46) River

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James m'attrape par les mains pour me relever avant de m'embrasser à nouveau avec fougue, il mordille mes lèvres en défaisant mon pantalon à son tour. Il me plaque à plat ventre sur son bureau et l'excitation qui parcourt mes veines me rend euphorique.

Je me redresse un peu pour pouvoir l'observer par-dessus mon épaule et je me mords la lèvre. Il est en train de dérouler le préservatif sur sa verge tendue, il a toujours sa chemise et de le voir ainsi sans ses lunettes, le regard envieux et sérieux, j'ai l'impression d'être à sa merci. Il se penche en avant sur moi, sa main passe sur mon menton, il tourne mon visage et vient chuchoter à mon oreille. Sa barbe et son souffle me chatouillent l'oreille et m'envoient des frissons le long de la colonne vertébrale.

— Si tu as mal, dis-le-moi et j'arrête.

Je fais oui de la tête mais je suis incapable de répondre avec ma voix, j'ai peur de gémir trop fort alors que son sexe butte contre mon entrée. Il embrasse mon cou avant de prendre mon lobe entre ses dents. Il me pénètre lentement et avec douceur. Je ferme mes yeux, ma bouche s'ouvre mais je retiens comme je peux les sons qu'elle aimerait crier. Mes chairs se resserrent contre James. Il me tient à la gorge d'une main et il pose sa main libre sur ma hanche. Il ondule du bassin faisant quelques allers et retours. Sa respiration dans mon oreille me met en transe.

— Accroche-toi, chuchote-t-il.

Il accélère le rythme et je manque de m'étaler à plat sur son bureau. Je me cambre pour mieux l'accueillir en moi et l'angle est parfait pour venir titiller mon point sensible. Mon érection est totalement écrasée sous mon corps, je n'arrive plus à retenir mes gémissements, ils s'échappent d'eux-mêmes.

James remonte sa main de ma gorge à ma bouche pour les étouffer. Chaque fibre de mon corps est en proie au plaisir qui s'apprête à exploser. Je me redresse comme je peux pour ne pas me salir et j'éjacule en tremblant sur son bureau. Il m'enlace dans ses bras et me maintient contre lui. Nous sommes essoufflés mais conquis. Il se retire lentement de moi, retire le préservatif qu'il noue, il le pose sur le coin de son bureau et s'empresse de remonter son boxer et son pantalon. Je fais de même en essayant de me recoiffer un peu. J'attrape des mouchoirs dans un distributeur posé un peu plus loin et essuie le tout sur son bureau avant d'enfermer le plastique usagé dedans. Je forme une énorme boule de papier que j'écrase avant de mettre dans mon jean. James me regarde faire en riant, il m'attrape par le poignet et me ramène à lui.

— Je peux savoir ce que tu comptes en faire ?

— Je pensais les emmener à une banque de sperme pas très loin. Stupide James ! Je ne vais pas jeter ça dans ta poubelle, et si la femme de ménage venait tout rapporter à tes supérieurs.

— Tu penses vraiment qu'elle va fouiller mes poubelles ?

— Je ne prends pas le risque.

Il passe une main dans ma nuque et m'embrasse tendrement.

— Tu devrais venir me rendre visite plus souvent.

— Pour que tu puisses me baiser sur ton bureau ? dis-je d'un air taquin.

— Pour que je puisse savoir à quel point tu as envie de moi.

— J'ai envie de toi depuis mes douze ans.

Mon aveu semble le surprendre. Pourtant c'est vrai, depuis les premières minutes où nous avons échangés des mots dans le salon chez mes parents, depuis qu'il a vu que j'existais et pas seulement que j'étais le petit frère de Sam. Je le veux.

Ses yeux absinthes me couvent de tendresse et son sourire est rayonnant, il attrape mon visage en coupe pour frotter son nez cassé contre le mien.

— Je t'aime.

Ces mots sont toujours difficiles à entendre pour moi, même s'ils me réchauffent de l'intérieur. La dernière fois qu'il me les a dits il me quittait cinq jours plus tard. Je n'arrive pas à lui dire, parce que j'ai peur qu'il me laisse à nouveau.

Il embrasse mon front et ne semble pas soucieux que je ne lui réponde pas. Il attrape ma main et entrelace nos doigts.

— Je t'emmène diner ou tu veux m'accompagner à la salle de sport.

— La quoi ? Je ne connais pas, la première proposition à l'air dix fois plus intéressante.

Son rire me fait autant vibrer que sa présence. Il prend sa veste et son téléphone puis nous sortons de son bureau. Nous passons à nouveau devant la blonde vulgaire de l'accueil. J'essaie de lui lâcher la main, mais il la tient fermement pour ne pas que je m'échappe.

*

Nous sortons du diner dans lequel nous avons mangé un fish and chips, il m'a dit qu'il voulait m'emmener dans un autre endroit mais je ne sais pas ce qu'il me réserve. Nous ne reprenons pas sa voiture nous marchons un peu pour digérer. C'est bizarre de marcher main dans la main sans se poser de questions avec mon amour de jeunesse.

Une silhouette que je reconnais au loin me met mal à l'aise, je me sens très mal, mon cœur se serre et je me mords la lèvre pour retenir la tristesse qui subitement s'accapare de mon être. James le sens parce qu'il lâche ma main pour se rapprocher de moi, il pose son bras sur mes épaules.

— Tout va bien River ?

— Ma mère est là-bas... Ça fait presque un an que je ne l'avais pas revu.

— On n'est pas obligés de passer par là si tu ne le souhaites pas. Si tu veux rentrer on peut même faire ça.

— Attends-moi ici.

Il caresse ma joue et embrasse mes lèvres. Ses gestes d'affection qu'il me donne m'emplissent de joie et me redonnent du courage. Je m'éloigne de lui et me dirige alors vers ma mère, c'était sans compter sur la silhouette de mon père qui est venu se rajouter au tableau. Je ne baisse pas les bras pour autant, j'inspire un grand coup et je m'approche d'eux.

J'ai toujours été celui qui ressemble le plus à ma mère. Nous avons les mêmes yeux, la même gestuelle et le même sourire. J'ai aussi hérité de ses cheveux bruns indomptables. Sam est celui qui ressemble à mon père, une carrure plus sportive, et désormais un ventre bedonnant légèrement. Pourtant, au niveau caractère je suis plus introverti comme mon père. Il a toujours été réservé, jusqu'à ce qu'il rencontre ma mère à la fac et depuis ils ne se sont plus jamais lâchés. Ma mère est plus extravagante et fofolle, c'est elle qui a été le draguer.

Je me place devant eux, mon cœur bat à cent à l'heure. Ils m'observent des pieds à la tête et ils semblent surpris. Je n'ai rien besoin de dire, ma mère se jette dans mes bras en pleurant et mon père vient nous enlacer tous les deux. Je ferme les yeux en appréciant le moment. Comme si je redevenais leur petit River, celui qu'ils ont tant voulu protéger mais qu'ils n'ont pas réussi à sauver. Les larmes me montent aussi, ma mère prend mon visage en coupe, elle me regarde avec douceur.

— Pardonne-nous River, nous étions démunis... Tu nous as tellement manqué.

Je ne leur en veux pas, je ne peux pas leur en vouloir d'avoir subi les erreurs que j'ai choisi de commettre.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant