message plusieurs fois, le connaissant il doit être en train de se mordiller la lèvre en attendant ma réponse que je ne tarde pas à lui envoyé. 

Moi : avec plaisir, et la prochaine fois tu peux juste dire que je suis un type incroyable dont tu es amoureux, ça ira plus vite..

Je lui envoie en imaginant ses yeux s'écarquiller face à ma réponse avant qu'il ne lâche un flot d'insultes en tout genre mais je suis malheureusement déjà arrivé alors notre conversation devra attendre un peu. 

Je cache mon sourire et mets mon téléphone en silencieux avant de reprendre un air sérieux tout en entrant dans la maison familiale. 

Je n'ai pas vraiment envie de manger avec eux, pas que je ne les aime pas mais je suis épuisé et j'ai énormément de travail. 

Mais je me suis promis de toujours assister au dîner, c'est un moment important pour notre famille, le seul où on se réunit tous peu importe ce qu'on a à faire. 

Je salue rapidement mon oncle et ses enfants avant de prendre ma grand-mère dans mes bras et de saluer mon père. 

Encore une fois, il ne me répond pas et ne fait pas le moindre mouvement mais au moins, il est autour de la table contrairement à ma mère qui n'a pas eu cette chance. 

Je ravale ma colère et m'installe en bout de table alors que les conversations avaient déjà reprit et à en voir le regard de Clara, elle veut que j'annonce ses fiançailles. 

Je n'ai pas envie de le faire au bout de quelques secondes assis avec eux alors j'attends quelques instants avant d'interpeller ma grand-mère. 

Grand-mère : oui Alexander ? 

Moi : ce n'est pas à moi de te le dire mais je tenais à te tenir informée, Clara va se marier.
 

Le silence règne quelques secondes et même le bruit des couverts diminue jusqu'à ne plus se faire entendre. 

Grand-mère : tu as trouvé quelqu'un pour elle ? 

Moi : elle l'a trouvé toute seule. 

Ses yeux s'écarquillent sans qu'elle ne regarde Clara pour autant, elle fait comme si elle n'était pas assise avec nous. 

Grand-mère : tu sais que ce n'est pas comme ça que les choses doivent se faire. 

Moi : Et tu crois que j'ai que ça à faire que de jouer au cupidon pour ma cousine ? 

Grand-mère : tu es le chef Alexander, c'est à toi de maintenir nos alliances, si tu n'as pas le temps de t'en occuper je peux le faire


Sa voix trahit son calme et je vois bien qu'elle se retient de s'énerver mais après tout ce temps à tout contrôler il va falloir qu'elle me laisse faire comme je le souhaite. 

Moi : pas le peine puisque Clara s'est débrouillée sans nous. 

Grand-mère : et je peux savoir pourquoi tu as autorisé ta cousine à rencontrer des inconnus ?

Moi :  elle est majeure et vaccinée, si elle a rencontré quelqu'un de sérieux je ne vois pas pourquoi on s'opposerai à son mariage. 

Grand-mère : c'est une oméga !  Qui sait ce qu'ils ont pu lui fai-


Rien qu'en me rappelant de ce que Kieran a subi pour les mêmes accusations, je finis par la couper brusquement d'un ton plus menaçant que voulu 

Moi : ne continues pas, je t'ai déjà dit ce que j'en pensais. 

Grand-mère : il s'agit de l'honneur de notre famille. 

Son air froid et distant ne me fait pas changer d'avis et au contraire, ce genre de remarque m'énerve encore plus. 

Moi : arrêtes avec ça, elle fait ce qu'elle veut et puis tu préfères vraiment qu'elle aille se marier en cachette ? Elle fera ce qu'elle veut de toute manière alors sois heureuse qu'elle t'ait tenu au courant. 

Elle pose ses couverts en me regardant d'un air sévère sans qu'elle ne puisse faire quoique ce soit pour m'empêcher de laisser Clara se marier. 

Grand-mère : bien, si c'est ce que tu souhaites alors le mariage aura lieu mais je te préviens, au moindre problème il ne faudra pas revenir vers moi c'est clair ? 

Moi : je suis un grand garçon et Clara saura gérer son mariage sans notre aide, n'est-ce pas ? 

Je lance un regard à ma cousine visiblement très mal à l'aise par la situation mais elle finit par acquiescer en me remerciant du regard. 

Clara : ah euh oui bien sûr ! 

Moi : bien. 

Le plat arrive et les conversations reprennent doucement bien que ma grand-mère et moi restions silencieux. 

Pour ma part, je coupais ma viande distraitement alors que mes pensées tournaient toujours autour de Kieran et de ce que j'avais vu sur son visage. 

Normalement, il doit être arrivé chez lui avant 18h alors j'espère qu'il n'aura pas de problème mais si sa famille apprend qu'il était avec moi je n'ose pas imaginer ce qu'ils feront. 

Et puis, je ne comprends pas vraiment pourquoi ils l'enferment à ce point, en général ce sont les grandes familles qui font attention à ce que leur oméga reste "pur". 

Mais je n'ai jamais vu l'un d'eux prendre le bus ou bien travailler dans un restaurant, je devrais peut-être lui demander la prochaine fois.. 

Je lance un regard à ma grand-mère qui continuait de me montrer son mécontentement alors après avoir pris une profonde inspiration, je décide qu'il est temps d'agir.

Je ne peux plus rester passif face à tout ce qui se déroulent autour de moi, et je ne supporte plus la manière dont ils traitent les oméga. 

T'es influencé par ton petit amoureux là.. 

Je ne suis pas influencé et ce n'est pas mon amoureux. 

Oui oui c'est ça.. 

En lui offrant le bonheur, j'ai perdu le mien..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant