Chapitre 5

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Plus personne ne bouge et les regards s'écarquillent en attendant la réponse de mon grand-père dont la respiration devient de plus en plus bruyante.

Mon père, sachant très bien que j'allais sûrement me faire tabasser à mort, essaie d'intervenir mais c'est trop tard.

Mon grand-père attrape mes cheveux et me jette au sol avant de me rouer de coups en tout genre sans que je n'essaie de me protéger.

Je ne sais pas vraiment combien de temps cela a duré mais il finit par s'écarter de moi essoufflé, alors que mon père le retient comme il le peut.

Grand-père : je n'en ai pas fini avec toi Kieran, crois moi tu vas regretter d'être né

Moi : c'est déjà le cas.


Je me relève tant bien que moi après que la tempête de violence de mon grand-père se soit apaisée et me retire dans ma chambre, tremblant de douleur et de confusion.

Hésitant à regarder le résultat des coups dans le miroir, je finis par céder à la curiosité morbide.

Mon reflet me glace le sang : mon visage est enflé et marqué de rougeurs, les contours de mes yeux et de ma mâchoire sont déformés par les contusions.

Une coupure peu profonde au niveau de ma lèvre inférieure laisse échapper une mince trace de sang, contrastant avec la pâleur de mon visage.

Mes épaules portent également les stigmates des coups, avec des ecchymoses sombres et douloureuses qui témoignent de la violence infligée.

Je détourne rapidement le regard, ne pouvant supporter de contempler plus longtemps les dégâts que mon grand-père a causés.

Je me glisse sous la douche avant d'aller m'allonger dans mon lit à la recherche d'une position à peu près confortable.

Mais alors que je retenais difficilement mes larmes, j'entends mon téléphone sonner.

Alexander : Allô ?

Moi : Oui ? 

Malgré ma voix tremblante, je profite du son de la sienne que je trouve incroyablement réconfortante.

Alexander : T'es bien rentré ? Tu avais l'air pressé j'espère que c'est rien de grave

Sa réponse m'empêche de me retenir plus longtemps et je finis par fondre en larmes à son oreille.

Alexander : ehh Kieran, qu'est-ce qui se passe ? Tu veux que je vienne ? T'es où ?

Je sanglote en essayant de lui répondre mais seul mes pleurs se font entendre et même si je déteste être aussi faible devant lui, ça fait tellement de bien de l'entendre.

Alexander : calmes toi, respires doucement et expliques moi ce qui s'est passé..

Moi : m-mon.. m-mon grand-père

Alexander : il est mort ?


Non malheureusement.

Moi : n-non..

Alexander : il t'a fait du mal ?


Je sanglote en acquiesçant et je l'entends soupirer avant de se lever au vu de bruit de sa chaise.

Alexander : tu veux que je vienne ?

Moi : t-tu peux p-pas..

Alexander : bien sur que si je peux, mais je ne viendrais pas si ça complique les choses sont pour toi.

Moi : mhh..


Aucun de nous ne parle pendant un moment, je l'entends juste respirer alors que mes pleurs se calment peu à peu.

Alexander : tu peux m'expliquer ce qu'il a fait ?

Moi : i-il n'aime pas quand je rentre aussi tard.

Alexander : il n'a qu'à t'envoyer un chauffeur dans ce cas.


Un point pour ce gars et un !

Moi : Ouais mais pas sûr qu'il le fasse..

Alexander : et c'est tout ? Il s'est énervé pour ça ?

Moi : ouais, il a dit qu'un oméga n'avait rien à faire seul dehors à cette heure-ci

Alexander : tu rentrais chez toi, c'est pas comme si tu t'étais fait arrêté par la police.

Moi : mhh, mais selon lui j'étais en train de coucher avec je ne sais combien de personnes

Alexander : attends... sérieusement ?

Moi : ouais, si je rentre à 19h ça veut forcément dire que je suis allé me faire baiser, après tout je suis un oméga


Je soupire pour retenir ma colère mais je sens bien mes larmes monter encore plus en repensant à ces conneries, c'est tellement injuste ! 

Moi : je le déteste ! Lui et toutes ces idées à la con !

Alexander : je ne sais pas quoi te dire Kieran mais je te promets que ça va s'arranger d'accord ?

Moi : faudrait un miracle pour me sortir de cette maison.

Alexander : un mariage suffirait.. Ca te dirait pas ?

Moi : j'ai dit un miracle pas un cauchemar.

Alexander : là je te reconnais ! Bon, reposes toi ce soir et on se voit demain d'accord ?

Moi : je n'ai pas cours demain.

Alexander : et ils le savent ?

Moi : non.

Alexander : alors on se verra demain

Moi : j'ai pas une belle gueule je te préviens.

Alexander : c'est pas pour ça que je veux te voir, et puis ça m'étonnerai je suis sûr que même comme ça tu restes aussi beau

Moi : si t'essaies de me remonter le moral avec des faux compliments saches que c'est raté

Alexander : dommage, mais qui t'a dit qu'ils étaient faux ?

Je sens mes joues rougir violemment alors que mon coeur bat un peu plus fort et au vue du son que j'entends, mon absence de réponse semble l'amuser. 

Moi : bonne nuit Alexander.

Alexander : bonne nuit Kieran

Je pose mon téléphone et m'endors rapidement en prenant le soin de fermer ma chambre à clé afin que personne ne vienne m'emmerder avant un moment.

Je me réveille le lendemain en grimaçant à cause de mes courbatures, j'avoue que j'aurais sûrement dû me taire hier et quand je repense à mon appel avec Alexander j'ai envie de me tuer. 

J'imagine même pas comment je vais faire quand je serais face à lui, surtout avec une gueule pareille. 

Je glisse sous la douche pour me préparer à sortir comme si j'avais école et prends soin de masquer au mieux les dégâts afin de ne pas rendre heureux mon grand-père et ne pas inquiéter mes parents. 

Je remplis mon sac de cahier léger et sors comme si de rien était en évitant les regards que les autres portent sur moi. 

Je prends mon bus comme à mon habitude sous le regard surpris des autres usagers et rejoins Alexander qui m'attendait devant le restaurant où je travaille. 

En lui offrant le bonheur, j'ai perdu le mien..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant