Duncan
Les abysses... Les Nains ont bien choisi le nom de ces lieux. Jusqu'à présent, nous n'avions pas vraiment eu l'impression d'être sous terre. Le domaine des Nains était abondamment éclairé par des roches luminescentes. Mais maintenant, nous étions totalement submergés par les ténèbres et une chaleur étouffante, due, selon notre guide, à des poches magmatiques. Seule la lueur de nos torches nous permettait d'avancer sans trop de crainte à travers les galeries qui serpentaient et descendaient de plus en plus profondément sous terre. Le contraste entre la cité naine lumineuse et chaleureuse et ce lieu sombre et étouffant était saisissant.
Nous n'avancions pas à l'aveuglette ; en tête du cortège, un Nain nous servait de guide. Il était l'un des rescapés de la bataille ayant entraîné la mort du roi. Malgré le peu de clarté, les yeux du Nain semblaient parfaitement habitués à ce genre de situation et il marchait d'un pas rapide devant nous. Cependant, il fut contraint de ralentir à plusieurs reprises en voyant notre troupe peiner à avancer, ce qui ne manquait pas de le faire ronchonner.
Sieglinde et ses deux sœurs suivaient le Nain, tandis que nous, leurs housecarls, étions derrière elles, accompagnés de toutes les troupes Einherjar qui avaient enfin obtenu l'autorisation d'entrer dans le Royaume, malgré les vives protestations des nobles.
À travers ce véritable labyrinthe, un sentiment de malaise et de claustrophobie s'insinuait en nous. Perdant la notion même du temps, les hommes devenaient de plus en plus nerveux et irascibles.
Suleika, non loin de moi, semblait également mal à l'aise. Je lui proposai une gourde pour se désaltérer, mais elle refusa, restant froide et distante avec moi ainsi qu'avec la majorité des Einherjar. À plusieurs reprises, j'essayai de lui faire comprendre que le fait d'être une femme ne changeait rien. Malgré mes tentatives, la seule personne à qui elle semblait un peu ouverte était Sieglinde. Je comprenais que le fait d'être la seule femme parmi un monde d'hommes puisse la mettre mal à l'aise, mais j'avais le sentiment qu'il y avait autre chose derrière son comportement. Je passai en revue les événements des dernières semaines dans mes pensées, réalisant soudainement quelque chose qui me fit m'arrêter brusquement, au point que Heckel me rentra dedans.
-Putain de bordel de merde ! Pourquoi tu t'arrêtes, trouduc ? grommela-t-il.
Les jurons d'Heckel attirèrent l'attention des trois valkyries. Sieglinde m'interrogea du regard, et bien que je restasse silencieux, je lui fis comprendre d'un simple regard que nous devrions parler au plus vite. Elle hocha brièvement la tête pour me répondre discrètement. Après avoir marché pendant de longues heures, notre troupe sortit enfin de cette galerie étouffante pour déboucher sur une cavité gigantesque. Par chance, celle-ci était éclairée par des roches luminescentes, dévoilant sous nos yeux les ruines d'une ancienne cité naine.
-Voici l'ancienne cité de Norskjaf. Mon peuple a dû l'abandonner à cause des Kobolds... déclara notre guide d'une voix empreinte de tristesse.
-Merci à vous, Gunnar. Votre aide est inestimable. Nous allons faire une halte pour une heure. Les hommes ont besoin de souffler un peu, déclara Sieglinde.
-Les surfaciens... répondit Gunnar en levant les yeux au ciel.
Les hommes accueillirent cette halte avec joie, se répandant dans la cavité pour trouver un coin où se reposer, se désaltérer et grignoter quelques provisions. Prétextant vouloir discuter de la suite de la mission, Sieglinde et moi nous sommes éloignés un peu du groupe. Je me suis assis sur un bloc de pierre, tandis que Sieglinde, visiblement préoccupée, est restée debout à me fixer.
-Qu'est-ce qu'il se passe, Duncan ?
-Je crois... non, j'en suis sûr, que Suleika a dû rencontrer Lokkju...
Surprise par ma révélation, elle a fini par s'asseoir près de moi.
-Oui, Sieglinde, j'y ai beaucoup réfléchi pendant que nous marchions dans ces fichues galeries. Suleika était assez amicale les deux premiers jours après son arrivée, mais le lendemain du banquet, elle est devenue plus froide et distante, surtout avec les Einherjar et moi... Ça te rappelle quelque chose ?
-Oui... maintenant que tu en parles... C'est exactement comme lors de ton arrivée. Il faut éclaircir ça avec Suleika ! dit-elle en se levant.
Ma main attrapa la sienne pour la retenir dans son élan.
-Attends...
Elle me sourit, comprenant ce que je voulais. Après un regard rapide vers le groupe, occupé et assez éloigné de nous, elle s'avança vers moi. Ses lèvres trouvèrent les miennes dans un doux échange, un baiser fugace mais chargé de tendresse.
-Est-ce que cela vous convient, mon cher Housecarl ? dit-elle avec un sourire taquin.
-Je m'en contenterai... répondis-je en soupirant, mes yeux capturant les siens dans une étreinte intime.
Elle me donna une petite tape sur le haut de la tête, un geste complice. La Valkyrie ouvrit ensuite la marche, et je la suivis de près, nous dirigeant vers Suleika qui, comme à son habitude, était seule. Lorsqu'elle me vit, son regard se crispa légèrement, puis elle détourna les yeux vers Sieglinde.
-Y a-t-il un problème, Dame Sieglinde ? demanda-t-elle d'une voix légèrement tendue.
-Non, mais j'aimerais que vous répondiez à une question s'il vous plaît... Suleika, est-ce qu'un homme nommé Lokkju vous a parlé le soir du banquet ? interrogea Sieglinde d'un ton calme mais déterminé.
La question de Sieglinde fit se raidir Suleika, qui évita le regard, hésitant à répondre. La valkyrie s'agenouilla près de Suleika et lui attrapa délicatement la main.
-Suleika, je vous en prie, répondez. Lokkju... il n'est pas digne de confiance, peu importe ce qu'il vous a dit sur les dieux, sur moi ou sur quoi que ce soit d'autre. C'est un menteur, dit-elle avec une douceur persuasive.
Suleika montrait des signes d'hésitation, mais ma présence semblait l'empêcher de parler franchement. Je proposai alors à Sieglinde de m'éloigner quelques instants pour qu'elles puissent parler toutes les deux en toute franchise.
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Les amants du Valhalla
RomanceMortellement touché lors d'une patrouille militaire, Duncan MacReady respire son dernier souffle, mais au seuil de la mort, une vision extraordinaire se révèle : Sieglinde, Valkyrie d'Asgard, surgit des cieux sur un destrier blanc pour lui offrir un...