Chapitre 7 la descendance de la bête

64 16 46
                                    


SIEGLINDE

Un mois s'était écoulé depuis le banquet d'honneur de Duncan, et au cours de ce mois, une étrange distance s'était installée. Bien qu'il conservât son humour taquin, je percevais néanmoins une différence palpable, une réticence à engager des conversations plus profondes. Avais-je été impolie en me montrant hautaine lors du banquet, en choisissant d'ignorer certaines de ses questions ? Néanmoins, je n'avais pas à me plaindre. Il était un Einheri exemplaire, obéissant à tous mes ordres. Grâce à Aetius, il était devenu un bretteur remarquable. Il ne pouvait pas encore le battre, mais il arrivait à tenir des joutes pendant plusieurs minutes. Tout allait pour le mieux sur le plan professionnel, mais le fait qu'il soit aussi froid et distant me causait malgré tout une sorte de nœud au cœur.

Je n'arrivais pas à trouver comment établir une frontière entre mon devoir de Valkyrie et le désir de me montrer amicale et bienveillante, un peu comme le faisait père avec ses troupes. Cette distance semblait créer une barrière entre nous, et je ne savais pas comment la surmonter sans compromettre mon autorité. Mes tentatives pour améliorer notre relation semblaient échouer, et chaque jour qui passait renforçait cette distance de plus en plus palpable.

Duncan et Aetius venaient de terminer leur entraînement quotidien. Alors qu'ils s'apprêtaient à partir, je saisis l'occasion pour annoncer à mon Einheri une bonne nouvelle.

- Que se passe-t-il, Dame Sieglinde?

- Vous le savez, cela maintenant plus d'un mois que vous êtes sur Asgard. Suite à vos progrès, j'ai formulé une requête au père de tout, et il a accepté de nous confier une mission.

Duncan arqua un sourcil, manifestant une surprise qui n'était pas celle que j'espérais.

- je ne veux pas sembler sceptique sur nos talents respectifs, mais normalement, pour affronter un Jötun, il nous faudrait une valkyrie en renfort et au moins 10 Einherjar, non ? me lança-t-il, avec un air taquin.

- Oh, excusez-moi, j'aurais dû être plus précise. La traque des Jötnar est effectivement l'une des missions majeures d'un Einheri, mais nous avons aussi d'autres missions. En l'occurrence, la nôtre va nous mener à Álfheim.

- La terre des Elfes ou des Alfes, comme vous les appelez, c'est bien ça ?

- Oui, malheureusement, il y a eu un mort. Tous les indices semblent indiquer qu'il s'agit de la descendance de Fenrir...

- Fenrir ? Ah oui, ce nom circule pas mali ici, il semble faire plus flipper que la perspective de devoir assembler un meuble IKEA un dimanche après-midi !

IKEA ? Mais de quoi pouvait-il bien parler ? À son sourire difficilement dissimulé, je compris qu'il faisait sûrement l'une de ses plaisanteries habituelles. J'arrêtai de me poser des questions et me recentrai sur le fait de lui donner des explications. Duncan semblait être un amateur de blagues mais je n'en saisissait pas toujours le sens.

- Avant que mon valeureux demi-frère, le dieu Tyr ne parvienne à enchaîner Fenrir, en y laissant l'une de ses mains. Cette bête a eu le temps de procréer, et sa descendance a réussi à se propager sur cinq des neuf mondes. Mes sœurs et les Einherjar en ont exterminé des centaines, mais il en reste toujours tapies dans l'ombre, frappant quand nous baissons notre garde.

- Donc la mission consiste à tuer un loup ? Rien de trop compliqué sauf si il décide de se déguisé en grand mère...

- Oui, au vu des marques laissées sur la victime, il devrait s'agir d'un descendant de la cinquième génération. Pour reprendre vos loups que vous avez sur Terre, celui-ci sera bien plus massif et rusé, mais il ne pourra pas avoir des capacités de raisonnement complexes. Seuls ceux de la première à la troisième génération ont la faculté de la parole et une intelligence hors normes.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant