En lui offrant le bonheur, j'ai perdu le mien..

Chapitre 9

On reste enlacés, nos lèvres continuant de s'unir dans des baisers passionnés qui semblent durer une éternité. 

Le temps semble s'être arrêté dès qu'Alexander m'a prit dans ses bras et ce n'est qu'en entendant mon réveil que la réalité finit par nous rattrapé. 

Je me redresse lentement pour ne pas lui faire mal et enlève mes mains de ses épaules alors que la lumière douce du matin traverse les vitres de la voiture.

Je me tourne doucement vers la fenêtre et réalise avec une pointe de déception que nous avons complètement oublié de regarder le lever du soleil.

Un sourire un peu ironique se dessine sur mes lèvres alors que je me recoiffe rapidement, remettant de l'ordre dans mes cheveux.

Alexander me regarde avec un mélange de surprise et d'amusement avant de comprendre que nous avions passé notre temps à nous embrasser plutôt qu'à regarder le lever du soleil.

Alexander : Eh bien, je suppose qu'on a été un peu distraits

Son rire réveille le mien et je m'empresse de m'assoir sur mon siège en m'étirant tout en priant pour que personne ne se rend compte que j'ai passé la nuit à embrasser un gars dans sa voiture.. 

Moi : Oui, mais pas qu'un peu à mon avis.. 

Il me sourit en me lançant un regard complice avant de démarrer pour prendre un petit déjeuner en drive. 

On dévore rapidement nos croissants alors qu'il roule vers le restaurant où je travaille tandis que j'essaie de m'arranger du mieux que je peux. 

Alexander : n'empêches, j'aurais jamais cru que je passerai des heures à goûter tes lèvres... 

Moi : je suis incroyablement séduisant je le sais

Alexander : et moi incroyablement doué vu comment tu as aimé... 

Il me jette un regard en coin alors que je tourne la tête pour ne pas lui montrer ma gêne. 

Moi : mouais, je suppose qu'on peut t'accorder ça.. 

Son visage s'illumine en un sourire à l'entente de l'un des rares "vrais" compliments que je lui fais depuis des mois. 

Son sourire m'amuse mais je ne peux m'empêcher de rire tout en regardant par la fenêtre. 

Moi : tu vois, j'aurais jamais dû te faire ce compliment.. 

Alexander : Pourquoi ? Parce que ça me fait plaisir ? 

Moi : Exactement, maintenant tais toi et ouvres moi la porte

Il laisse échapper un rire avant de me tirer vers lui pour m'embrasser à nouveau tout en prenant soin de glisser sa main dans mes cheveux pour détruire tous mes efforts. 

On est coupé par le bruit de la porte qui se débloque alors qu'il s'éloigne de moi en souriant. 

Alexander : bon courage pour ta journée, on se voit tout à l'heure.. 

Je lui lance un regard noir à la fois frustré et amusé avant de sortir en arrangeant mes cheveux alors qu'il ne démarre pas et se contente de sortir de sa voiture.  

Point de vue d'Alexander 

Je suis assis sur le capot de ma voiture comme à mon habitude, observant Kieran  se recoiffer maladroitement et entrer dans le restaurant avec un sourire aux lèvres.

Son visage rayonne de cette lueur naturelle qui semble toujours l'accompagner, et pour un instant, je me permets de me perdre dans l'éclat de son sourire.

Et je me surprends à sourire en m'imaginant les différentes façons de l'agacer, de le provoquer.

Après tout, c'est toujours amusant de taquiner Kieran, même s'il peut parfois être un peu grincheux.

Au début, je pensais avoir juste trouvé un jouet pour faire passer le temps mais j'ai fini par tomber sur l'être le plus contradictoire que j'ai pu rencontré. 

En quelques mots il est parfaitement imparfait, comme si le moindre de ses défauts finissait par devenir une nouvelle raison qui me rend fou de lui. 

Mais ce qui me surprend le plus, c'est ma facilité à sourire et à rire en sa présence alors que je suis d'habitude impassible quoiqu'il se passe autour de moi. 

C'est comme si ces moments avec Kieran sont mes pauses pendant mes journées épuisantes, des courts instants où il n'y a que lui, moi et nos taquineries stupides. 

Mais alors que je commence à élaborer mentalement mes plans pour taquiner Kieran la prochaine fois, Matthéo me rejoint en tapant légèrement mon épaule et me tire rapidement de mes pensées. 

Matthéo : je vois que tu perds pas une seconde pour reprendre le travail.

Il jette un regard amusé vers l'intérieur du restaurant alors que je fronce mes sourcils pour lui faire savoir que je ne comprenais pas ce qu'il racontait. 

Il regarde autour de nous, s'assurant que personne ne nous écoute, puis il se penche vers moi et murmure.

Matthéo : C'est Kieran, tu sais le fils de Lucian Eldor..

Mon cœur rate un battement.

Un frisson glacé me parcourt l'échine alors que je prends conscience de l'ampleur de la situation.

Kieran, cet idiot dont je n'arrive pas à me détacher et qui a prit tellement de place dans ma vie solitaire, est ma cible depuis le début.

Une boule de rage et de culpabilité se forme dans ma poitrine, mélangeant confusion et colère.

Je sens mon sourire s'effacer rapidement de mon visage alors que les mots de Matthéo résonnent dans ma tête.

Kieran est la cible.

C'est impensable. C'est impossible. 

Comment j'ai pu être aussi aveugle ? Comment j'ai pu laisser les choses en arriver là ?

J'aurais dû vérifier son identité, insister pour le raccompagner chez lui, me débrouiller pour tout savoir mais à chaque fois que je voulais le questionner, je finissais par laisser tomber et profiter du moment avec lui. 

Je suis secoué par une vague de colère sourde, une colère dirigée non seulement contre ceux qui finiront tôt ou tard par s'en prendre à Kieran mais aussi contre moi-même pour avoir laissé les choses arriver à ce point. 

Je n'arrive même pas à imaginer ce que je vais devoir lui faire, je me sens trahi par ma propre inattention, par ma propre naïveté.

Je savais bien que tout était trop beau pour être vrai mais pourquoi parmi tout le monde, il a fallu que ça tombe sur lui. 

J'ai imaginé des centaines de fois le scénario où je détruirai cette famille de meurtrier mais jamais, je n'aurais cru ressentir autant de peine pour l'un d'eux. 

Rien qu'à le regarder sourire en prenant la commande de ses clients, j'ai envie de foutre en l'air toute cette histoire de vengeance mais je n'en ai pas le droit. 

Je prends une profonde inspiration pour me calmer, luttant pour garder mon sang-froid.

Mais chaque inspiration semble apporter avec elle une nouvelle vague d'émotion, une nouvelle vague de douleur.

Kieran va devoir payer ce que sa famille a fait et je me sens impuissant face à cette menace qui plane sur lui. 

La menace c'est toi, je tiens à le préciser..

Il ne mérite pas ce que je vais faire mais, même si je ne mêle jamais des innocents, je me suis juré de détruire cette famille jusqu'au dernier. 

En imaginant ce qui va lui arriver, je sens le poids de cette nouvelle m'écraser un peu plus et je ne sais même pas comment je vais avoir la force de lui faire autant de mal. 

La rage bouillonne en moi, mêlée à un sentiment de trahison et de désespoir.

Comment j'ai pu laisser tout ça en arriver là putain ?

Kieran est trop bon, trop innocent pour être mêlé à cette guerre mais je n'ai pas d'autre choix, il est le pion indispensable qui fera tomber le reste de sa famille. 

Je me sens mal rien qu'en imaginant son regard pleins d'innocence et d'espoir que je vais devoir détruire, alors comment je suis censé faire le reste ? 

Mon téléphone vibre dans ma poche, me tirant de mes pensées sombres mais mon coeur se serre en voyant qu'il s'agit d'un message de Kieran.

Kieran : on se voit toujours pour le déjeuner ?

Un frisson me parcourt alors que je lis ses mots, réalisant que désormais aucune de mes réponses ne sera la bonne.

Je regarde le message, sentant une boule se former dans ma gorge et sans réfléchir, je ne réponds pas et verrouille mon téléphone simplement en le laissant en vu, avant de me lever brusquement pour monter dans ma voiture. 

J'ignore complètement Matthéo et démarre le plus vite possible pour m'éloigner de lui, du restaurant et de tout ce qui lui est lié. 

Une détermination froide s'empare de moi, rien ne m'empêchera de me venger.

De ce que j'ai cru comprendre, il n'y a qu'une seule chose que je peux faire pour les atteindre pour le moment : détruire leur honneur.

Et je suis prêt à tout pour y parvenir.

Même à le sacrifier lui ?..