Les amants du Valhalla

Chapitre 42 pourparler

Sieglinde

Eirny nous offrit des chambres dignes de rois pour la nuit, tandis que nos Einherjar durent se contenter de couchettes dans les quartiers de la garde royale. En compagnie de mes deux sœurs et de Suleika, bien que cette dernière soit une Einheri, mes sœurs avaient accepté qu'elle loge à nos côtés, par respect pour son intimité.

Nous passâmes le temps à jouer au Hnefatafl, initiant la nouvelle Einheri à ce jeu. La pauvre Suleika n'eut aucune chance face à Klara, qui était passée maître dans cet art. Les parties étaient animées par des rires et des discussions, mais l'appréhension du lendemain restait présente dans nos esprits.

Cependant, nous ne tardâmes pas à aller dormir, sachant que la journée suivante serait mouvementée. J'avais demandé à Eirny de réunir les deux prétendants au trône pour une discussion, car je tenais à juger par moi-même leurs revendications et leur légitimité.

À première vue, la légitimité semblait revenir à Thyra, la fille de l'ancien roi, mais Geir avait aussi des arguments légitimes et sincères. J'espérais que les pourparlers à venir me permettraient de discerner la vérité. Mes sœurs partageaient mes inquiétudes, et nous savions que notre mission ici serait décisive pour l'avenir du royaume nain.

***

Mes espoirs d'une résolution pacifique se sont envolés en quelques instants. Dès qu'ils se retrouvèrent face à face, les deux prétendants se lancèrent immédiatement dans un concours d'insultes, chacune plus horrible que l'autre.

D'un côté, le prince Geir, frère du roi défunt, dégageait un charisme indéniable. En tant que chef des armées, il avait mené de nombreuses campagnes militaires pour repousser les Kobolds. Eirny m'avait confié qu'une partie de l'armée et de la noblesse lui était clairement favorable, impressionnée par son courage et son leadership sur le champ de bataille.

De l'autre côté, la princesse Thyra, fille de l'ancien roi, n'avait pas l'expérience militaire de son oncle, mais elle compensait par une formation rigoureuse dans l'art de gouverner. Son père l'avait préparée pendant des années à assumer les responsabilités du trône. Le clergé et la population la considéraient comme l'unique prétendante légitime, voyant en elle la continuation de la lignée royale.

Face à cette confrontation, je me retrouvais face à un dilemme déchirant. Je ne voulais pas prendre parti, mais le fil du destin semblait clairement m'inciter à le faire. Père, si seulement tu avais choisi une autre personne que moi pour cette mission.

Eirny haussa le ton pour tenter de se faire entendre, ce qui me sortit de mes pensées, me ramenant au cœur des discussions visant à trouver un compromis.

- Avouez-le enfin, mon oncle ! Vous avez volontairement laissé mourir mon père et inventé ce mensonge des dernières paroles pour vous accaparer mon héritage ! s'écria Thyra, tentant de hausser la voix pour se faire entendre face à son oncle.

-Sale petite merde de Kobold ! Le roi était mon frère, nous avons guerroyé côte à côte durant des siècles. La couronne ne m'a jamais intéressé, mais le roi a voulu me la transmettre. Je pense que son acte est assez significatif ! Vous n'êtes pas digne de régner ! répliqua Geir, sa voix grondant de colère.