La soirée a continué comme si de rien était, plus personne n'a parlé du jeu, et nous avons fini la nuit à réfléchir à ce que nous ferions le lendemain. Par la suite, j'ai passé une nuit compliquée. Je me suis enfermé dans la chambre en prétextant être fatigué. Il n'en était rien, j'étais tellement en colère que j'ai failli appeler Miles pour qu'il vienne me chercher ! Quand Roy m'a rejoint, je ne dormais toujours pas, il m'a pris dans ses bras et ça m'a fait du bien, j'ai écouté son récit sur son rapprochement avec la belle rouquine et je me suis endormi.
J'ai une tête affreuse, j'ai refusé d'aller avec eux au parc aquatique, je ne suis d'ailleurs pas sorti de la chambre depuis que nous sommes réveillés. Il pleut depuis ce matin, mais ils avaient tous envie d'aller se baigner alors ils sont partis.
J'en profite alors pour me morfondre dans mon lit en jetant de temps à autres des regards par la fenêtre sur laquelle j'observe les gouttes de pluie s'écraser. On frappe à ma porte, et je suis surpris parce que je pensais être seul à la maison.
— Oui ?
La porte s'ouvre lentement pour laisser apparaître ce stupide James dans ma ligne de mire. Il fait un pas timide mais mes yeux lui lancent des missiles.
— Je t'ai dit de ne plus t'approcher de moi je te signale.
— River, je suis sincèrement désolé pour hier soir, est-ce que je peux entrer pour qu'on puisse parler ?
— Tu veux dire pour que tu puisses me servir encore un plateau de belles paroles que je vais gober sagement jusqu'à la prochaine fois où le peu de confiance que je t'aurais raccordé tu le brises en une seconde ?
— Tu recommençais à me faire confiance ?
Il semble surpris face à ma confidence, je lève les yeux au ciel en m'asseyant correctement sur mon lit, me forçant à nouveau à abandonner Victoria dans les rues bondées d'Edinburg à la recherche de son futur amant. J'écorne le livre et le pose sur la table de chevet à ma droite. Je croise les bras et le fixe.
— Bon vas-y, je t'écoute. Mais c'est la dernière fois que je te donne le droit à la parole.
Il vient s'assoir tout près de moi sur le rebord du lit que je partage avec Roy. Il pose doucement une main sur ma jambe et il plonge son regard dans le mien. Je sais à ce moment qu'il faut que je fasse attention à mon cœur parce qu'il peut chanceler à tout instant.
— Tout d'abord, je veux que tu saches qu'il y a quatre ans lorsque je t'ai quitté c'était pour ne pas te blesser.
— Félicitations, c'était totalement raté, dis-je avec un ton amer.
— Je suis désolé River. Ma mère venait de nous abandonner et mon père n'allait vraiment pas bien. Et moi non plus, je n'allais pas bien. Je t'aimais bien plus que tout mais je ne voulais pas t'emporter avec moi dans ma chute.
— Quand on aime quelqu'un on le retient, on se confie, on s'appuie sur lui, on s'aide pour se relever ensemble.
Mes bras se décroisent et il attrape une de mes mains dans les siennes. Je vois la peine sur son visage mais j'essaie de ne pas m'y attarder, je n'ai pas envie de lui pardonner aussi aisément.
— Non tu vois, quand on aime quelqu'un, on sait quand on doit le laisser partir pour ne pas le faire souffrir. Un jour, alors que je rentrais de chez toi, j'ai retrouvé mon père qui avait tenté de mettre fin à sa vie, il avait vidé une boite de cachets qu'il avait ingurgité avec de l'alcool. J'ai immédiatement appelé les urgences, il a pu être vite pris en charge mais si j'étais arrivé trop tard alors... Non seulement j'aurais perdu ma mère, mais j'aurais pu perdre mon père. J'ai pris la décision que je devais m'occuper de lui, je ne pouvais pas l'abandonner.
Il retire ses lunettes pour essuyer ses larmes, je ne connaissais pas cette histoire.
— Sam ne me l'a jamais dit.
— Personne ne le savait. Je n'avais pas vraiment envie de dire aux autres que ma mère ne voulait plus de moi, et que mon père, l'espace d'un instant, a fait comme s'il était seul. J'étais terriblement seul, et pourtant tu étais là River. Tu m'as aimé avec tous mes défauts, tu as été patient et merveilleux mais j'avais à mon tour des pensées noires. Je refusais de t'infliger ça. Tu étais si beau, si innocent, je voulais te protéger.
Je mords l'intérieure de ma joue, je me sens ému par son discours, mais je ne dis rien. Les mots me manquent. Sa voix tremble un peu, il souffle pour essayer de se contrôler avant de me regarder à nouveau.
— On a été voir un psychologue ensemble avec mon père et nos liens se sont soudés comme jamais auparavant. Ça m'a beaucoup aidé à ne pas sombrer. Tu me manquais à chaque instant, mais j'avais besoin de guérir en priorité. Jamais aucun autre homme ne m'a attiré comme tu le fais.
— Tu t'es pourtant laissé entrainer par d'autres femmes, je les ai vu sur tes réseaux.
— J'ai eu plus d'aventures avant toi, qu'après toi. Parce qu'après toi, plus rien n'avait la même saveur.
— Alors pourquoi tu n'es pas revenu plus tôt ? Pourquoi tu n'es jamais venu me chercher ?
Les larmes que je retenais s'écoulent d'elles même sans que je ne puisse les retenir. Je baisse la tête en reniflant. Stupide James ! Pourquoi tu me fais ressentir tellement d'émotions.
— J'étais lâche. Je n'avais pas le courage de revenir face à toi et de voir que tu étais bien mieux sans moi.
— Mais peut-être que je le suis, alors pourquoi maintenant ?
Il tend sa main vers moi, la pose sur ma joue en essuyant mes larmes de son pouce. Il s'humidifie les lèvres.
— Parce que je ne veux plus jamais te laisser partir. Quand je t'ai revu à l'anniversaire de Rob', c'était comme si ma vie reprenait un sens. J'ai besoin de te voir constamment, ta présence a manqué à mon cœur.
Sa main glisse jusqu'à mon oreille puis derrière ma nuque, il m'attire à lui et colle son front contre le mien. Je ferme les yeux, laissant s'écouler les dernières larmes qui doivent être évacuées.
— Je suis désolé pour hier soir. J'ai été con.
— C'est peu dire.
— Même si les mots que j'ai dits étaient réellement ce qui se passait, je t'ai toujours fait l'amour et ça a toujours été bien plus qu'une simple histoire de cul avec toi, River.
Mon prénom est murmuré et l'espace d'un instant j'ai l'impression de retourner dans notre bulle secrète, celle dans laquelle seulement nous existions. Nos yeux se fixent et le temps se suspend. Je l'attrape par le col de son t-shirt et je pose mes lèvres sur les siennes. Instinctivement mes yeux se referment, il garde une main derrière ma nuque et passe l'autre dans mon dos pour me serrer contre lui. Ses lèvres sont douces et chaudes et me plongent dans des souvenirs telle la madeleine de Proust. Sa barbe me chatouille. Il demande l'accès à ma bouche et je lui accorde immédiatement. Lorsque nos langues s'enroulent ensemble, un gémissement de bien être m'échappe. On dit que le corps, les muscles, ont une mémoire, je peux certifier qu'ils se souviennent parfaitement de James. Des millions de frissons me parcourent, je me recule quelques instants, je retire mon t-shirt puis le sien dans des mouvements brusques. Nos bouches se collent à nouveau et je l'entraine avec moi sur le lit. Son corps sur le mien, son bassin entre mes jambes. Il ondule contre moi, il est en appuie sur son coude et sa main libre caresse mes flancs. Mes mains se baladent sur ses nouveaux muscles que je découvre avec envie. Il quitte mes lèvres pour descendre ses baisers le long de ma mâchoire puis de mon cou. Il mordille mon lobe et je ne peux m'empêcher de me cambrer en gémissant. Il rit dans mon oreille et je le repousse pour le fixer dans les yeux.
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Stupide James ! [MM]
RomanceA Londres, depuis quelques temps, James a pris l'habitude de faire faux bond à sa bande d'amis, préférant se faire absorber dans le tourbillon du "métro, boulot, dodo". Il finit par accepter de les rejoindre lors d'une soirée, seulement James ne s'...