Duncan
Je la regardais s'extasier devant des choses qui me paraissaient banales. À chaque détour de rue, ses yeux s'émerveillaient devant une simple vitrine, un immeuble imposant, ou même les iconiques taxis jaunes de la ville.
Sieglinde et moi étions en train de commettre sans doute l'une de nos plus grandes folies. Après notre mission sur Nidavellir, je voyais bien qu'elle était abattue, son moral au plus bas. Je voulais l'aider en lui offrant, ne serait-ce qu'une journée, un moment d'échappatoire. Sans trop réfléchir, je lui ai fait une proposition : passer une journée sur Terre. Bien que Sieglinde s'y rendît fréquemment dans le cadre de ses missions pour récupérer les esprits des Einherjar, elle ne s'y était jamais attardée plus que nécessaire. Pour cette raison, je voulais lui faire découvrir mon monde natal et la ville où j'ai grandi.
Elle accepta immédiatement mon offre, visiblement ravie à l'idée de découvrir la Terre autrement, et surtout de passer du temps avec moi. Mais cela s'annonçait compliqué. Comment justifier notre absence auprès d'Odin ? Et surtout, comment passer le Bifrost et aller jusqu'à la Terre avec l'intraitable Heimdall qui montait la garde ?
Ne se laissant pas abattre par ces difficultés, Sieglinde eut une idée qui me laissa abasourdi, montrant à quel point ma douce Valkyrie était devenue rusée lorsqu'il s'agissait de contourner les lois et les protocoles. Elle falsifia une missive en provenance d'Alfheim, demandant notre aide pour une mission diplomatique visant à régler une querelle au sujet d'une transaction commerciale. Une mission qui ne demandait que l'aide d'une Valkyrie et de son housecarl.
Elle savait qu'Odin ferait appel à elle car lorsqu'il s'agissait d'Alfheim, c'était soit Hilda, soit elle qui était sollicitée. Mais Hilda étant en mission sur Vanaheim, Odin allait obligatoirement faire appel à Sieglinde.
Cette formalité accomplie, nous n'eûmes plus qu'à nous rendre sur Alfheim puis ensuite sur Terre. Là aussi, nous réussîmes notre petite manigance sans aucun imprévu. Posant pied sur la Terre, je sentais une pointe de nostalgie traverser mon corps... cela faisait plus de cinq ans que je n'avais pas revu mon monde.
Nous étions arrivés assez loin de la ville et nous allions devoir emprunter un moyen de transport pour nous y rendre. Étant totalement ignorante de ce monde, Sieglinde devait s'en remettre à mes connaissances. Nous laissâmes nos montures à l'intérieur d'une grange abandonnée. Sieglinde était un peu anxieuse de les laisser seules, mais au vu de l'état des lieux, personne ne semblait y avoir mis les pieds depuis longtemps. Je la rassurai, lui affirmant qu'elles ne risquaient rien.
Pour rejoindre la ville, il nous fallait prendre un moyen de transport, mais nous n'avions pas un sou. Sieglinde se rappela qu'elle avait quelques pièces d'or et me proposa d'acheter un bus. Sa suggestion, pleine de candeur et d'innocence, me fit rire à gorge déployée. Un peu vexée, elle me donna un coup de coude dans le ventre.
N'ayant pas trop d'alternatives, nous proposâmes au chauffeur du bus une pièce d'or. Celui-ci, se rendant compte de la valeur de la pièce, accepta sans poser de questions. Nous venions de faire un heureux.
En montant dans le bus, je remarquai l'émerveillement dans les yeux de Sieglinde. C'était une expérience nouvelle pour elle. Elle observait chaque détail, des sièges rembourrés aux publicités colorées affichées à l'intérieur.
Alors que le bus se frayait un chemin à travers la campagne pour entrer dans la ville, je profitai de ce moment de tranquillité pour lui expliquer le fonctionnement des transports en commun et la vie quotidienne des Terriens. Elle écoutait attentivement, ses yeux brillant de curiosité.
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Les amants du Valhalla
RomanceMortellement touché lors d'une patrouille militaire, Duncan MacReady respire son dernier souffle, mais au seuil de la mort, une vision extraordinaire se révèle : Sieglinde, Valkyrie d'Asgard, surgit des cieux sur un destrier blanc pour lui offrir un...