Chapitre 21 Adieux mes soeurs

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Sieglinde

De retour sur Asgard, les blessés furent pris en charge par Dame Idunn, comme toujours ses talents permirent à Duncan de se rétablir assez rapidement. Nous avions remporté une victoire sur cette alliance entre renégats et les Jötnar, mais personne dans le palais du Valhalla n'était d'humeur festive. En temps normal, un banquet aurait été organisé, mais l'atmosphère était celle d'un deuil... Deux de mes sœurs étaient mortes, une chose qui ne s'était pas produite depuis des milliers d'années. Je réalisais maintenant que le fait d'être une Valkyrie n'était pas une protection contre la mort... J'avais accepté le fait de perdre les Einherjar qui étaient sous mes ordres, mais pour mes sœurs, c'était différent.

Au sein de ma chambre, je m'étais préparée en vue de l'événement à venir : les funérailles de Skögul et Solveig. Revêtant pour la première fois mon armure cérémonielle, un ouvrage magnifique forgé par maître Bargrim d'un alliage à la teinte blanche qui brillait de mille feux sous la lumière des bougies de ma chambre, je me sentais empreinte d'une solennité toute particulière. Le casque orné de deux ailes de chaque côté encadrait mon visage, tandis que ma cape écarlate, parée de longues plumes blanches sur ses bords, flottait majestueusement derrière moi. Prête à dire adieu à ma sœur, j'étais toutefois angoissée à l'idée de la réaction de Sigrdrifa durant la cérémonie, espérant que sa douleur ne se manifeste pas sous forme d'agression.

Quelqu'un frappa à ma porte, me sortant de mes pensées.

-Entrez...

Hilda entra, magnifique dans son armure cérémoniel, me voyant face à mon miroir, elle se joignit à moi. Elle ne le montrait pas, mais elle avait pleuré ; ses yeux étaient encore un peu rougis. Je comprenais sa détresse, Solveig était une amie proche d'Hilda. Elle posa sa tête sur mon bras. Elle et moi restâmes silencieuses, que dire à cet instant ? Aucun mot ne pourrait soulager la peine d'Hilda et la mienne.



Lorsque l'heure fut venue, je me levai, tendant ma main à ma grande sœur. Ensemble, nous marchâmes main dans la main jusqu'au grand hall, transformé pour l'occasion en un lieu de recueillement solennel. La salle du trône de père, habituellement si imposante, était à peine reconnaissable. Des bancs avaient été disposés pour que les invités à la cérémonie puissent s'asseoir, tandis qu'en face du trône, les corps de nos deux sœurs, Skögul et Solveig, reposaient sur de petites barques ornées de présents offert par leurs sœurs. En nous approchant des deux dépouilles, nous ne pûmes qu'admirer le travail remarquable réalisé par Dame Idunn ; mes sœurs ne donnaient pas l'impression d'être mortes, mais simplement plongées dans un paisible sommeil éternel. Hilda déposa deux bracelets en or pour ses sœurs, tandis que je leur offrais à chacune deux broches ayant appartenu à ma mère.

Pour le moment, il y avait peu de monde, mais toutes mes sœurs étaient présentes, revêtant elles aussi leurs armures cérémonielles. Accompagnée d'Hilda, j'eus le courage de me diriger vers elles.

Je m'attendais à de l'hostilité ou du mépris, mais rien de tout cela ne se manifesta. Mes sœurs nous saluèrent sans montrer la moindre réaction hostile. Même les aînées se montrèrent courtoises. Sigrdrifa m'accorda un rapide signe de tête. Ses yeux ne mentaient pas : elle n'avait pas soudainement changé, mais pour cette occasion, elle voulait respecter ses sœurs défuntes et éviter toute dispute.

- Brindille ! Hilda !

Hilda et moi nous retournâmes aussitôt en reconnaissant cette voix parmi mille. Thor venait d'arriver, sa présence rendit l'instant moins tendu, me permettant d'oublier un instant Sigrdrifa.

-Bonjour Thor, je suis ravie de te revoir... commençai-je, cherchant mes mots. Même si j'aurais préféré que ce soit...

-Je sais... répondit-il en lançant un regard vers les deux dépouilles de ses sœurs qui étaient face au trône d'Odin. Skögul était une chouette fille, sa mort m'attriste.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant