Chapitre 43 les abîmes 5/5

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Duncan

Je devais être méconnaissable, couvert du sang brunâtre des Kobolds de la tête aux pieds. Des traces de combat maculaient mon armure, témoignant des heures d'un affrontement sans répit. Nous étions engagés depuis des heures, repoussant les assauts incessants de ces créatures vicieuses. Notre situation restait désespérée : encerclés, assaillis de toutes parts, nous étions acculés à une lutte sans fin.

Les Valkyries avaient tenté plusieurs percées à travers les rangs des Kobolds, mais chaque tentative se soldait par un déluge de pertes. Nous infligions des dommages sévères à nos assaillants, mais leur nombre semblait infini, comme s'ils surgissaient des profondeurs de l'enfer lui-même. Nous n'étions plus qu'une poignée, peut-être moins de cinquante combattants encore debout, et une vingtaine de blessés gisaient parmi nous, de la gravité des blessures mineures à celles qui menaçaient leur vie, comme des membres arrachés ou des brûlures sévères.

Sans possibilité de repos ni de sommeil, nos journées étaient un combat incessant pour repousser les Kobolds. Malgré notre nombre encore suffisant, chaque instant était un défi pour maintenir notre défense. Nous formions un cercle de boucliers, une barrière fragile entre nous et les vagues incessantes de nos assaillants. Au centre, nos archers spécialisés s'efforçaient de garder à distance les Kobolds qui tentaient de nous arroser de leurs jarres de sang de dragon.

Sieglinde m'avait confié que, préparé de manière spécifique, le sang de dragon pouvait devenir un combustible extrêmement destructeur. Comment ces Kobolds, supposés dénués de toute intelligence stratégique, avaient-ils réussi à en produire une telle quantité ? Pour l'instant, ces questions étaient des luxes que nous ne pouvions nous permettre.

En plus du manque de sommeil, un autre fléau s'abattait sur nous : la famine et la soif. Nos provisions étaient presque épuisées, et les Valkyries avaient dû prendre une décision cruelle : privilégier les combattants valides aux dépens des blessés, les condamnant ainsi à une mort certaine si nous ne sortions pas rapidement de ce piège infernal. Chaque ration était distribuée avec parcimonie, laissant les estomacs vides et les visages creusés de désespoir parmi les rangs des Einherjar.

Les murmures du ventre vide résonnaient à travers notre cercle, tandis que la déshydratation commençait à entraver notre capacité à nous battre.

D'un geste vif de ma lame, j'ai tranché la tête d'un Kobold qui s'était imprudemment approché. Combien de ces créatures avais-je déjà envoyées dans l'au-delà ? À ma gauche, Suleika se révélait être une force redoutable sur le champ de bataille. De novice à combattante aguerrie, elle avait gagné sa place parmi les vétérans, faisant preuve d'une maîtrise de l'épée de plus en plus impressionnante. Armée d'une rapière, son arme de prédilection, elle infligeait des coups d'estoc précis, perforant les Kobolds aux points vitaux : nuque, bras, jambes. Chaque mouvement était une danse mortelle, une symphonie de grâce et de violence.

À ma droite, Heckel débordait toujours de son énergie exubérante, fauchant les Kobolds avec une efficacité presque robotique grâce à sa gigantesque Zweihänder. Son arme, tranchant à travers les rangs ennemis comme un faucheur dans un champ de blé, laissait une traînée de chair et de sang. Nous tenions bon, car nous n'avions pas d'autre choix. Mais dans cette bataille implacable, nous savions tous qu'un faux pas pourrait entraîner une rupture dans notre cercle défensif, précipitant ainsi une véritable catastrophe.

Le son strident d'un cor résonna à travers la vaste cavité, traversant les ruines et créant un écho lugubre qui s'imprégna dans l'air tendu. Les Kobolds, comme si une commande invisible les avait touchés, cessèrent brusquement leur assaut, reculant prudemment pour former une voie libre.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant