Perle 3

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Le lendemain encore légèrement fatiguée de sa ballade de la veille, elle se lève tôt pour se rendre  à la petite boulangerie de la ville où elle travaille quelques heures le matin, puis retourne chez Madame Lepic pour se préparer à une nouvelle visite de sa découverte. Cette fois ci elle a bien l'intention de passer le plus de temps possible dans la vieille demeure, elle sort donc son grand sac de toile dans lequel elle range deux torches, deux grandes bouteilles d'eau, de quoi se restaurer si jamais elle a une petite faim, son carnet pour noter ses petites trouvailles, son appareil photo.... elle n'aime pas prendre de photos avec son portable....et son téléphone après avoir vérifier que celui ci était bien chargé, estimant qu'elle est fin prête pour sa petite excursion, elle sort par la porte de devant saluant au passage la petite dame qui se repose dans son salon.

"A plus tard Madame Lepic, ne m'attendez pas pour diner, je risque de rester dehors un bon moment".

"Fait attention Perle, tu t'aventures toujours là où il ne faut pas".

"Promis Madame Lepic, je vais faire des photos, à ce soir".

"A ce soir ma chérie".

Elle adore sa logeuse qui la considère comme sa petite fille et elle se félicite encore d'avoir eue le nez fin quand elle a répondu à l'annonce qui proposait une chambre avec commodités pour une personne seule, elle n'aurait pas pu mieux tomber.

Excitée par le but de sa promenade, elle enfourche son vélo et part en direction de la vieille demeure.

Une fois arrivée sur les lieux, elle cache son deux roues, pas besoin de signaler sa présence à des casses pieds et revient vers l'entrée qu'elle force à nouveau en poussant un grand coup la porte.

Perle est aventureuse, quand elle a décidée de faire ou de comprendre quelque chose, elle se donne à fond et sa curiosité n'a pas de limites, cette propriété abandonnée à mis tous ses sens en alerte et pour elle cela va être une partie de plaisir de tout découvrir. Elle est consciente que tout ce tas de vieilles pierres peut se révéler dangereux et elle est très attentive, faisant attention à tout. Elle repère un petit coin où elle pose ses affaires derrière un petit tas de pierres amoncelées dans une partie plus sombre de la grande salle, puis elle décide de dégager une des grandes fenêtres afin d'avoir plus de clarté, elle s'aperçoit qu'en fait les volets un peu mangés par le temps s'ouvrent beaucoup plus facilement qu'elle pensait, un soupir de soulagement s'échappe de sa poitrine, la luminosité perce la pénombre et éclaire tout l'espace autour d'elle. Elle se retourne les mains sur les hanches et contemple satisfaite son futur terrain d'exploration, c'est immense, tout en longueur, en largeur autant qu'en hauteur, la pièce est belle malgré sa vétusté et elle lui fait penser un peu à une salle de réception pouvant accueillir un grand nombre de personne. Elle se promène parmi les gravats en filmant tout ce décor, en photographiant certains angles et en prenant des notes, le milieu de l'après midi arrive vite et elle décide de ressortir dans ce qui devait être le jardin  pour manger un morceau et boire un peu...

La campagne environnante est calme, endormie par la chaleur, assise sur un petit muret de pierres, elle sort son carnet et dessine un peu le paysage, le tracé est fin et l'ébauche prend forme rapidement, elle en fait plusieurs du paysage et de la maison, avale la dernière bouchée quand elle entend le bruit d'un moteur, elle tend l'oreille, ce n'est pas une voiture qui apparait plus loin sur le chemin mais une moto, prestement elle descend de son perchoir et se cache derrière, l'engin  se dirige droit vers l'endroit où elle se trouve, elle se renfonce un peu plus dans sa cachette et l'observe.

"Mais qu'est ce que tu viens faire ici, putain, tu peux pas aller faire du boucan  ailleurs".

Il vient de remettre tout ses plans en questions avec sa présence, elle ne va plus pouvoir agir comme elle avait prévue, cet intrus qui vient de casser la tranquillité de son petit paradis la dérange  vraiment et elle le maudit mentalement, elle sent déjà que son après midi est foutu.

La moto arrêtée, il regarde autour de lui, semble évaluer les lieux, puis enlève son casque.

Malgré son mécontentement Perle doit admettre qu'elle a un beau spécimen mâle devant elle, ce n'est pas ce qui l'empêche de maugréer à voix basse, sa mauvaise humeur prenant  le dessus.

"Fout le camps merde, qu'est ce que tu viens me casser les pieds il y a assez de place plus loin".

Elle marmonne, mais il est toujours là et de plus, il se rapproche dangereusement de là où elle se planque, elle se baisse le plus possible en faisant attention de ne pas faire de bruit, elle a tout autant que lui le droit d'être là mais ne veut pas signaler sa présence

Le portable à l'oreille, il attend que son interlocuteur décroche et vient s'asseoir sur le petit muret où sans qu'il le sache une petite personne à quelques mètres de lui écoute ce qu'il dit.

"J'ai trouvé, c'est calme, tranquille, loin de tout, je pense que l'on ne sera pas dérangé, si l'intérieur ne se prête pas à ce que je veux faire, il y a pas mal d'arbres et je pourrais la pendre à une branche, donc cela se fera demain en tout début d'après midi, ok à demain donc".

Elle a froid, très froid tout d'un coup, qu'est ce qu'elle vient d'entendre, qu'est ce que c'est que cet individu et qui veut il pendre, de quoi parlait il ?

Elle a hâte qu'il s'en aille, et d'un coup  hâte de rentrer, elle voudrait ne jamais avoir entendue cette conversation, elle est mal à l'aise.

Après un dernier coup d'oeil aux alentours le beau mec à la moto remonte sur son bolide et s'en va sans savoir qu'il laisse derrière lui une jeune femme à l'esprit troublé.

Elle court récupérer son sac, l'esprit plein de question, pour le coup l'endroit ne lui parait plus aussi sympathique qu'à l'arrivée, elle essaie de se calmer, regarde ce lieu que quelques instants plus tôt elle trouvait magique mais le charme n'opère plus, la magie s'en est allée, elle le trouverait presque menaçant maintenant.

Que va t il se passer demain, elle a hâte de se retrouver  dans ce qu'elle considère comme sa deuxième maison, dans le salon chaleureux  de Madame Lepic qui va être contente, elle ne va pas rentrer tard et va pouvoir diner avec elle.

Dans la campagne qui s'étire sur cette belle et mystérieuse fin d'après midi, une petite silhouette file à vive allure comme si elle avait le diable à ses trousses.

Arrivée à la jolie petite maison, elle file directement à sa chambre, prend sa douche, laisse l'eau fraiche  couler sur son corps pendant un bon moment, détend ses muscles endoloris par l'effort qu'elle a fait pour rentrer plus vite et repense à ce qui vient de se passer et qui l'a chassé de son endroit préféré, elle réussit à se détendre et fini par rire de sa peur se dit qu'elle a peut être exagérée sa frayeur.

"Ma pauvre fille, si tu te laisse effrayer par tout ce que tu entends tu n'a pas finit de trembler".

Elle se sèche énergiquement en frissonnant, c'est le mot "pendre" qui la perturbe, qui l'inquiète. Qu'a t il voulut dire en parlant de" la pendre", va t il tuer une femme, un animal, elle le saura demain si elle ose retourner à la propriété.

Doit elle aller au petit commissariat et leur rapporter la conversation. Sûr qu'ils se moqueront d'elle, lui diront qu'elle a mal compris tout ça pour ne pas être obligés de sortir sous cette chaleur. Elle décide donc de tout garder  pour elle et d'aller vérifier sur place le lendemain.

  Mais va t elle oser y retourner ?  

 Elle connait déjà la réponse.




Le ScarifieurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant