Chapitre 38 Nouvelle recrue 1/2

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Suleika


Depuis ce matin, je ne pouvais m'empêcher de ressasser notre dispute. Avec un peu de recul, les raisons semblaient un peu idiotes. Jetant un regard furtif par la fenêtre pour voir si mon coéquipier était toujours dans la file d'attente, je me saisis ensuite de mon téléphone pour lui laisser un message.

"Je suis désolé de m'être énervé comme ça... Surtout devant le petit. Est-ce qu'on pourrait parler de tout ça ce soir ?"

A peine avais-je éteint l'écran de mon téléphone qu'il ouvrit la porte et me tendit un sac avec ma commande.

-Comme d'habitude, un burger frites classique pour moi et pour toi, celui à la saveur mexicaine... Franchement, tu as des tripes en béton pour supporter ça, Pahlavi...

Je lui envoyais un petit sourire prétentieux. À chaque fois, il était époustouflé par ma capacité quasi inhumaine à manger épicé. Ensemble, nous nous offrons une pause bien méritée en dégustant ce petit repas à l'intérieur du véhicule. Lorsqu'il eut fini son burger, il se tourna vers moi.

-Bon, c'est quoi les embrouilles avec Stephen ?

-Rien... rien de trop grave.

-Je te connais depuis plus de 5 ans, Pahlavi. Tu as toujours une mine particulière lorsque toi et lui vous disputez.

Je soupirais, sachant que je ne pourrais pas échapper à cette discussion. Il avait le chic pour être très perspicace.

-T'es gentil, mais ça m'embête un peu de parler de ça...

-Bah, c'est mon pote, mais je sais qu'il peut être un peu con parfois... allez, vide ton sac, Pahlavi.

-Il m'a avoué qu'il a postulé pour intégrer l'unité antiterroriste...

-Oh, je vois... Je sais qu'il en a toujours rêvé.

-Je sais... mais... tu sais ce qu'il risque d'arriver, déjà qu'actuellement ce n'est pas la joie, il sera quasiment plus à la maison...

-Ah mais aussi, quelle idée de voir deux flics tomber amoureux, vous n'avez pas choisi la facilité... Dit-il, un sourire taquin aux lèvres.

Je lui donnai un coup de poing sur l'épaule en guise de représailles.

-Je ne lui en veux pas, il a de l'ambition... moi rester une simple flic me suffit... mais j'aurais aimé qu'il m'en parle avant de faire cette demande. Le petit n'a que 3 ans, il ne va pas comprendre pourquoi son père n'est plus aussi présent.

-Tu sais, les gamins ont de la ressource. À ses yeux, vous êtes des héros qui protègent la ville des "méchants". Présente la chose de façon à le faire rêver.

-Oui... je crois que c'est plus moi qui fais un blocage... Tu sais que nous n'arrivons pas à avoir trop de temps, lui et moi. Alors là, ce sera encore pire. Notre couple va... J'interompis ma phrase, la gorge un peu serrée.

-Je suis là moi... dit-il en me lançant des haussements de sourcil et un sourire de charmeur aux lèvres.

-Idiot...

- Je sais que c'est son rêve, mais il faut que vous en parliez tous les deux. Tu sais que...



"A Toutes les unités, véhicule en délit de fuite sur la 6ème avenue, il s'agit une fourgonnette blanche, immatriculée..."

Mon coéquipier et moi échangeâmes un regard, nous n'étions pas loin, machinalement je saisis la radio.

-Ici la patrouille 24, nous sommes à deux blocs de la 6ème avenue, nous nous rendons immédiatement sur place.

À peine avais-je fini que le moteur démarra et les gyrophares ainsi que les sirènes de la voiture s'allumèrent. Il guida notre véhicule à travers les rues, zigzaguant entre les véhicules. Nous arrivâmes enfin à un carrefour faisant face à la 6ème, une fourgonnette passa juste devant notre pare-chocs.

-Hey, connard, j'espère que tu n'as pas écaillé la peinture ! Un sourire en coin se dessina en attendant la réplique de mon équipier.

L'ayant en visuel, je pris la radio pour contacter le PC central et confirmer le contact.

"Continuez la poursuite, patrouille 24, un barrage est en train d'être installé."

La fourgonnette continuait sa course folle, notre voiture la suivant de près. Au bout de l'avenue, on pouvait apercevoir un barrage composé de quatre véhicules, bloquant la route à la fourgonnette qui tentait de faire demi-tour. Le chauffeur perdit le contrôle de son véhicule, dont l'arrière s'encastra sur une voiture garée. Mon coéquipier freina immédiatement. Sans attendre, lui et moi sortîmes du véhicule, armes à la main, nous appuyant contre nos portières pour nous protéger, surveillant les passagers de la fourgonnette.

-Sortez les mains en l'air ! hurla mon coéquipier.

Le conducteur ouvrit la portière et sortit en exhibant ses mains en l'air. Au même moment, la porte arrière de la fourgonnette s'ouvrit et trois autres passagers en sortirent, tous armés de mitrailleuses, ouvrant le feu sur nous. Notre véhicule reçut une pluie d'enfer et fut littéralement taillé en pièces. Secoué par ce feu d'enfer, je me relevai de ma couverture et tirai quelques coups de feu, parvenant à toucher l'un des assaillants à la cuisse. Il fut alors tiré par le col par ses complices pour le mettre à l'abri. Mon coéquipier, ne voulant pas leur laisser le temps, tira à son tour, tuant sur le coup un autre complice. La situation devenait de plus en plus tendue alors que les échanges de tirs atteignaient un niveau de violence inouï.

-Putain de flic ! hurla l'un des hommes, nous tirant dessus avec une rage déchaînée.

J'attendais qu'il vide son arme pour me révéler et le neutraliser, mais c'est alors que je vis le canon de son arme se pointer droit sur moi. Il tira une rafale, et je m'effondrai au sol, plusieurs balles dans le corps.

-Pahlavi ! Merde... s'écria mon coéquipier alors que la noirceur de l'inconscience me submergeait.

Je n'étais pas encore morte... mais je compris que je ne parviendrais pas à m'en tirer. Mes pensées se tournèrent vers mon mari... mon fils... Je ne les reverrais plus. La douleur était insupportable, mais mon corps refusait de bouger. Je sentais mon sang couler à flot, imprégnant peu à peu mes mains étendues au sol. Alors que je m'éteignais, j'entendis un bruit étrange au-delà des coups de feu... Ce son me faisait penser à des sabots de chevaux, mais je n'avais plus la moindre force pour même incliner la tête.

Soudain, une ombre se dessina au-dessus de moi. Dans ma confusion, je peinais à distinguer les détails, mais une intuition me disait que c'était une femme. Elle devait se mettre à l'abri, elle allait mourir elle aussi. Le noir m'envahit... C'était donc ça, la mort.



Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant