Repas

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Vexée, elle baissa la tête. Elle se faisait l'impression d'être une enfant grondée par son parent, ce qui n'était pas du tout agréable. Le ton de sa voix n'admettait aucune réplique.

Elle se demanda ce qui la retenait de se lever et de lui dire qu'elle en avait assez, qu'elle arrêtait de jouer, sauf que tout ce qu'elle vivait n'était pas un jeu, loin de là, mais une réalité différente de tout ce qu'elle avait connue. Elle se faisait morigéner comme une gamine et il la punissait à la moindre bêtise. Etait elle obligée de supporter tout ça. Etait elle obligée de rester dans cette maison. Elle visionna dans sa petite tête le moment où elle lui dirait qu'elle voulait partir. Pour lui ce serait sans doute simple, il n'éprouvait pour elle que l'émotion que l'on éprouve pour un bel objet qui vous appartient mais que l'on peut remplacer dès que l'envie de le garder est passée. C'est dire le peu de cas qu'il devait faire d'elle. Donc elle était remplaçable. Il en trouverait certainement et très probablement une autre qui prendrait sa place sur ce coussin et qui mangerait dans ces gamelles qui ne représentaient certainement pas grand chose pour lui. Mais pour elle que se passerait il après avoir connu tout ça.

 Il l'observait. Elle était en train de penser à quelque chose et vu la contraction de son corps, ses yeux perdu dans le vide et son relâchement, pour lui elle se posait encore  la question de savoir si elle devait obéir ou l'envoyer bouler. Le menton sur les mains, il l'étudiait. Elle était passionnante, un livre ouvert où l'on pouvait lire ses émotions sur son visage. Elle fronça des sourcils, il aurait aimer savoir ce qui se passait encore dans sa jolie tête.

Reprendre sa vie d'avant, oublier tout ce qu'elle avait vécue, oublier le regard qu'il jetait sur elle quand il était pour  la réprimander, noir, dur. Oublier le son de sa voix, chaude, grave, juste ce qu'il fallait pour faire palpiter son sexe, tordre ses entrailles dès qu'il lui adressait la parole. Elle était sûre de regretter tous ces instants jouissifs, étranges sortis d'un monde qu'elle ne connaissait pas quelques mois auparavant. Ces moments qui immanquablement avec le temps s'estomperaient pour n'être plus que des souvenirs qui s'effaceraient au fil des années. Elle se secoua pour effacer ce ressenti de tristesse  qui avait commencé à la submerger rien qu'à penser qu'une autre un jour, serait là à sa place si jamais elle décidait de tout arrêter. Une autre qui aurait droit à ses mots, ses regards, ses ordres.

"Ça y es tu as tout remis en ordre dans ta petite tête".

Sa voix la ramena au présent et elle le regarda.

"Pardon Monsieur".

Il leva un sourcil, surprit de l'entendre s'excuser alors qu'il s'attendait à la voir  bougonner.

Elle se redressa d'elle même, se repositionna sans qu'il ne soit obligé de la sermonner. A quoi  avait elle pu penser.

Se saisissant des gamelles il les déposa sous son nez.

"Mange"

Et cette manie de la faire manger dans des gamelles. Elle ne pouvait pas manger assise à une table comme tout le monde. Mais le fumet qui se dégageait des récipients étaient trop alléchant pour qu'elle continue de faire la fine bouche. Elle avait faim. Elle se pencha en avant consciente de dévoiler une partie de son anatomie, attrapa un morceau de viande qu'il avait coupé très fin. Elle reconnut la texture, de la viande de boeuf très tendre trempant dans une sauce au vin accompagnée de pommes de terre. Quand avait il eu le temps de cuisiner tout ça.

Elle n'avait pas le droit de se servir de ses mains, hé bien, si après tout cela l'excitait de la voir le museau coloré au vin rouge, elle n'allait pas se gêner pour y aller franco. Elle avait faim, il ne lui donnait pas de couverts, elle devait bien se débrouiller. Elle y alla de sa langue comme une bonne petite chienne, enfonçant sa bouche dans l'écuelle pour attraper la nourriture.

Le ScarifieurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant