19) River

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Je suis content des évènements de ce matin, les garçons se sont excusés auprès de Roy et j'ai bien vu que ça lui avait fait du bien, il a moins de rancœur envers eux, il va pouvoir apprécier ses vacances comme il le mérite.

Cet après-midi à la plage, je sens bien qu'il est heureux de pouvoir se rapprocher de Leah, son crush de jeunesse. Le pauvre, je l'ai embarqué dans mon tourbillon sans l'avertir de la tempête dans laquelle il s'embarquait.

Allongé avec les filles sur le sable, pendant que les garçons sont tous dans l'eau, elles me questionnent sur notre relation.

— Il ne s'est vraiment rien passé entre vous deux ? demande Maria.

— Jamais. Roy est mon meilleur ami et nous n'avons jamais eu de relation ambiguë, il aime les filles et on se connait depuis suffisamment longtemps pour que je le considère comme mon frère. Ne le dites pas à Sam, il serait capable de me faire une crise de jalousie, ris-je.

— Je dois avouer que quand il est arrivé sur sa moto hier qu'il a enlevé son casque, je suis restée bouche bée. Puis après tu lui as couru dans les bras et j'étais en train de me dire « zut ! c'est vraiment les plus sexy qui sont gays ».

Le rire aigue de Leah embarque le rire communicatif de Maria et nous sommes tous en train de nous tordre avant que Maria ne reprenne son souffle.

— Alors, en dehors du baiser que vous avez partagé il n'y a rien ?

— Absolument rien, pour dire, j'étais même surpris qu'il joue aussi bien le jeu, parce qu'il aime trop les filles mais vu qu'il ne connaissait personne, je suppose qu'il s'est pris au jeu, mens-je.

Bien évidemment que je ne dis pas la vérité, je ne pouvais pas leur dire que je voulais faire semblant d'être en couple avec Roy tout simplement pour emmerder James. Je ne sais même pas si j'ai réussi mon coup, mais je suis content d'avoir pu le tenter.

*

J'aime cette ambiance que dégage les vacances, comme si la vie se déroulait au ralenti, je me délecte de chaque seconde et je me sens doucement apprécier le rythme lent qu'on s'octroie. Ça fait un bien fou de se déconnecter de ses habitudes, si je le pouvais je crois que je resterais ici toute ma vie. Je n'ai jamais vraiment été quelqu'un qui apprécie particulièrement la vie en bord de mer, mais il faut avouer que c'est agréable.

Allongé sur le canapé dans le salon à l'étage, j'avais envie de calme, les autres sont en train de regarder la télé en bas et j'ai préféré venir piquer un livre dans la bibliothèque. Une de mes activités favorites et qui ne m'a jamais quitté, c'est la lecture. J'adore me plonger des heures dans un livre, la lecture est un milieu fabuleux, c'est la porte ouverte à toutes les fantaisies et à une imagination infinie. Il n'y a rien de tel pour m'énerver que lorsqu'on vient m'interrompre alors que je suis immergé dans un monde extraordinaire. Sean n'aime pas que je lise, il trouve que c'est une perte de temps et surtout que c'est bien plus sympa de regarder les adaptations cinématographiques. Quelles horreurs ! Ces adaptations ont toujours le don de me mettre hors de moi parce qu'il y a bien trop souvent des passages qu'on adore dans les bouquins qui sont coupé au montage. Je me pliais à ce qu'il me disait, je voulais lui plaire, j'avais besoin d'être quelqu'un, besoin de me sentir aimé à nouveau. Je ne voulais plus souffrir, j'avais l'espoir de pouvoir être heureux dans une relation amoureuse.

— T'aimes toujours autant bouquiner à ce que je vois.

Je reconnais bien trop facilement la voix qui vient me scinder ma lecture. J'abaisse doucement mon livre pour regarder James, par-dessus mes pages ouvertes, qui vient de me rejoindre. Il porte un short confortable kaki qui met en valeur ses cuisses musclées et un t-shirt noir. Ces couleurs lui vont bien, j'aimerais pouvoir m'approcher pour me réconforter dans ses bras. Stupide James ! Il fallait vraiment que tu viennes perturber ma tranquillité.

— Il n'y a que les meilleures choses qui ne changent pas, dis-je.

— Tu insinues que je suis mauvais d'avoir changé ?

— Je n'insinue rien, tu prends bien mes mots comme tu le veux.

Il vient s'assoir sur le rebord du canapé au niveau de mes hanches, son haut de corps est tourné vers moi et je me sens surplombé alors qu'il n'est pas au-dessus de mon corps mais bien à côté. Il se penche en avant, pose ses coudes sur ses genoux.

— River.

— Arrête, s'il te plait.

Je n'ai pas le cœur à prendre une conversation sérieuse, j'étais tranquillement plongé dans mon livre et j'aurais aimé continuer à m'évader ainsi. Victoria venait d'arriver à Édimbourg à la recherche d'une nouvelle vie et j'avais envie de savoir ce qui allait lui arriver.

Il pose sa main chaude sur mon bras, et les frissons intenses que son toucher me procure remontent jusque dans ma nuque pour faire se dresser mes cheveux sur mon crâne. Les battements de mon cœur s'accélèrent sans que je ne puisse les contrôler, je le fixe. Qu'est-ce que tu me veux James ? Il se cache derrière ses lunettes rondes, mais je vois ses iris d'absinthe me détailler, il n'y a pas de jugement, je peux percevoir de la douceur et je commence à stresser. Il a un instant d'arrêt en se rendant compte de ce qu'il vient de faire, comme si lui aussi se sentait électrisé par notre contact. Il réfléchit, je le vois hésiter, il cherche ses mots mais ceux-ci ne viennent jamais.

— Les gars ! Il y a un film sympa qui va bientôt commencer, vous ne voulez pas vous joindre à nous ? demande Sam à travers les escaliers.

Je me demande vraiment ce que Sam entend par un film sympa, mais je crois que je n'ai plus le choix si je veux réussir à m'échapper de cette embuscade.

— J'arrive ! m'écrié-je.

James retire subitement sa main et je sens lentement la chaleur de sa paume s'effacer de mon bras. Je me redresse, je suis dégoûté de ne pas pouvoir continuer mon livre. Stupide James ! Obligé de venir m'interrompre, et maintenant je dois me forcer à descendre pour regarder un film qui, je suis sûr, ne vaut même pas le détour ! Seulement, si je reste je suis sûr qu'il restera, et je préfère retarder notre confrontation. J'écorne le livre et le pose sur la petite table basse avant de me diriger au rez-de-chaussée. 


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant