47) James

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Je suis heureux de le voir retrouver ses parents. Je sais qu'il en a souffert même si nous n'avons pas élaboré sur ce sujet. Je sais ce que ça fait de perdre un parent.

Ma mère est toujours là quelque part, mais elle ne fait plus partie de nos vies avec mon père. Elle se force à m'envoyer des messages de temps à autre mais un fossé s'est creusé, et je lui en veux toujours d'avoir brisé mon père comme elle l'a fait. Elle reste ma mère, et bien sûr si elle a besoin de moi, je serai là. Mais je ne saurai pas me confier à elle comme je le fais avec mon père.

River se retourne vers moi en agitant sa main pour me faire signe de les rejoindre. Il s'essuie ses larmes et quand j'arrive à sa hauteur il me sourit. Je le sens gêné et je comprends ce qu'il veut faire.

— Papa, maman. Vous vous souvenez de James ?

— James Porter, le meilleur talonneur que l'équipe de rugby que le lycée ait connu après moi, sourit son père.

— Et surtout le meilleur ami de Sam, toujours à venir à la maison, rajoute sa mère le sourire aux lèvres.

Je sais qu'ils me connaissent, même si ça fait plusieurs années que je ne les ai pas recroisés. Je connais tout de même Sam depuis que je suis jeune. Je leur serre la main qu'ils me tendent pour me saluer. River se colle à moi et passe son bras derrière mon dos, je souris en entourant ses épaules de mon bras.

— Nous sortons ensemble, annonce-t-il fièrement.

Ses parents se figent un instant comme s'il leur avait coupé le souffle. Son père me donne un petit coup amical dans l'épaule avant de sourire.

— Je suis ravi de savoir que tu rejoins officiellement la famille. Je sais que River est enfin entre de bonnes mains avec un bon gars comme toi.

— C'est une énorme pression que vous me mettez là, dis-je.

— Je sais que tous les parents rêvent de dire ça à leur enfant, j'ai enfin la chance de pouvoir le dire.

— Hey ! Je dois le prendre comment ? s'étonne River.

— Chéri, laisse-les !

Sa mère attrape le bras de son père en souriant. Nous échangeons encore quelques mots avant qu'ils nous proposent de venir manger chez eux un soir dans la semaine en nous informant qu'ils inviteront aussi Sam et Robert. River leur fait une dernière accolade et sa mère embrasse plus longuement sa joue et nous nous séparons.

— J'ai intérêt à ne pas vous décevoir sinon ton père va me casser la figure, dis-je en marchant avec River toujours sous mon bras.

— Elle est déjà cassée je te rappelle.

Il relève sa tête pour me regarder et ne peut retenir son rire. Je rapproche sa tête de mon torse et je lui ébouriffe les cheveux encore plus qu'ils ne le sont déjà naturellement. Il se débat en râlant et en s'agitant. Je le relâche et ses yeux sont froncés mais ses lèvres sourient.

— Stupide James !

— Evite de faire cette tête parce que je risque de te ramener d'urgence à l'appart' pour te.

Il ne me laisse pas finir ma phrase qu'il pose son doigt sur mes lèvres. Je viens mordiller le bout de son index, il rapproche son visage du mien.

— Emmène-moi à notre rendez-vous. Je veux voir ce que tu me réserves et plus tard quand nous rentrerons, jures-moi de me faire l'amour comme un dieu.

J'embrasse son nez avant de tourner le mien autour du sien.

— Je vais essayer de faire du mieux que je peux.

Je lui prends la main et entrelace nos doigts ensemble, sa douceur dans ma paume. Je l'entraine alors jusqu'au vieux cinéma où nous avions été la première fois. Je constate avec joie qu'il y a toujours un photomaton, même s'il n'est plus le même que celui que nous avions fait.

— James ? C'est pas ici que nous avons...

— Fait notre premier rendez-vous ? Si. Je voulais t'emmener voir un film pour manger du popcorn en te tenant la main, être nerveux à l'idée de t'embrasser devant un public dans l'obscurité. Profiter de ta présence et t'admirer plus que l'écran parce que tes mimiques sont les plus belles que je n'ai jamais vues. Et ensuite, je voulais qu'on refasse une série de photo pour accrocher sur notre frigo parce que je t'aime vraiment pour l'éternité et je ne veux plus que tu penses que je te mens.

Je peux voir l'émotion dans ses yeux, il se met face à moi. Une étincelle brille, ou alors se sont les larmes qui commencent à monter dans ses yeux qui le rendent tristement éclatant. Il se rapproche, attrape mon col pour que je baisse davantage mon visage vers le sien. Cette fois-ci, il pose ses lèvres sur les miennes et il vient frapper à la porte de ma bouche pour que sa langue puisse retrouver sa copine. Je le laisse venir se glisser à l'intérieur avec de l'embrasser avec toute la tendresse qu'il me donne. Son corps se colle au mien, ses mains glissent derrière ma nuque et alors qu'il met fin au baiser il me garde tout prêt de lui pour chuchoter.

— Je t'aime.

Je reste à l'admirer, mon cœur palpite, comme si j'avais attendu une éternité avant que ces mots qui sortent de sa bouche deviennent ses mots, ses sentiments, et ravive mon être tout entier. Je le serre dans mes bras, je ne peux m'empêcher de le serrer si fort que je le soulève et le fait tourner. Il crie un peu, mais c'est surtout son éclat de rire qui s'imprègne en moi et me rend le plus heureux de tous les hommes.

*

Assis sur une chaise haute dans ma cuisine, mes yeux se perdent dans le vide avant de se poser sur mon réfrigérateur. Ils se fixent alors sur les clichés que nous avons pris dans le photomaton du cinéma. Cette fois-ci, les photos étaient proposées avec seulement trois poses possibles, mais elles restent belles. River est assis sur moi, de ce fait il est légèrement plus haut que moi. On fait une grimace à l'objectif, je tire sur mes oreilles et River tire la langue. Sur la deuxième, il écrase ses lèvres sur ma joue et mon sourire est énorme. Sur celle du bas, la dernière, on s'embrasse. On ne peut voir que nos profils, River a posé ses mains sur mes épaules, quelques mèches de ses cheveux tombent sur mon visage. Nous avons les yeux fermés, son nez retroussés cache le mien, et c'est mieux ainsi. Son visage est parfait, il a un profil magnifique.

Je suis tellement absorbé dans ma contemplation que je ne l'entends pas arriver. Il monte sur le plan de travail à mes côtés. Il sort de la douche et il embarque avec lui une odeur de bergamote pour laquelle je pourrais mourir tant elle me rend fou. Enveloppé dans un peignoir, je peux voir une de ses cuisses à l'ouverture du pan. Mes doigts viennent automatiquement se glisser sur cette peau douce comme du velours. De mon autre main, je m'accoude sur le plan de travail et pose mon menton dans ma main, avant de relever le regard vers ce bleu azur envoutant. Mes doigts remontent le long de sa cuisse pour aller se glisser sous le peignoir.

— Qu'est-ce que tu attends pour me faire ce que tu as dit que tu ferais quand nous étions au cinéma ? sourit-il.

Je souris également et je me penche alors sur sa cuisse sur laquelle je frotte ma joue barbue avant de planter mes dents doucement. Ses doigts viennent s'emmêler dans mes cheveux pour masser mon cuir chevelu, m'envoyant des frissons dans le corps.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant