Sieglinde
Si nous n'avions pas été contraints par l'arrivée imminente du banquet de clôture du Sunnablot, j'étais certaine que Duncan et moi aurions pu continuer à nous embrasser toute la nuit. Cela aurait-il pu nous mener encore plus loin que de simples baisers ? Cette question tournait dans ma tête, évoquant des pensées et des désirs que je n'avais jamais même imaginé auparavant. Bien que je manquais d'expérience dans ce domaine, je n'étais pas naïve pour autant. Je savais parfaitement comment un homme et une femme pouvaient exprimer leur amour. Rien que d'envisager de partager un tel moment avec Duncan, cela suffisait à faire rougir mes joues. Bien que nous n'ayons pas encore abordé ce sujet, je pressentais que lui aussi ressentait le désir ardent d'explorer mon corps, tout comme moi je brûlais d'envie de sentir et explorer le sien. Ces pensées troublaient mon esprit et mon cœur, m'emplissant à la fois d'excitation et d'une douce appréhension face à l'inconnu.
Arrivés au Fólkvangr, Duncan et moi nous regardâmes timidement, échangeant des sourires rougissant alors que nous nous souhaitions mutuellement un bon appétit en vue du banquet. Pénétrant dans la gigantesque salle à manger du Fólkvangr, je m'avançai avec une certaine appréhension vers la table des souverains, m'inclinant respectueusement. Mon père leva sa coupe en retour, me rendant mes salutations, et me permit de rejoindre la table de mes sœurs Du coin de l'œil, je remarquai Dame Freyja assise à côté de son père Njörd qui me scrutait d'une drôle de façon, ce qui me frissonner comme si je venais de sentir une brise matinal sur la nuque. Je devais rester stoïque et ne rien laisser transparaître. Enfin, j'aperçus le visage amical de ma bien-aimée Hilda, qui me fit de grands gestes avec le bras pour que je la remarque. Son exubérance me fit sourire. À son niveau, elle tapota sur la place disponible à côté d'elle, m'invitant silencieusement à la rejoindre.
- Ce n'est pas dans tes habitudes d'être si peu ponctuelle, ma Lindi ? demanda Hilda, les sourcils légèrement froncés.
- Oui, désolée, je... je discutais des résultats des épreuves avec mon Housecarl, je voulais encore le féliciter pour s'être classé troisième, tentai-je, espérant qu'elle ne chercherait pas à creuser davantage.
Elle me regarda avec les yeux plissés, semblant chercher à sonder mon esprit. De mon côté, je fis mine de l'ignorer et commençai à me servir une tranche de bœuf, espérant détourner l'attention de ma tardiveté. Malgré mes efforts pour paraître détendue, je sentais son regard insistant sur moi, comme si elle pressentait que je lui cachais quelque chose. Elle finit par me lancer un sourire en coin avant de se remettre à déguster les mets de son assiette.
Je regardais discrètement Duncan de temps en temps, sentant mon cœur battre un peu plus fort à chaque fois en repensant à nos baisers échangés. Malgré la situation qui nous empêchait de vivre au grand jour notre relation naissante, je restais heureuse, sachant que Duncan serait à mes côtés lors de toutes les futures missions. Dire que je songeais il y a encore peu à le transférer sous les ordres de l'une de mes sœurs... J'aurais regretté une telle décision toute ma vie. Duncan était bien plus qu'un simple Housecarl à mes yeux ; il était mon allié le plus proche, mon confident, et maintenant, mon amant.
-Finalement, il a eu le courage de déclarer ses sentiments pour toi, jeune Valkyrie... Une voix familière, chargée d'une aura mystérieuse, résonna derrière moi.
Tétanisé, je reconnus immédiatement cette voix. Alors que je balayais la pièce du regard, je réalisai que le temps semblait s'être figé. Mes sœurs et les invités étaient comme pétrifiés, figés dans leurs mouvements, tandis que chaque battement de mon cœur résonnait dans le silence oppressant qui enveloppait la pièce. Lentement, je me retournai, et mes yeux croisèrent ceux de Dame Freyja. Elle me scrutait avec une intensité presque surnaturelle, ses yeux bleus perçants semblant lire chaque pensée qui traversait mon esprit.
-As-tu apprécié le goût de ses baisers, jeune Valkyrie ? poursuivit-elle, sa voix empreinte d'une curiosité insaisissable.
Son regard perçant peser sur moi comme si je venais de recevoir un bloc de pierre sur le dos, décelant chacune de mes pensées et de mes émotions. Malgré ma peur, je tentai de garder mon calme, mais mes mains tremblaient légèrement, trahissant mon anxiété.
- Vous... vous allez nous... ma voix trembla d'appréhension, alors que je tentais de formuler une réponse.
Dame Freyja sembla offusquée par mon allusion, mais son visage s'adoucit peu à peu, laissant place à un sourire énigmatique. Elle passa sa main sur ma joue, geste à la fois rassurant et intriguant, avant de répondre d'une voix douce mais empreinte de fermeté :
- Et pourquoi ferais-je cela ?Je n'ai pas donné un petite coup de pouce à ton Einheri pour aussitôt vous dénoncez. Je suis une Vanir, les lois d'Asgard ne me concernent pas, je suis la déesse de l'amour je te rappelle, une valkyrie et un guerrier qui s'avoue leur sentiment. je souhaite que vous puissiez vivre votre union... mais tu te rappelles du destin de Brunhilde... soit prudente jeune Valkyrie. Ton père aime chacun de ses enfants mais il ne pardonne pas les transgressions de ses lois.
Je tentai de contenir mes émotions alors que les paroles de Dame Freyja résonnaient dans mon esprit. Malgré ma détermination, je ne pouvais ignorer le poids de sa mise en garde. Les récits de Brunhilde et Siegfried résonnaient dans mon esprit, rappelant les tragédies passées causées par des amours interdits.
- Je suis consciente du danger, Dame Freyja, malgré tout je ne peux pas me résoudre à...
Freyja m'attrapa délicatement le visage et me donna un baiser sur le front, un geste empreint de tendresse et de compassion. Son regard, chargé de peine mais aussi de soutien, semblait lire en moi comme dans un livre ouvert, anticipant les tourments à venir dans notre relation avec Duncan. Avant de partir, elle m'assura de son silence éternel, un réconfort inattendu dans notre clandestinité. Savoir que la puissante Freyja nous soutenait, même dans l'ombre, apaisa quelque peu mes craintes, même si je savais qu'elle ne pouvait nous offrir qu'une aide limitée dans notre situation précaire.
***
Duncan
Le Sunnablot touchait à son terme. Après le banquet, Odin et tous les autres souverains défilèrent hors du Fólkvangr, suivis par les autres participants de cette célébration. Nous marchions tous avec des torches dans les mains, Odin et Njörd, qui ouvraient la marche, s'arrêtèrent en face d'une grande colonne en bois surmontée d'une roue solaire, plus connue sous le nom de Swastika sur Midgard. Je dois avouer qu'au début, la vue de ce symbole était assez troublante pour moi. Dans le pays d'où je viens, il était à jamais entaché. Mais avec le temps, j'ai fini par comprendre que celui-ci n'avait pas du tout la même symbolique parmi les Aesir, où il représentait un symbole solaire et du cycle de toute chose.
Odin et Njörd s'avancèrent jusqu'à la colonne, leurs pas résonnant dans le silence solennel de la nuit. Simultanément, ils jetèrent leur torche à ses pieds, et celle-ci s'enflamma en quelques instants, illuminant les milliers de participants du Sunnablot. La lumière des flammes m'aida à distinguer Sieglinde parmi la foule. M'avançant prudemment, je finis par me retrouver à côté d'elle, où mes doigts s'enlacèrent discrètement aux siens. Elle me lança un bref regard, un sourire éclairant son visage dans l'éclat des flammes. D'une pression légère, elle répondit à mon geste en serrant aussi ma main. Le crépitement des flammes et les murmures de la foule en arrière-plan semblaient lointains, comme si nous étions seuls au monde, perdus dans notre propre univers.
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Les amants du Valhalla
רומנטיקהMortellement touché lors d'une patrouille militaire, Duncan MacReady respire son dernier souffle, mais au seuil de la mort, une vision extraordinaire se révèle : Sieglinde, Valkyrie d'Asgard, surgit des cieux sur un destrier blanc pour lui offrir un...