Les amants du Valhalla

Chapitre 18 Lames Draconique

Duncan

Je retrouvai Dame Sieglinde dans le grand hall du Valhalla dès que je fus de nouveau sur pied. Sans préciser les raisons, elle me demanda de la rejoindre immédiatement. Adossée sur l'un des piliers du hall, elle s'avança vers moi dès qu'elle m'aperçut son visage rayonnant de joie en me voyant debout. Je m'inclinai respectueusement.

-Vous semblez aller mieux aujourd'hui... Quelle joie de vous voir ainsi, dit-elle avec un sourire chaleureux.

- Je suis prêt à reprendre les entraînements, Dame Sieglinde.

- Je m'en doute. Les compagnons ont hâte de vous revoir. Il n'y a que vous qui réussissez à contenir cet extravagant Heckel...

- Il a dû en profiter pour jouer au petit caporal, ce bougre... Mais vous vouliez me voir, pas à cause de Heckel, je présume.

-Oui, tout est prêt. Bargrim doit nous attendre, il a quelque chose pour vous, dit-elle avec un large sourire, peinant à contenir son excitation.

Je tentais de creuser un peu plus, mais Sieglinde resta muette, déterminée à garder le secret. Abandonnant mes efforts, je décidai de la suivre vers les forges de ce vieux ronchon de Bargrim. À notre approche, nous fûmes accueilli par la chaleur des flammes qui dansaient dans les creux des braseros, illuminant la pièce d'une lueur rougeoyante. Le bruit assourdissant des marteaux frappant le métal résonnait dans l'air chaud et enfumé. Le vacarme de la forge emplit l'air, mêlé aux grondements de Bargrim. Les ouvriers Nains s'affairaient avec une intensité frénétique, subissant le courroux de leur chef exigeant. Bargrim, une imposante silhouette barbue bien qu'il était un Nain, se dressait au centre de l'atelier, son regard sévère scrutant chaque geste de ses employés. Sa voix tonitruante éclatait à intervalles réguliers, ponctuée de jurons et de critiques acerbes. Les artisans baissaient la tête sous son regard implacable, sachant qu'aucune erreur n'était tolérée dans cette forge.

Sieglinde et moi-même échangions un regard complice alors que nous traversions cet environnement tumultueux. Il était clair que quelque chose d'important se tramait dans cette forge, et j'étais impatient de découvrir ce que Bargrim avait en réserve pour nous.

- Dame Sieglinde ! Einheri Duncan ! s'exclama-t-il, perdant en un seul instant sa colère.

Le maître nain s'inclina respectueusement devant Sieglinde et me tendit une franche poignée de main. Je réalisai alors que malgré leur taille, les nains disposaient d'une sacrée force. Tout souriant, Bargrim nous invita à le suivre vers son bureau pour discuter plus calmement.

Nous emboîtâmes le pas au maître forgeron à travers l'enchevêtrement de l'atelier, évitant avec précaution les outils et les étincelles qui jaillissaient des enclumes en activité. Bargrim nous mena jusqu'à une petite pièce à l'écart, où une table en bois massif était entourée de tabourets usés par le temps. Les étagères débordaient d'outils étincelants et de rouleaux de parchemins soigneusement enroulés. Des plans et des schémas complexes étaient épinglés sur le mur, témoins de la minutie avec laquelle Bargrim orchestrait chaque création. Une légère odeur de métal brûlé flottait dans l'air, mêlée à celle de la sueur et de la fumée.

Bargrim s'installa derrière son imposant bureau en chêne, ses sourcils broussailleux froncés dans une expression de sérieux. Il nous invita à prendre place autour de lui, son regard scrutant nos visages avec attention.

- Dame Sieglinde, je ne misais pas grand-chose sur vous lors de vos débuts. Vous aviez l'air d'une faiblarde qui n'aurait jamais l'envergure de vos 9 aînées... Je vous prie d'accepter mes excuses, je me suis rendu compte à quel point j'avais tort... Votre exploit contre le Dreki est connu à travers les 9 mondes, je peux vous l'assurer... Même si officiellement, Sigrdrífa et Gondul se sont arrogé les mérites, nombreux sont ceux qui savent la vérité... Ces deux pimbêches en ont évidemment profité pour me demander de leur forger des armes faites avec des os de dreki: Des lames Draconique...