30) River

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James descend de mon bassin mais il s'agenouille à mes côtés. Je m'assois aussi sur ma serviette, j'attrape mon jean et je cherche nerveusement mon paquet de cigarette dans ma poche.

— River, je suis désolé, je ne voulais vraiment pas te faire de mal.

— De quoi tu parles ?

Je prends une première bouffée, je plie mes genoux et enlace mes jambes en fixant l'horizon.

— De tout, de notre rupture, de mon départ, de mon absence pendant ces quatre dernières années.

Je tourne alors mon regard sur lui. Il est vraiment beau, sa mine déconfite, son torse nu et doré qui a été épousé par les rayons du soleil. Son short de bain met en avant son bas en V et ses cuisses fuselées, sous son nombril cette ligne de poils qui se perd dans son maillot. Je me mords la lèvre.

— Je n'ai plus envie d'en parler. Ça fait quatre ans que je n'ai plus envie d'en parler.

— Alors tu me pardonnes ?

— Je n'ai pas dit ça.

— Alors tu me détestes toujours ?

— T'es vraiment stupide James.

Un silence s'installe entre nous. En fait, je ne sais pas vraiment comment je dois me comporter. Il y a encore des choses que je n'ai pas avouées et je n'ai pas envie d'en parler.

— Je veux juste profiter du moment. Je voudrais arrêter le temps et juste apprécier pleinement le fait d'être en vacances ici, avec mon frère et ses amis. Avec toi.

Son sourire sur son visage s'étend au ralenti, il se rapproche et vient s'assoir derrière moi. Il colle son bassin contre mes fesses, son torse contre mon dos. Ses bras m'enlacent et son nez vient se frotter derrière mon oreille. Il pose alors son menton sur mon épaule et attrape mon poignet pour lui apporter ma cigarette à sa bouche. Il tire dessus puis souffle l'air toxique avant de me câliner à nouveau.

— Est-ce que c'est mieux comme ça ? me demande-t-il.

Je bafoue légèrement et je me laisse aller contre son corps musclé.

— Oui, je crois que c'est mieux.

— Il faut que je fasse quoi pour rendre ce moment encore meilleur ?

Il m'embrasse sous le lobe avant de le mordiller. Mon corps est parcouru de frissons intenses et je couine. Il continue, son souffle chaud dans mon oreille me fait vibrer, j'ai l'impression que je pourrais avoir un orgasme juste avec ce contact, il a toujours su où me toucher pour que ce soit bon, et mes préférences n'ont jamais changé. Mon souffle s'accélère et je lui chuchote d'arrêter.

— Tu es sûr ?

Il me taquine, je le sais. Je me retourne pour lui faire face, son sourire est radieux, presque aveuglant.

— Kidnappe-moi, ne me laisse pas retourner à Londres. Restons ici pour toujours, dis-je avec une certaine mélancolie.

Il embrasse mes lèvres en me serrant contre lui. Je me laisse aller dans l'étreinte, je pose mes mains à plats sur son torse. Il pousse sa langue dans ma bouche et je l'accueille avec envie. Mes mains glissent jusqu'à sa nuque, je n'ai plus jamais envie de sortir de cette embrassade, je ne veux plus jamais quitter la chaleur de cette étreinte, je veux rester dans ses bras, avec lui. Mais je sais que la réalité va bientôt nous rattraper et que cet instant est un des rares qu'il faut chérir parce que nous ne savons pas quand il pourra se renouveler. Ses mains au creux de mes reins me font me cambrer contre lui. Il rompt le baiser, frotte son nez contre le mien et chuchote.

— Si je te kidnappe on risque de ne plus sortir de la chambre, dit-il avec son sourire en coin.

Je le pousse en riant avant de lui taper l'épaule. Stupide James ! Il a toujours été un pervers, mais j'ai toujours adoré ça. Il ne m'a jamais forcé, au contraire il a toujours été patient avec moi, il m'a attendu pendant deux ans parce que j'avais peur de l'acte. Il m'a appris la douceur des baisers, la saveur des caresses. On s'est découverts bien plus de fois qu'il n'en fallait avant de partager un moment charnel. Jamais il n'a été insistant, il se contentait de ce que j'étais prêt à lui donner à l'époque.

Je ne dirais pas que notre première fois était merveilleuse parce que j'ai eu mal, mais il a su prendre soin de moi pour me donner envie de recommencer encore et encore. Nous avons pu nous explorer quelques fois encore. Malheureusement pour moi, il m'a quitté peu de temps après que je lui ai accordé mon âme. Je pensais que j'avais la sienne, mais il m'en a privé. C'est bizarre de se retrouver aujourd'hui et de me rendre compte qu'il me désire toujours autant. Pourtant s'il savait, est-ce qu'il me voudrait encore ?

Je me relève et le regarde en lui tendant ma main.

— Je vais me baigner, tu viens ?

— Vas-y avant, je te rejoins.

— Aller viens, je t'attends, dis-je.

— River, si tu restes là, tu ne vas pas m'aider à redescendre, sourit-il.

— Tu bandes ?

— Tu le ferais aussi, si je mordillais encore ton oreille.

Je sens mes joues rougir, il a raison. Mon point sensible qu'il n'a pas oublié. Je m'éloigne alors et vais jusqu'au bord de l'eau où les autres profitent de cette éclaircie. Ces vacances sont vraiment merveilleuses et j'aimerais qu'elles ne s'arrêtent jamais.

*

On marche lentement jusqu'à la maison, James m'attire contre lui pour poser son bras sur mes épaules. Je passe mon bras autour de sa taille. Nous faisons le trajet en silence, juste en profitant l'un de l'autre. Enfin en silence, Leah et Sam sont en train de se chamailler pour savoir ce qu'on va manger ce soir.

Le soleil se couche doucement, mais au loin on peut voir que l'orage va venir frapper à nouveau d'ici peu. Ce petit séjour touche bientôt à sa fin et je suis triste, je voudrais rester encore un peu. Ces huit jours se sont écoulés rapidement, j'ai du mal à réaliser. Je suis content d'avoir pu profiter de ces vacances pour me rapprocher de James. Je lève un regard vers lui et il baisse le sien sur moi. Stupide James ! Je ne sais pas te dire non. Mon estomac se tord agréablement quand je le regarde, mon cœur bat la chamade quand il me touche. Je tombe éperdument amoureux de lui à nouveau mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose.

Il se penche sur moi et embrasse ma tempe.

— J'appréhendais ses vacances, mais bon sang, qu'est-ce que je suis content que tu sois venu, me dit-il en souriant. Et dire qu'au début je t'en voulais de ramener ton petit ami Roy avec toi !

— Je voulais te rendre jaloux, tu avais bien mérité ça. J'étais en colère, c'était une vengeance.

— Je suis désolé encore tu sais. Je passerai ma vie à me faire pardonner. Et bien sûr que j'étais jaloux, t'as vu Roy ? Comment veux-tu que je puisse rivaliser avec sa carrure et sa prestance?

Je lui pince la hanche, mais je n'ai pas le temps de lui répondre, nous venons d'arriver devant la maison. J'ai tout juste le temps d'entrevoir le regard inquiet de Roy avant que quelqu'un ne se jette sur moi. Embarqué dans une terrible tornade, je suis enlacé dans des bras puissants et on me fait tourner dans les airs. Lorsqu'on me repose au sol et mes yeux se plongent dans ceux de Sean, juste avant qu'il ne plaque ses lèvres contre lesmiennes.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant