Duncan
Je me sentais un peu ridicule dans cet accoutrement digne d'un film hollywoodien, mais Sieglinde m'avait assuré que cette cotte de mailles, ce casque, ainsi que ces protections aux jambes et aux bras seraient indispensables, surtout au début. Elle n'avait pas tort au fond. Je troquais mon uniforme de camouflage et mon fusil d'assaut pour un équipement qui me ramenait mille ans en arrière. Je n'y connaissais rien au maniement des armes blanches. Lors de mon entraînement militaire, j'ai appris à utiliser un poignard, mais en plus de dix ans dans l'armée, je ne m'en suis jamais servi sur un ennemi. Deux mètres environ, c'était la distance la plus courte à laquelle j'ai tué un ennemi avec une arme de poing, mais rien d'équivalent au corps à corps. Autant dire que j'étais un novice. Cette situation ne me plaisait pas. Il y a encore deux jours, j'étais un vétéran qui avait dix hommes sous ses ordres, et maintenant, j'étais sous les ordres d'une valkyrie, sur le point de subir un entraînement avec un Einheri confirmé, selon les dires de Sieglinde, qui est restée très évasive à son sujet. Je sentais qu'elle me cachait des choses, mais j'avais l'habitude... des supérieurs cachottiers, j'en avais connu pas mal.
- Si j'avais su, j'aurais emmené un jeu de cartes... tentais-je pour détendre l'atmosphère à force d'attendre notre fameux Einherjar.
- Vous aviez quelque chose de prévu ? répondit-elle aussitôt. Elle avait de la répartie et un peu d'humour malgré ses apparence froide.
Nous vîmes presque simultanément un homme se faufiler entre tous les duellistes, se frayant un chemin sans que cela ne semble le perturber davantage d'avoir des pointes de lance ou d'épée qui passaient à ras de lui. Il voulait sans doute m'impressionner, et le pire, c'est que cela fonctionnait. Je ne pouvais pas encore discerner son visage, mais je pouvais sentir une aura de puissance non comparable à celle d'Odin ou même de Sieglinde, mais elle restait écrasante. Lorsqu'il se trouva en face de la valkyrie, cet Einheri s'agenouilla aussitôt.
- Flavius Aetius, c'est un honneur de servir sous vos ordres, veuillez excusez mon retard Dame Sieglinde.
Sieglinde lui permit de se relever, puis elle me fit signe de m'approcher.
- Aetius, voici le nouvel Einheri, Duncan MacReady.
- Enchanté. Je ne savais pas à qui j'avais affaire. J'étais un bleu maintenant, autant me faire bien voir par un vétéran de cette armée. Je lui tendis ma main pour le saluer. Il sembla apprécier mon geste et m'attrapa la main. Il avait une sacrée poigne. Si j'avais été un simple civil, je crois que j'aurais fini à genoux. Il esquissa un sourire en me voyant résister à sa poigne.
- Aetius, vous connaissez l'évolution des armées humaines de Midgard. Duncan a utilisé des armes à projectiles toute sa vie, donc je compte sur vous pour lui enseigner les mouvements de base à l'épée, car c'est l'arme qu'il a choisie.
Sieglinde recula de quelques pas pour nous laisser de la place. Aetius fit un signe de tête, puis récupéra une épée d'entraînement. Je fis de même. La tension était palpable dans l'air alors qu'Aetius s'avançait vers moi, son regard sévère indiquant qu'il n'allait pas prendre de pincettes.
- Duncan, c'est un tout autre monde ici. Oubliez les fusils et les tactiques de Midgard. Vous êtes dans le royaume des Aesirs, et ici, l'épée est la véritable extension de votre être. Si vous voulez survivre, vous devez maîtriser chaque mouvement, chaque geste, comme si votre vie en dépendait. Compris ?
Je hochai la tête, sentant la pression monter. Aetius était un instructeur exigeant, et je devinais que l'entraînement à venir serait intense.
- Très bien. Commencer par tenir votre épée correctement. Gardez-la ferme, mais pas trop rigide. Vos doigts doivent être souples, prêts à réagir à chaque instant.
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Les amants du Valhalla
RomanceMortellement touché lors d'une patrouille militaire, Duncan MacReady respire son dernier souffle, mais au seuil de la mort, une vision extraordinaire se révèle : Sieglinde, Valkyrie d'Asgard, surgit des cieux sur un destrier blanc pour lui offrir un...