33) River

201 16 0
                                    


J'entends le souffle de Sean devenir lourd et régulier. Je l'observe un instant, il commence à s'endormir, attiré par un profond sommeil après un orgasme satisfaisant.

J'attrape mes vêtements sales et je m'essuie succinctement avant d'en prendre des propres pour me changer après la douche. Je sors rapidement de la chambre pour aller à la salle de bain. Sur mon chemin, heureusement, je ne croise personne, je me sens déjà suffisamment honteux pour en remettre une couche. Je me lave rapidement en essayant de nettoyer au mieux la semence de Sean encore en moi et qui s'est écoulée entre mes fesses et mes cuisses. Lorsque je sors, je me sèche rapidement et enfile un t-shirt ainsi qu'un boxer, j'essuie la buée sur le miroir et me regarde dans le reflet. Le choc est violent, celui en face de moi a des regrets pleins les yeux et du dégout au bord des lèvres. J'ai une énorme trace violette dans le cou, elle est inratable et ça me met hors de moi ! Il est clair que Sean a voulu montrer une fois encore que j'étais à lui et à personne d'autre. Mon cœur se serre et les larmes me montent vite aux yeux. Je me répugne !

Je m'accroupis au sol et je laisse mon chagrin faire surface, il a besoin de sortir et je ne peux pas le retenir. Je suis recroquevillé sur moi-même, mes bras enlacent mes jambes et mon front se pose sur mes genoux. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, mais de légers coups frappent à la porte.

— River ? chuchote Roy de l'autre côté de la porte en bois.

Je renifle sans aucune élégance, essuie mes larmes d'un revers de main et je me relève. J'ouvre la porte sur le regard compatissant de mon meilleur ami qui vient m'attraper pour une accolade dont j'ai franchement besoin.

J'aurais voulu arrêter le temps, au moment où nous étions à la crique et où j'ai demandé à James de me kidnapper, si seulement cela avait été possible, je n'aurais plus jamais remis les pieds à Londres ni refait face à mes erreurs. Stupide moi !

— Je peux savoir pourquoi tu pleures comme une diva à minuit passé ?

Je ne peux retenir un rire nerveux avant de relever la tête vers lui. On s'assoit dans le canapé du salon de l'étage où dort Roy pour la nuit, et je lui raconte ce qu'il vient de se passer et comment je me sens.

— River, tu n'appartiens à personne ! Sean n'a jamais été bon pour toi, tu le sais. Je ne sais pas si James est celui qu'il te faut mais tu n'as besoin de personne pour t'en sortir. Regarde ce que tu es devenu ces six derniers mois. Tu étais seul, tu t'en sortais bien. Je sais que tu as mis des sous de côtés et je sais que tu es devenu un homme fort et indépendant. Tu n'as besoin de personne. Sauf de moi, il faut bien quelqu'un pour te botter le cul et te remettre dans le droit chemin. Débarrasse-toi vite de Sean, il est temps que le papillon s'éloigne des flammes, envole-toi !

Je lui souris faiblement. Ce qu'il y a de bien avec Roy, c'est qu'il a raison. Il a toujours été la voix de la sagesse. Parfois, je me dis que si j'avais été une fille j'aurais vraiment pu craquer pour lui. Il est calme, posé, il prend du recul sur les choses, il est mature et il s'en sort très bien dans la vie. Je commence à me dire qu'il est resté avec moi depuis tout ce temps parce qu'à l'époque j'étais la seule personne qui voulait de sa compagnie. Mais aujourd'hui, il pourrait se débarrasser aussi d'un fardeau comme moi.

Il attrape mon menton et me fait le fixer dans les yeux.

— Hey, je ne sais quelle noirceur est en train de s'inviter dans ton cerveau, mais arrête ça tout de suite. Je suis là. T'es mon meilleur ami et si tu veux qu'on aille se cacher alors je pars avec toi immédiatement, même si cela signifie que je laisse Leah derrière... Je la mets sur mon dos et on fait un trio ?

— Et j'ai vraiment de la chance, tu mérites une médaille, souris-je.

— Ah ben c'est maintenant que tu t'en rends compte ! Attends, je mérite carrément une coupe ! Je la veux en or blanc s'il te plait, me taquine-t-il.

*

Je plie maladroitement mes affaires pour faire ma valise. Je retarde au maximum ma descente dans la cuisine. Je peux entendre le mouvement et les rires qui se font en bas. Je n'ai pas envie de partir, j'aurais voulu prolonger ces vacances. Mais la réalité m'a rattrapé plus vite que je ne l'avais prévu. Je pensais que j'avais le temps et que je pouvais profiter de cette déconnexion. Je comprends mieux pourquoi Miles m'a appelé il y a deux jours pour me demander si nous étions toujours à Newquay. J'aurais dû m'en douter. Je trouvais ça beaucoup trop suspect.

J'ai décidé de repartir à Londres aujourd'hui avec Miles et Sean. J'ai des choses à régler et le plus tôt, le mieux.

Je descends d'un pas las à la cuisine, quand les autres me voient un silence s'installe, mais il est très vite intercepté par Maria qui essaie de changer de sujet. Je sais très bien que tout le monde voit mon énorme suçon dans mon cou et que même si je ne dis rien, ils savent pertinemment ce qu'il s'est passé hier soir, mes cheveux ne le cachent pas. Je me sers alors une tasse de café et Sean vient se coller à moi dans mon dos en me chuchotant à l'oreille.

— Tes affaires sont prêtes ? On ne va pas tarder à rentrer, et j'ai hâte parce que tes petits copains sont vraiment d'un ennui mortel.

Je fais oui de la tête, il claque mes fesses avant de s'éloigner et je le vois partir à l'étage. J'ose alors me risquer à chercher James du regard, mais lorsque je le fais mon cœur se serre. Je sais que je l'ai blessé, que je le blesse.

Dans d'autres circonstances, j'aurais aimé me venger, bien que je ne l'aurais pas fait de cette façon, mais aujourd'hui je déteste ça. Stupide James ! Arrête de me regarder tristement, s'il te plait déteste moi au moins je cesserai d'avoir mal.

Au début des vacances, je refusais qu'il vienne me parler parce que j'étais bien trop têtu pour admettre qu'il me manquait terriblement. Aujourd'hui, je rêve de pouvoir lui expliquer tant de choses. Oui, j'ai couché avec Sean, mais ça ne signifiait rien, à part accélérer ma descente en enfer.

Il met fin à notre échange visuel et il se lève pour me rejoindre dans la cuisine et poser sa tasse dans l'évier. Il inspire profondément avant de me faire face.

— T'as réussi à prendre ta revanche je pense. C'était ça le but ? Me faire croire que nous deux était à nouveau possible, me faire tomber amoureux de toi pour me jeter ?

Son regard est rempli de peine, mais alors qu'il me chuchote ces mots, la haine fait son apparition. L'expression dans ses yeux est dure et je comprends parfaitement que je lui ai fait du mal. Ce qui me blesse le plus, c'est de le blesser, mais pour l'instant c'est mieux ainsi.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant