Dominic

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Photo empruntée à Monsieur  Charon Le Delaforge "Fouets Charon"

DOMINIC

Il est tard....Dans le silence de la nuit un grondement puissant se fait entendre. Au loin, deux phares percent les ténèbres qui recouvrent le paysage, le bolide auxquels ils appartiennent avale les kilomètres sans difficulté  et le ruban sombre de la route défile sous les yeux fatigués du conducteur.

La faible lueur de la lune a du mal à éclairer la campagne fantomatique et l'absence totale de bruit après l'effervescence de cette  journée bien chargée commence à lui peser..

A la recherche d'un semblant de présence qui l'aiderait à rester éveillé, il allume la radio qui lui crache en pleine figure "The End " de Linking Park, ce n'est pas du tout son genre de musique mais cela a au moins l'avantage de lui procurer le sursaut d'énergie qui lui manquait et bizarrement la mélodie s'accorde bien avec son état d'âme... nostalgique avec un soupçon de sauvagerie, il accélère pressé de se retrouver chez lui.

Toutes ces heures passées à discuter autour de cette transaction ont été plus que fatigantes mais se sont finalement soldées par une victoire bien méritée et l'air frais qu'il laisse pénétrer à l'intérieur de l'habitacle le sort définitivement de sa torpeur, il a hâte de se mettre à l'aise et de se reposer.

Le bras replié sur la fenêtre ouverte, il laisse le courant d'air généré par la vitesse glisser sur son visage. Les kilomètres restant sont engloutis en un rien de temps et l'ombre de son refuge se profile au loin sur la toile obscur du paysage...Il arrive enfin devant ce qu'il considère comme son havre de paix, son abri, où il peut décompresser en toute tranquillité et oublier la vie trépidante qu'est la sienne. L'immense portail en fer forgé s'ouvre devant lui comme par magie, actionné par la commande qui se trouve sur son volant et il franchit la frontière virtuelle qui le sépare du monde réel. Un dernier coup d'oeil au rétroviseur, il regarde les lourds battants se refermer sur ce monde agité. Remontant  tranquillement l'allée qui le conduit vers ce qui lui tient lieu d'habitation... un grand hangar rénové au fil des années...il exerce une nouvelle pression et un passage s'ouvre dans  le mur de belles pierres sombres....La voiture s'engage doucement dans ce qui semble être un garage vu de l'extérieur mais qui en fait une fois à l'intérieur se révèle être une gigantesque pièce à vivre où se côtoient une énorme moto, un immense canapé en cuir vieilli et un bar.

Il coupe le moteur, reste quelques secondes à regarder droit devant lui le regard vide. Il a vraiment besoin de repos. Il se secoue, ses yeux se portent sur son amie de toujours, exceptionnellement fidèle, terriblement aguichante, incroyablement sexy dans sa magnifique robe noire métallique, sa Boss Hoss qui le fait grimper au septième ciel à chaque fois qu'il la monte, l'avoir entre ses cuisses lui procure un plaisir incroyable. Reprenant ses esprits, il étire son cou, délie ses épaules, sort du véhicule. Le bip de fermeture le fait sursauter et un sourire se dessine sur ses lèvres.

"Merde, j'ai vraiment besoin de repos".

La pièce principale de sa demeure est vraiment grandiose, tout à son image...Il en a dressé les plans lui même, dessiné les moindres coins et recoins, peaufiné les plus petits détails pour que tout soit exactement comme il en avait rêvé, aucune touche féminine dans ces lieux, une atmosphère des plus masculine, des plus épurée,  pas de télévision, pas de consoles de jeux quelconques mais des étagères ondulant sur les murs de pierres blanches, recouvertes de livres, séparées les unes des autres par de grandes baies vitrées donnant sur un espace verdoyant laissé dans un abandon étudié.

Il apprécie ce confort austère, Il n'aime pas l'encombrement d'objets inutiles....D'un geste il desserre sa cravate. Pourquoi n'y a t il pas pensé plus tôt, peut être l'habitude de porter ce costume toujours collé à son image de businessman qui reflète cette personnalité d'homme d'affaire craint, ce simple geste fait redescendre la pression qui l'habite depuis un moment  et d'un coup il se sent plus léger, à l'abri du monde extérieur il redevient lui même.

Le petit bout de tissu tombe à ses pieds aussitôt rejoint par la veste qui s'étale au sol, il remonte les manches de sa chemise, déboutonne son col, enlève chaussures et chaussettes et marche pied nu jusqu'à son bar, appréciant le contact du bois froid sur sa peau.

Le grand meuble qui trône au milieu de la pièce est surmonté d'une énorme hélice d'avion suspendue au plafond par des chaines très épaisses....tout est surdimensionné chez lui, il aime ce sentiment d'espace infini.....Un psychologue diagnostiquerait un manque d'attention étant enfant, un manque d'affection, un manque d'espace où l'amour maternelle était absent, ou encore une enfance traumatisante mais pas du tout, son enfance comme son adolescence ont été des périodes délicieuses au sein d'une famille aimante, il aime tout simplement avoir de la place pour circuler.

Sous cette hélice qu'il a trouvée lors d'un de ses voyages d'affaires se trouve son bar, tout en bois brut savamment travaillé qui lui "tend les bras" et après une journée comme celle qui vient de s'achever, il se dit qu'il ne se refusera pas un bon verre de son vieux Scotch Glenfiddich malgré l'heure tardive....Il est dit pour la petite histoire  que ce Scotch est le plus vieux du monde, vrai, faux, il s'en moque, le plus vieux que l'on puisse trouver à ce jour fort possible mais pour aujourd'hui à ce moment ce qui lui importe c'est d'avoir une boisson à la hauteur de la journée qui vient de s'écouler  et qui fut des plus harassantes, ce n'est ni son prix ni son âge qui l'ont séduit à l'achat mais sa robe qui vous enveloppait de son ambre profond, de sa saveur sur la langue qui vous laissait en bouche une légère touche fumée qui coulait le long de votre gorge comme le nectar d'une jolie femme se laissant aller à son extase ....le ravissement était toujours au rendez vous à chaque gorgée.

Son fantasme ?

En laisser couler une gorgée entre les lèvres gonflées de plaisir de celle qui sera à ses pieds et s'abreuver à ce calice excité de ses caresses mais pour le moment il dégustera sa boisson  confortablement installé devant la baie ouverte.

Ces dernières heures ont été épuisantes mais c'est terminé, il peut passer à autre chose et prendre quelques jours de vacances...il pense à ce projet qu'il compte mettre en route le plus tôt possible.

Il joue à faire tourner le liquide ambré dans son verre et lui qui n'aime pas remonter dans le passé se remémore les événements qui l'ont conduit à devenir l'homme qu'il est aujourd'hui.





Le ScarifieurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant