Duncan
Sept jours se sont écoulés depuis que nous travaillons quasiment sans relâche, creusant de nombreuses tranchées garnies de pieux un peu partout autour du Valhalla. Les hautes murailles représentaient une défense impénétrable, mais nous, les Einherjar, anciens officiers ayant commandé des troupes, savions qu'un excès de confiance en un seul avantage était suicidaire. Il ne fallait pas seulement compter sur ces murailles. Ce fourbe de Lokkju avait sans doute un plan pour les contourner ou même les détruire. Les Valkyries, en sous-nombre, comptaient sur nous pour gérer ce genre de travaux.
En discutant avec d'anciens officiers ayant appartenu à des armées de renom des plus grands royaumes et empires des mille dernières années, nous avons établi toute une série de pièges et d'obstacles visant à ralentir l'armée qui viendrait déferler sur nous. En plus des tranchées de pieux, les Einherjar ayant vécu entre le XXe et le XIXe siècle ont été d'une aide très précieuse. Leur connaissance des armes à poudre allait être décisive... Lokkju était un fourbe qui misait sur le fait que nous nous battions de façon « honorable ». Nous allions donc lui montrer que nous aussi, nous serions fourbes et déshonorables. Les Valkyries étaient dubitatives face au plan que je leur avait proposé, mais en ces heures sombres, seule la survie comptait, peu importe si nous devions nous déshonorer.
M'inspirant des ennemis que j'ai pu affronter sur terre, qui utilisaient des armes de fortune, j'ai transmis le message à tous mes frères et sœurs d'armes pour reproduire les petits gadgets qui ne manqueraient pas de surprendre nos ennemis. Nous avons commencé à dissimuler ces gadgets dans des lieux stratégiques qui empêcheraient les ennemis de progresser en bon ordre. Avec leur nombre important, nous devions en tirer parti. Une telle masse d'ennemis serait peu mobile et moins réactive. Si les pièges ne se révélaient pas suffisants, un autre piège les attendrait dans les derniers mètres devant la muraille : une fosse remplie de sang de dragon. Une fois enflammé, cela formerait un barrage quasiment impénétrable.
M'accordant un bref moment de répit, je vidai l'intégralité de ma gourde lorsque Heckel, Connor et Suleika arrivèrent, le visage rayonnant.
-Bonnes nouvelles Duncan ! Je pensais qu'on ne le trouverait jamais, mais on sait par où passe ce salopard de Lokkju ! annonça Heckel.
-Vraiment ? Racontez-moi tout !
-L'honneur devrait revenir à Suleika, c'est elle qui a eu l'idée, intervint Heckel.
-Merci, Heckel, répondit-elle.
Malgré une certaine tension entre eux, Heckel s'était véritablement assagi, montrant de la bienveillance et du respect envers Suleika.
-Lokkju passait par une dalle derrière le trône d'Odin... Le passage menait directement non loin du Bifrost. Inutile de te préciser que nous l'avons aussitôt fait boucher, expliqua-t-elle.
-Bravo les gars ! C'est un sacré poids en moins sur nos têtes. Si cet ordure veut s'en prendre à nous, il devra le faire de face comme un vrai guerrier !"
-Ces trucs ne seront pas suffisants, tu sais... remarqua Heckel en désignant les hommes en train de finir de creuser ou de poser des pièges.
-Le but n'est pas de les arrêter mais de les ralentir le plus longtemps possible. Nous sommes encore sans nouvelles d'Heimdal, nous ignorons si nous pourrons compter sur nos alliés.
-Un combat à mort... Ça ne me changera pas de mon ancienne vie contre les flics, répondit Heckel sur un ton volontairement sarcastique en direction de Suleika.
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Les amants du Valhalla
RomanceMortellement touché lors d'une patrouille militaire, Duncan MacReady respire son dernier souffle, mais au seuil de la mort, une vision extraordinaire se révèle : Sieglinde, Valkyrie d'Asgard, surgit des cieux sur un destrier blanc pour lui offrir un...