Duncan
Depuis la fin de notre mission sur Nidavellir ainsi que notre petite escapade qui était restée inaperçue au yeux de tous, les signes d'un changement profond se faisaient sentir. Selon les dieux, il ne faisait aucun doute que le Ragnarok était imminent. La mort de plusieurs valkyries et le fait que de nombreuses femmes se soient vues destinées à devenir Einherjar ne faisaient que confirmer leurs soupçons. En effet, Suleika avait été la première femme Einherjar, mais voilà bientôt plus de cinq mois qu'Asgard en avait accueilli plus d'une centaine. Sieglinde elle-même avait reçu la charge de quatorze d'entre elles.
Cet afflux de guerrières causa évidemment pas mal de frictions. Les tensions montaient chaque jour un peu plus, alors que l'ombre du Ragnarok se profilait à l'horizon. Les anciens Einherjar, habitués à des siècles de camaraderie exclusivement masculine, voyaient d'un mauvais œil cette transformation. Ils se sentaient menacés par cette nouvelle dynamique, incapables de comprendre que l'heure était à l'unité et non à la division.
***
De retour après une mission humanitaire sur Alfheim, nous avions aidé les Dokkalfar à restaurer leurs nouveaux champs d'agriculture, qui avaient été victimes d'actes malintentionnés. Nous avions découvert que des Alfs avaient volontairement causé ces dommages. Ils avaient été lourdement châtiés, mais il faudrait encore beaucoup de temps pour que la haine entre ces deux peuples prenne fin. Quoi qu'il en soit, notre mission avait été un succès et nous pouvions enfin rentrer à Asgard.
Dès que nous franchîmes le seuil du Bifrost, nous ne fûmes pas accueillis comme d'habitude par Heimdall, mais par tout un groupe d'Einherjar avec, à leur tête, Sigrdrifa.
- Sigrdrifa ? Que se passe-t-il ? demanda Sieglinde, visiblement surprise.
- Sieglinde, vous devez vous rendre immédiatement à la salle du trône avec votre... Housecarl, lança-t-elle en me regardant d'un air étrange.
- Nous revenons de mission, pouvons-nous tout d'abord...
- Père a donné ses ordres, vous devez venir immédiatement, coupa t-elle frappant la hampe de sa lance sur le sol.
Sieglinde semblait troublée par cet ordre, mais elle finit par acquiescer. Elle donna des consignes à son unité, puis rejoignit sa sœur, tandis que je fis de même, avec une certaine appréhension que je ne comprenais pas encore.
Lorsque Sigrdrifa ouvrit les portes de la salle du trône, je découvris avec Sieglinde, avec une stupéfaction visible, Odin sur son trône, accompagné de sa femme et de tous ses enfants. Même Thor était présent, lui qui est presque tout le temps sur Terre. C'était un signe que quelque chose de grave venait de se produire. Mais un détail me frappa : il n'y avait pas d'Einherjar ni d'Housecarl. J'étais le seul de ma caste en réalité. Je commençais à ressentir une peur primaire parcourir mon échine... Était-il possible que... mais il était désormais trop tard pour fuir, Sieglinde et moi étions seuls face à tous ces dieux... En apercevant fugacement le visage de ma douce valkyrie, je compris aussitôt qu'elle aussi, redoutait de quoi il allait être question.
- Avance, Sieglinde... ordonna Sigrdrifa d'une voix glaçante.
Gardant une attitude impassible, Sieglinde s'avança vers la salle du trône sous les regards scrutateurs de toute sa fratrie. Je la suivis de près et m'agenouillai face à Odin lorsque je fus à la distance dictée par le protocole.
Tous les deux, un genou à terre, un silence de mort plana sur la salle du trône, un silence qui fut brisé par la voix du père de tous.
- Savez-vous pourquoi vous êtes ici... Sieglinde... Duncan MacReady ?
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Les amants du Valhalla
RomanceMortellement touché lors d'une patrouille militaire, Duncan MacReady respire son dernier souffle, mais au seuil de la mort, une vision extraordinaire se révèle : Sieglinde, Valkyrie d'Asgard, surgit des cieux sur un destrier blanc pour lui offrir un...