Chapitre 20 Renégats 1/3

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Solveig


Jötunheim

Ce monde était en proie à une agitation croissante, une situation devenue préoccupante. Le Roi Thrarghal se trouvait de plus en plus confronté à des difficultés pour contenir les Jötnar renégats, ce qui l'obligeait à envoyer nos Einherjar en renfort. C'est ainsi que je me suis retrouvée ici, bien que cela ne m'enthousiasme guère. Je souhaitais prouver à mon père et à mes neuf aînés de quoi j'étais capable. Après tout, même la plus jeune de notre fratrie, âgée d'à peine 100 ans et qui, il n'y a pas si longtemps, était ma pupille, avait déjà à son actif la mort d'un descendant de la Bête et était sortie indemne d'un affrontement contre un Dreki. En comparaison, moi, qui ai mille ans, je n'ai rien accompli de similaire. Cette petite Sieglinde, en apparence insignifiante, a démontré qu'elle avait des ressources. Je devais m'en inspirer pour briller à mon tour.

Notre patrouille nous avait menés loin dans les terres reculées de ce monde. Les quelques tentatives de traquenard des renégats avaient été aisément défaites. En tête de la colonne, je me tournai vers mon Housecarl, Assan.

-Assan, nous allons établir le bivouac ici. Le terrain est plutôt avantageux. Les Einherjar vont ériger une palissade et un mur de pieux. Je veux que les tours de garde soient effectuées par un minimum de dix de nos hommes.

-À vos ordres, Dame Solveig, répondit-il avec un signe de tête respectueux.

Mes Einherjar montèrent le camp avec diligence, érigeant des palissades et des pieux autour de nos tentes pour nous offrir une maigre protection face aux Jötnar. Cela suffisait pour rassurer les hommes. Comme à chaque fois, je voulais m'assurer que tout était en ordre, inspectant le travail des troupes. Rien n'était à signaler, hormis le comportement assez étrange de mes Einherja. Je mis ça sur le compte de la fatigue et du stress accumulés ces derniers jours.


Après avoir donné mes derniers ordres à Assan, je rejoignis ma tente, désireuse de planifier la journée de demain. Inspectant la carte de la région, je réfléchis au meilleur itinéraire à suivre.

Une main se posa sur mon épaule, et reconnaissant cette douce chaleur, je posai un instant ma joue sur cette main.

-Tout est en ordre, Dame Solveig. Les hommes ont fini de monter le camp, déclara Assan.

Je lui caressai la main avant de lui donner un petit baiser dessus. "Merci, Assan. As-tu remarqué le comportement des troupes?"

-Oui, ils sont tendus, c'est assez inhabituel. J'ai posé quelques questions à certains d'entre eux, mais ils sont restés assez évasifs, ils cachent quelque chose mais je ne comprends pas pourquoi... répondit-il.

-L'expédition est sur le point de toucher à sa fin. Tout rentrera dans l'ordre une fois sur Asgard, tentai-je de le rassurer.

Je quittai mon siège tout en gardant ma main autour de celle d'Assan. Je lui effleurai la joue, glissant jusqu'à ses lèvres.

Durant l'espace d'un instant, mon désir voulait que mes lèvres se joignent aux siennes, mais je ne pouvais pas céder à ce désir. Assan le comprenait, et malgré notre frustration réciproque, il a sciemment choisi de rester auprès de moi bien que nos sentiments resteront a jamais sans issue.

-Je suis désolée, Assan... j'aimerais que nous puissions nous montrer notre affection, mais...

-Vous suivez seulement les commandements d'Asgard. Je ne vous reproche rien, Dame Solveig. Je vous sers depuis 900 ans maintenant. Lorsque ce chevalier franc m'a transpercé avec sa lance sur le champ de bataille d'Ascalon, je pensais que ma vie prendrait fin. Mais vous êtes venue à moi et m'avez offert une nouvelle vie. Je vous aime sincèrement, peu importe si nous ne pouvons pas nous aimer d'une façon plus charnelle, je trouve du réconfort en vous servant et vous permettre d'obtenir la gloire a laquelle vous aspirez.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant