Chapitre 5 A la table d'Odin

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SIEGLINDE

J'étais satisfaite, mais surtout soulagée. Aetius avait été correct avec mon Einheri, ce qui était étonnant, car beaucoup d'Einherjar qu'il avait personnellement entraînés avaient fini avec des bleus, voire même des fractures. Mais avec Duncan, il se montra extrêmement patient. J'aurais tellement voulu lui demander les raisons de sa clémence, mais mon devoir de Valkyrie ne me permettait pas de montrer des signes pouvant suggérer une faiblesse ou de l'imperfection, telle étaient les lois du Valhalla.

Je ne pouvais pas lire l'esprit de Duncan, mais j'espérais qu'il pourrait s'adapter rapidement à sa nouvelle vie. Par la fenêtre, je vis que le soleil commençait à décliner, me faisant sursauter, rappelant qu'il y avait le banquet. Il s'agissait aussi de mon premier banquet, car seuls Odin, les Valkyries et les Einherjar étaient conviés à ces événements. J'étais à la fois ravie et anxieuse.

Mes rapports avec mes sœurs, en particulier les neuf aînées, étaient, disons, glaciaux. Nous, les jeunes Valkyries, n'avions jamais fait nos preuves lors des anciennes guerres contre les Jötnars. À leurs yeux, nous n'étions que des gamines. Heureusement je n'aurais pas besoin de leurs parler, étant donner que Duncan est l'invité d'honneur lui et moi auront le privilège de faire ripaille à la table de père en personne.

J'enfilai en vitesse ma robe bleue outremer, agrémentée d'une ceinture de cuir. Puis, je choisis une broche d'argent ayant appartenu à ma mère pour attacher la cape recouvrant mes épaules. Je vérifiai une dernière fois la symétrie de ma tenue dans le miroir. Une fois prête, je sortis en direction de la salle de banquet.

Duncan attendait à proximité, plongé dans un moment contemplatif sur les fresques représentant les anciennes guerres. Ne voulant pas interrompre ce moment, j'attendis quelques instants non loin de lui. Après un moment, il remarqua ma présence, un peu gêné de m'avoir fait attendre, mais je ne lui en tenais pas rigueur.

- Bonsoir Duncan.

- Ah, bonsoir Dame Sieglinde, désolé, je ne vous avais pas vue... J'étais absorbé par la beauté et le degré de détails de ces œuvres d'art.

- Les artisans d'Álfheim* ont réalisé ces fresques pour remercier le père de tout, suite à ses victoires sur les Jötnar.

- C'est magnifique, vraiment. D'ailleurs, votre robe est elle aussi éblouissante.

Je restais figée suite à ce compliment, ne sachant pas comment y répondre. Je ne trouvais rien de mieux que de lui raconter qu'elle aussi était le résultat de l'artisanat textile d'Álfheim.

- Duncan, avant de pénétrer au sein de la salle de banquet, je vous rappelle quelques consignes. Vous êtes l'invité d'honneur, donc vous serez attablé au côté du père de tout. Avec lui, pas besoin d'être trop formel lors des banquets ; il aime être considéré comme un frère d'arme. En revanche, avec mes sœurs, soyez respectueux, surtout avec les aînées... elles sont très axées sur le protocole pour ne pas dire hautaine.

- À en juger par votre discours, elles ne risquent pas de recevoir une carte de vœux de votre part à la fin de l'année, n'est-ce pas ?

Une fois de plus, mes paroles s'étaient échappées trop librement. Critiquer les aînées était strictement interdit. Hilda était la seule avec qui je partageais une telle franchise ; elle et moi avions développé une compréhension mutuelle. Cependant, Duncan était un Einherjar, et continuer à être aussi directe risquait de m'attirer des ennuis.

- Duncan, oubliez ce que j'ai dit, s'il vous plaît...

- Ne vous inquiétez pas, je ne vais certainement pas faire la tournée des aînées pour tout répéter, promis ! répondit-il avec un sourire en coin.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant