17) River

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Je me réveille en entendant la chasse d'eau couler, je m'enroule dans la couette malgré la chaleur, je suis trop bien, je n'ai aucunement envie de me lever. Roy n'est plus dans le lit alors j'en profite pour me tourner et m'étendre comme une étoile. Les évènements de la veille reviennent défiler dans ma tête, je souris parce qu'ils me mettent de bonne humeur. James a failli m'embrasser. Stupide James ! Pourquoi faut-il toujours qu'il me fasse aimer ce que j'ai mis des années à détester ? J'attrape mon téléphone et je constate que j'ai un appel en absence de Miles. Je me redresse alors dans mon lit et m'empresse de le rappeler tout de suite. La tonalité a à peine le temps de sonner qu'il décroche.

— River, tu es bien arrivé ? Tu m'as dit que tu m'enverrais un message pour me dire si tu étais bien arrivé à ta location.

— Excuse-moi, on est vite allés à la mer et ensuite j'ai totalement oublié l'existence de mon téléphone.

— Je sais que c'est chiant pour toi de devoir toujours m'informer de tes faits et gestes mais je veux juste tenir la promesse que j'ai faite à Sean.

— Je le sais.

— Ne me fais pas venir chercher ton cul jusqu'à là-bas !

Dans le fond, Miles n'est pas méchant, il est juste le grand frère attentionné qui ne veut pas le décevoir. Il ne travaille pas dans un milieu très sain et Sean non plus mais ils n'ont pas eu la vie facile.

— Sean sera bientôt de retour parmi nous et il sera ravi de voir que tu es toujours sain et sauf.

— Ne t'en fait pas, je vais bien.

— Juste, ne me mens pas. Je veux te laisser profiter de tes vacances, alors on va changer la règle d'accord ? Tu n'as pas à me tenir informer de tout, si tu me promets de bien te tenir et de m'avertir dès que quelque chose cloche, ça marche ? Si tu as besoin que je vienne te chercher, même jusqu'à Newquay n'hésite pas à me le dire, si c'est toi qui me le demande je veux bien faire le déplacement.

— Tu peux me croire, je suis juste en vacances avec mon frère et ses amis, on a seulement fumé un peu hier soir, il ne s'est rien passé. Je profite juste de cette déconnexion.

Il me souhaite d'en profiter pleinement et de revenir en forme. Je le trouve bizarre, même s'il n'a jamais été réellement méchant et je n'ai jamais été impressionné par son pseudo air mafieux, mais il n'a jamais été attentionné.

Je continue de fixer mon téléphone alors que l'appel s'est fini il y a deux minutes. Roy revient dans la chambre. La lumière extérieure qui pénètre aisément à travers les volets, rajoutée à la lumière de l'ouverture de la porte, il tombe alors nez à nez avec moi et semble surpris de me voir assis en plein milieu du lit. Il sursaute un peu en mettant sa main sur son cœur.

— Putain mais qu'est-ce que tu fous assis dans le noir ? Je pensais que tu dormais encore !

— J'étais au téléphone avec Miles.

— Oh, et ça va ?

— Étrangement, oui. Il m'a dit de profiter du séjour. Je suppose qu'il va me faire travailler des heures supplémentaires au club, dis-je avec un sourire en coin.

— Merde, je n'aimerais pas voir ça !

Bien sûr que Roy sait tout. La seule chose qu'il ignore de ma vie et dont tout le monde ignore c'est mon ancienne relation avec James. D'ailleurs, je l'aperçois qui se réveille et sort de sa chambre, il jette un coup d'œil dans notre chambre et nous salue. Il porte ses lunettes rondes sur le nez mais il a encore les traits endormis, son nez patate parait encore plus arrondi qu'à son habitude et ses cheveux sont dans tous les sens. J'ai le droit de penser que je le trouve absolument sexy comme ça ? Stupide James ! Je me laisse tomber en arrière sur le lit. Roy vient s'assoir sur le rebord du lit, je l'observe et me roule sur le côté pour mieux le voir.

— Ça va toi ?

— Franchement ? On peut arrêter de faire semblant que tu sois mon mec ? me demande-t-il.

— On peut. En plus, je pense que tu as une touche avec Leah.

— On est d'accord ? Je n'ai pas rêvé ? Merde, je suis sûr que le Roy du collège serait fier de moi.

Je tends la jambe pour mettre mon pied sur ses côtes et il m'attrape la cheville avant de me la tordre sans me faire vraiment mal. Je rigole et le supplie d'arrêter, il se jette sur moi et attrape son coussin en me tapant dessus. Au bout de quelques coups et supplications, il s'arrête en me souriant.

— Aller, aujourd'hui est un autre jour ! J'ai une Lady à charmer !

Il me claque les fesses et je pousse un petit cri de douleur. Il m'a fait mal cet imbécile !

Nous descendons ensemble dans la cuisine, les autres sont déjà en train de prendre le petit déjeuner sur la grande table de la salle à manger. Leah nous accueille en nous demandant si nous voulons une tasse de café, ce à quoi nous répondons affirmativement en allant nous assoir l'un à côté de l'autre.

— Bien dormis les amoureux ? demande Pete.

Nous échangeons un regard, je sais qu'il en a marre de mes bêtises alors je le libère pour qu'il puisse aussi profiter de ces vacances, je lui dois bien ça.

— On ne sort pas ensemble, avoué-je.

— Ah non ? Mais alors et ce baiser hier quand tu es arrivé ? questionne Pete.

— C'est mon meilleur ami depuis le collège, ce n'était qu'une blague, dis-je.

— C'est vrai ? Je ne me souviens pas de toi, s'étonne Leah.

— Il faut dire qu'il a bien changé, informe Sam.

Je sens Roy devenir nerveux, il prend la tasse que la rousse lui tend et la pose devant lui.

— Je me souviens que River voulait toujours venir avec nous, mais quand il ne l'était pas il était avec un garçon encore plus discret que lui, dit Maria.

— Il se pourrait bien que ça soit moi, sourit Roy timidement en levant la main.

— Tu m'excuseras, je n'arrive vraiment pas à remettre ton visage, tu étais vraiment celui qui se cachait toujours derrière le petit frère de Sammy. Je me souviens juste que tu étais plus petit. Bon, certes, on grandit tous un jour mais là... Wow quelle évolution ! Tu es devenu un très grand et très bel homme, complimente la belle à dreads.

— Merci c'est gentil.

— River avait un ami ? Désolé mais comme l'a dit Maria, tu voulais toujours venir trainer avec nous, dit Pete.

— Hey ! Bien sûr que j'avais un ami !

Roy serre les poings, son regard se noircit alors que James descend enfin à son tour.

— Pourtant, c'est bizarre que vous ne vous souveniez pas de moi alors que vous passiez la majeure partie de votre temps à me martyriser, lance Roy.

L'ambiance s'alourdit et tous les regards jonglent entre nous. La tension devient palpable.

— Tu dois confondre, dit Pete.

C'est apparemment la phrase de trop, Roy se lève et il pose ses deux mains à plat sur la table pour se pencher en avant. Son ton est neutre mais ses mots sont percutants.

— C'est marrant la facilité qu'ont les agresseurs à oublier leurs victimes alors que celles-ci sont souvent traumatisées. Vous vous amusiez à me bousculer dans les couloirs, à faire tomber mes affaires, à me traiter de mocheté squelettique.

James semble mal à l'aise, comme si un souvenir l'avait percuté. Ses yeux croisent les miens avant de se poser sur mon meilleur ami.


*

Stupide James ! [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant