Chapitre 35

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Les jours qui suivent voient une distance grandissante entre Alexander et moi.

Chacun de nous semble enfermé dans sa propre prison de silence, nos pensées tournant en boucle sur les événements passés et les blessures infligées.

Au moins je n'ai pas à le supporter ! 

Les jours passent, chaque minute pesant lourdement sur nos épaules déjà chargées de tension.

La dispute entre Alexander et moi reste non résolue comme toutes les autres d'ailleurs.

Chaque soir, il rentre, son visage portant la fatigue liée à ses responsabilités. Mais je reste indifférent à chaque fois, observant sa silhouette sans un mot, sans une once de compassion.

Alexander tente parfois d'entamer une conversation, mais je réponds seulement par des monosyllabes ou un silence glacial. 

Son expression se durcit alors, une lueur de frustration traversant ses yeux, mais il n'insiste pas, se repliant dans son propre monde intérieur pour mon plus grand bonheur. 

Pendant ce temps, je me concentre sur mes examens, m'immergeant dans mes études comme dans un refuge, disons que c'est ma seule option pour quitter cet endroit alors je n'ai pas intérêt à me foirer. 

Les semaines passent dans un tourbillon de révisions et de stress, mais je refuse de laisser les tourments de ma vie personnelle affecter ma performance académique. 

Après tout, j'ai toujours été un procrastinateur qui travaillait la nuit avant le partiel mais ça a toujours fonctionné, et ça doit continuer. 

Ce soir, lorsque j'entends la porte d'entrée grincer, je retiens mon souffle en attendant l'entrée d'Alexander. 

Je suis là, assis dans sa chambre, les yeux fixés sur l'écran de la télévision puisque je me suis accordé une petite pause, mais mon esprit est ailleurs. 

Alexander apparaît alors dans l'encadrement de la porte mais je ne lève même pas mon regard vers lui.

Son regard cherche le mien, mais je détourne les yeux, refusant de lui accorder ne serait-ce qu'un soupçon d'attention.

Je peux sentir sa présence dans la pièce, lourde et chargée de quelque chose que je ne peux pas définir exactement.

Est-ce de la colère, de la frustration ou simplement de la fatigue ? Peut-être un mélange de tout ça. 

Mais je m'en fou.

Néanmoins, ce n'est qu'après avoir entendu sa respiration saccadée que je lève les yeux vers lui et vois son corps voûté sous le poids de ses blessures qui teinte tous ses vêtements de sang.

Avec combien de gens il s'est battu pour se retrouver dans cet état sérieux ? Puis de toute façon ça ne me regarde pas. 

Mouais. 

Il boite jusqu'à la salle de bain, les pas lourds sur le sol carrelé, laissant derrière lui une traînée de sang qui offre une vue désagréable. 

Le silence s'installe, seulement brisé par le bruit de l'eau qui coule alors qu'il nettoie ses blessures en gémissant de douleur, encore une réunion entre amis je suppose. 

Il avait l'air d'être salement amoché, t'es sûr que tu veux pas juste jeter un coup d'oeil ? 

Je ne veux pas en entendre parler conscience, et encore moins connaître leur origine.

Pourquoi devrais-je m'en soucier ? Après tout, il ne s'est jamais soucié de moi, c'est même le contraire, n'est-ce pas ? 

Quand il sort de sa douche, son visage est pâle, marqué par la douleur mais je ne m'inquiète toujours pas pour lui. 

Ses yeux cherchent les miens, désespérés, mais je reste impassible, refusant de lui donner la satisfaction de ma compassion alors il m'interpelle d'une voix épuisée. 

Alexander : Kieran.. 

Je ne réponds pas, gardant mes pensées pour moi-même.

Il a choisi sa voie, et il doit en assumer les conséquences seul, après tout, je ne suis plus la personne qui devrait rester à ses côtés et partager son fardeau. 

En lui offrant le bonheur, j'ai perdu le mien..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant