44) River

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Stupide James ! Toujours à vouloir m'embêter. Mais je ne peux pas le nier, j'adore ça. Comme on dit « qui aime bien, châtie bien ». J'essaie de me reprendre mais je me sens vraiment mal de ne pas avoir obtenu le poste. Je lève les yeux sur lui.

— Tu n'es pas supposé être au travail ?

— J'ai pris ma journée, je suis en weekend plus tôt comme ça, et je peux passer du temps avec toi.

— Tu as pris ta journée hier parce que tu savais que tu me ramènerais chez toi et que je me laisserais séduire par l'incroyable James Porter ?

— Alors pas tout à fait dans ces mots là, mais l'idée est là, sourit-il avec malice.

Qu'est-ce qu'il est beau quand il porte ce sourire. Ce n'est pas juste un sourire chaleureux ou rassurant, c'est tout son visage qui s'illumine. Il replace ses lunettes sur son nez du bout de son doigt, puis il m'attrape par la main pour me ramener à la cuisine afin que nous puissions prendre notre petit déjeuner.

*

Je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris d'avoir accepté qu'il m'accompagne à mon studio. Ce n'est pas comme si j'avais des meubles à déplacer ou une quantité monstrueuse d'affaires à prendre.

L'ascenseur nous monte jusqu'au dernier étage mais nous devons prendre les escaliers pour arriver à mon logement. C'est en réalité une ancienne chambre de bonne qui se situe sous les toits d'un vieil immeuble. J'insère la clef et ouvre la porte dont la peinture est totalement défrichée. Elle s'écarte dans un grincement aigu, je me tourne pour voir James qui semble surpris de l'endroit dans lequel je l'emmène. Nous rentrons dans la pièce qui est minuscule mais qui parait un peu plus grande que ce qu'elle n'est, du fait qu'elle soit mansardée. Là où le toit se penche un matelas double est installé sur des palettes de bois, un carton où mes livres sont encore rangés sert de table de chevet. Au bout du lit, se trouve une kitchenette composée de deux petites plaques de cuisson, un évier et un mini frigo. Au-dessus des plaques, il y a une étagère avec la vaisselle pour une personne, une poêle et une casserole. En face de la chambre/cuisine se dresse une vieille porte, qui ne ferme pas complètement, où la salle de bain ridicule se cache. Je dois avoir quinze mètres carrés de surface habitable mais je paie ce logement une fortune. Je n'ai pas de fenêtre directe sur l'extérieur, seulement un velux sur la partie mansardée au-dessus de la petite partie de la cuisine. La pièce n'est pas si miteuse que ça mais elle mérite un bon coup de peinture et un réaménagement au niveau de la salle de bain, exactement les travaux que comptent réaliser le propriétaire.

— C'est ici que tu te cachais pendant tout ce temps ?

James s'avance et il s'assoit sur le rebord du lit, il inspecte les lieux, enfin la pièce. Il attrape ma main et me rapproche de lui.

— Je n'ai pas vraiment eu le choix, c'est le seul logement décent que je pouvais me payer. Je n'avais pas envie de trop puiser dans mes économies. J'ai déjà eu du mal à mettre de l'argent de côté.

— Pourquoi tu n'es pas resté chez Sam et Rob' ? Je suis sûr qu'ils n'auraient rien dit.

— Je voulais un endroit où il n'y ait que moi, pour ne pas être perturbé par les autres.

— Et tu as une idée d'où tu vas aller ?

Ses yeux verts se collent à moi et je m'assois à ses côtés avant de poser ma tête sur son épaule.

— J'ai des visites à faire cet après-midi, si ça ne t'ennuie pas de garder mes affaires chez toi le temps que je trouve un autre appartement.

— Et si tu ne trouves rien aujourd'hui ?

Il attrape ma main dans les siennes, il entrelace nos doigts ensemble avant de caresser le dos de la mienne avec son pouce.

— J'irai sûrement à l'hôtel même si c'est plus cher.

— River, pourquoi tu ne viens pas chez moi ?

Je relève la tête pour être sûr d'avoir bien entendu.

— Tu as pitié de moi ?

— Quoi ? Mais non ! Tu veux bien arrêter de dire des bêtises.

— Si j'avais pu je serais resté ici, il y a un côté cosy que j'aime beaucoup, et je ne suis pas embêté par les voisins. Je crois que c'est une vieille dame qui vit juste en dessous, par moment j'entends un peu sa télé mais ce n'est pas dérangeant, ça me montre juste qu'il y a un peu de vie par ici.

— C'est vrai que j'aurais pu venir faire des soirées pyjama.

James se laisse tomber en arrière en prenant soin de ne pas se cogner la tête contre le plafond incliné, il place ses mains derrière sa tête et tourne sa tête vers moi en souriant.

— Le lit n'est pas si mal.

A mon tour je me laisse tomber en arrière et je pose ma tête sur son bras, je me tourne pour lui faire face. Son visage se tourne et nous louchons pour nous regarder. Je sens des milliers de fourmillements dans mon ventre. C'est incroyable cette sensation, il n'y a qu'avec lui que je l'ai ressentie, que je la ressens. Je me sens bien comme si j'étais enfin entier et que mon cœur se gonflait à chaque seconde passée en sa compagnie. J'ai follement envie de l'embrasser, mais je n'ai pas le loisir de réaliser cette quête puisque mon téléphone vibre dans ma poche avant que la mélodie stridente vienne résonner. Je me dépêche de l'attraper, je ne reconnais pas le numéro mais je me décide tout de même à répondre.

— River Black à l'appareil, je vous écoute, dis-je nerveusement.

Je me redresse dans le lit et me cogne le haut de la tête, James se marre et j'ouvre en grand mes yeux en retenant une plainte, je frotte ma tête et j'écoute la voix masculine qui me parle.

— Monsieur Black, je suis Adrian Jameson, je travaille à la British Library. Ma collègue des ressources humaines m'a fait parvenir votre curriculum vitae. Je sais que vous aviez postulé pour un poste de libraire mais l'équipe est pour le moment complète. En attendant, je peux vous proposer un poste d'assistant pour les visites scolaires à temps plein. Pourrions-nous nous voir pour en parler de vive voix ?

Mon cœur bat à vive allure, après presque trois semaines sans réponse, je commence enfin à avoir des opportunités. J'accepte la proposition et nous convenons d'un entretien pour le lundi qui suit. J'ai le weekend pour me préparer et mettre toutes les chances de mon côté. Je raccroche et je souris avant de me rallonger sur le lit, pratiquement sur James. Mon flanc sur le sien, je me penche et je l'embrasse.

— Que me vaut cet élan de tendresse ?

Il m'enlace dans ses bras et une de ses mains se glisse sous mon t-shirt pour venir caresser ma hanche.

— Je viens de décrocher un entretien, j'espère que cette fois-ci je pourrais revenir avec le job.

— Du moment que tu me reviens.

Il nous fait rouler pour reprendre le dessus sur moi, je passe ma main dans sa nuque et il continue d'explorer la peau de mes côtes avec sa main baladeuse.

— Je te reviendrai toujours.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant