Chapitre 20 Renégats 3/3

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Sieglinde


Ma sœur relâcha sa main, crachant une dernière fois une gerbe de sang avant d'expirer son dernier souffle. À cet instant, je ne pouvais pas dire que j'étais triste. Skögul et moi n'étions pas proches, elle était l'aînée pour qui j'avais le plus de sympathie, la moins hostile à mon égard et avait en plusieurs occasions montrer une certaine gentillesse à mon égard. Je ne devrais pas penser ça, mais je ressentais le désir que cette flèche ait atteint la gorge de Sigrdrifa plutôt que celle de Skögul.

Duncan, dans un geste emphatique, décrocha sa cape et recouvrit le corps de Skögul.

-Ce fils de pute... Je vais lui trancher la gorge, déclara-t-il en fixant un point précis en haut du canyon.

Mon regard se posa dans la même zone. Était-ce lui le responsable ? Ce n'était pas un Jötnar et il n'avait pas l'allure d'un Einheri. Mais peu importe. J'abandonnai le corps de ma sœur et remontai sur ma monture.

-Dame Sieglinde, où allez-vous ? me demanda Duncan.

J'étais trop enivrée par une fureur montante pour l'écouter. Donnant un coup d'étrier sur ma monture, je me frayais un chemin à travers les combattants et les cadavres. J'aperçus un petit chemin escarpé qui remontait vers le sommet du canyon. Sans hésitation, je m'y engouffrai, rejoignant rapidement les hauteurs. Duncan était sur mes talons. Malgré mon état, je pouvais l'entendre m'exhorter à ne pas foncer tête baissée et surtout, à ne pas y aller seule.



Arrivée en haut, plusieurs Jötnar, surpris par mon arrivée, tentèrent de m'attaquer, mais je n'avais pas le temps à perdre avec ce menu fretin. Je les esquivai, me focalisant uniquement sur cet homme. Brandissant mon épée, je me lançai dans une charge tout en poussant un hurlement strident, mêlé de peine et de colère. Arrivée à son niveau, je fis tomber ma lame, visant son épaule, mais mon coup ne fendit que l'air. Emportée par l'élan de ma monture, elle fit une dizaine de mètres avant que je parvienne à la faire faire demi-tour.

Cet homme était toujours là, lui et moi, nous nous regardions en chiens de faïence.

-Dame Sieglinde, c'est un plaisir d'enfin vous rencontrer, dit-il en inclinant la tête.

-Dame Sieglinde! Duncan, qui avait réussi à neutraliser les Jötnar que je lui avais laissés, arriva sur les arrières de l'homme. Le regard de Duncan s'assombrit. "Lokkju..."

-Einheri Duncan, c'est aussi un plaisir de vous revoir, répondit Lokkju avec un sourire hypocrite.

C'était donc lui, le fameux Lokkju qui avait eu des paroles si cruelles envers Duncan. Maintenant que je le voyais, j'avais la certitude de ne jamais l'avoir vu sur Asgard ou Vanaheim. Mais qui était-il ? Il avait une aura étrange, aussi pesante que celle des pères ou des aînés. Ce Lokkju n'en donnait pas l'impression, mais il était clairement un adversaire à ne pas sous-estimer.

-Duncan, attaquons-le ensemble. Ne te laisse pas berner par son apparence, il cache sa véritable force...

Lokkju me lança un sourire amusé.

-Vous êtes perspicace, Dame Sieglinde... Il regarda un instant vers le fond du canyon. "La bataille semble tourner à l'avantage d'Asgard... Ces pions auront eu leur utilité, deux Valkyries dont une aînée sont mortes...

Mon sang ne fit qu'un tour et je fis galoper mon cheval droit sur lui, Duncan, surpris, m'imita peu après. Lokkju était sans arme et semblait sans défense, mais ce n'était qu'une façade. Il montra l'étendue de sa force en un instant. Duncan et moi étions sur le point de le frapper chacun de notre côté, mais notre adversaire esquiva nos lames et frappa nos montures, nous faisant tomber au sol. Ma tête heurta directement le sol, et malgré la douleur et le flot de sang qui recouvrait la moitié gauche de mon visage, je me relevai, titubant, et avançai vers Lokkju.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant