11) River

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Je dévore un gâteau, assis dans l'un des canapés en cuir du salon de pâtisseries où travaille Roy, c'est son salon de thés et j'ai de la chance que ça soit mon meilleur ami parce qu'il m'offre toujours une belle gourmandise dégoulinant de crème et de fruits rouges mais je n'en laisserai pas une miette.

Aujourd'hui, il ne travaille pas mais il devait passer voir Agathe, l'adjointe de la boutique. C'est elle qui devient responsable lorsque Roy s'absente, et il a finalement accepté de me suivre pour partir à Newquay. Il est en train de boire son café noir alors que je croque dans la délicieuse tarte aux framboises qu'il m'a servie.

— Rappelle-moi exactement qui sera présent ?

— Mon frère et ses amis.

— Mais encore ? Riv-er ?

La façon dont il prononce mon prénom me donne des frissons, je sais qu'il va me crier dessus mais je veux qu'il soit là. Je prends une inspiration et je dis calmement.

— Tu sais, Robert...

— Forcément ! Tu m'as dit que c'était la maison de ses parents, et optionnellement c'est le petit ami de ton frère, par déduction je sais qu'ils seront là ! Qui d'autre ?

— Il y aura Maria, Leah, tu te souviens d'elles ?

Ses yeux s'arrondissent lorsque je cite le prénom de Leah. Au lycée, il avait un énorme béguin sur elle, mais il n'a jamais réussi à l'accoster, à l'époque il était bien trop timide. Il se demandait ce qu'une fille de terminale aurait eu envie de faire avec un « gamin » de quatre ans de moins. Pourtant, je sais très bien ce qu'il aura pu se passer si, comme moi, il avait osé.

— Tu veux dire la belle rousse au caractère bien trempé mais à la gentillesse exemplaire. Celle qui était super populaire au lycée, cette Leah-là ?

— Celle-là même, elle était à l'anniversaire de Robert l'autre soir. Tu sais ils n'ont jamais perdu contact, ils sont restés le même groupe d'amis. Depuis que je vis chez eux, je les ai revus quelques fois.

— Le même groupe d'amis ? Tu veux dire que ces couillons de Pete Pierce et James Porter seront aussi présents ?

Le volume de sa voix augmente et je jette des coups d'œil alentour pour ne pas attirer les regards indiscrets, je me penche par-dessus la table en acquiesçant.

— Tu te fous de moi ? s'énerve-t-il.

— Roy, je t'en prie ce n'est pas la mer à boire.

— Merde, tu te rends compte de ce que tu dis ? J'avais à peine mis les pieds au lycée que ces connards s'en sont pris à moi. Je ne leur avais rien fait, mais il faut bien un souffre-douleur à chaque bourreau !

— Honnêtement, tu pourrais leur mettre une belle raclée à toi tout seul désormais, dis-je pour le rassurer.

— J'aimerais bien voir ça !

— Justement, ne me laisse pas en plan, viens avec moi à Newquay.

Il semble réfléchir à mes mots. Je sais que je lui en demande beaucoup, mais quoi de plus beau pour une victime que de montrer à ses malfaiteurs qu'elle a réussi ?

Si moi j'avais changé depuis le lycée, Roy s'était transformé. A l'époque il était maigrelet, il se cachait derrière ses longs cheveux plats jusqu'aux épaules, il était discret. Aujourd'hui, c'est un grand gaillard musclé, il prend soin de lui. Il a une barbe dense et entretenue, des tatouages un peu partout, les filles lui tombent dans les bras. Il s'est bien rattrapé.

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant